Après la vente d’une œuvre virtuelle à 68 millions de dollars, les NFT viennent de battre un nouveau record avec la vente du tout premier tweet au monde, pour 2,9 millions de dollars. Comment se passe la vente et l’achat de NFT ? Numerama vous explique.

Le tweet ci-dessous vaut 2,9 millions de dollars.

Jack Dorsey, le créateur de Twitter, avait mis en vente aux enchères le tout premier tweet publié sur la plateforme, le 5 mars 2021. À l’époque, les NFT, le système qui permet la vente d’objets virtuel, ne faisaient pas encore tant parler d’eux que ça. Mais moins d’un mois après et la vente d’une œuvre virtuelle 69 millions de dollars, les choses ont changé. Et des tweets se vendent désormais plusieurs millions de dollars.

Ce qui, au départ, paraissait comme une idée folle, s’est normalisé depuis quelques semaines. Des plateformes dédiées à la vente de NFT se sont créées, et un véritable marché de l’art virtuel existe. L’intérêt dans les non fungible tokens (jetons non fongibles) grandit, et quelques questions subsistent sur la vente et l’achat des NFT.

Everydays : the First 5 000 days, de Beeple // Source : Beeple

Comment mettre en vente un NFT ?

Avant toute chose, il faut un cryptowallet, un portefeuille virtuel qui permet d’utiliser des cryptomonnaies. L’intégralité des transactions passe, à un moment ou à un autre, par la blockchain : celle d’Ethereum, où l’immense majorité des NFT est produite, ou alors sur la blockchain de Flow, ou de Bitcoin Cash.

La mise en vente de NFT est facilitée par de nombreux sites qui s’occupent de la tokenisation. La tokenisation, c’est le fait d’enregistrer une copie du fichier que vous voulez vendre dans la blockchain, créant ainsi une pièce unique qui ne pourra pas être répliquée. C’est ce processus qui permet également de revendiquer la propriété d’un fichier. Une fois votre NFT enregistré dans la blockchain, c’est bon, vous en êtes désormais la seule, ou le seul et unique propriétaire. Il est intéressant de noter que le processus n’est pas toujours gratuit : sur certains sites, il vous faudra vous acquitter du gas price, c’est-à-dire du coût de la transaction sur la blockchain. Et comme l’essence, son prix varie : le 23 mars 2021, une transaction coûtait entre 7 et 8 dollars.

Les sites qui proposent de tokeniser des objets virtuels servent aussi de marché et de maisons de ventes aux enchères modernes. Vous pourrez ainsi mettre directement sur le marché vos NFT — ou bien les garder pour vous.

Qu’est-ce que vous pouvez mettre en vente?

Dans les faits, absolument tout peut être tokenisé. L’utilisation la plus évidente de cette technologie concerne les œuvres d’art ou les objets de collection, comme les cartes à jouer de joueurs de foot. Mais à partir du moment où c’est un objet virtuel, tout peut potentiellement être intégré à la blockchain. Des vidéos, des titres de propriété, des items dans un jeu vidéo, des documents… Absolument tout.

Le  processus de tokenisation permet en effet beaucoup de liberté, et peut-être trop. Comme Numerama l’avait déjà expliqué, certains sites ne demandent pas d’authentification lors de du processus de tokenisation. C’était notamment le cas pour le site Tokenized Tweets, qui permettait de faire un NFT de n’importe quel tweet, même s’il ne vous appartenait pas. Et c’est également le cas pour OpenSea et Rarible, deux des plus importantes plateformes de vente de NFT : comme l’explique The Verge, « vous n’avez pas besoin de vous identifier avant de d’enregistrer un objet sur la blockchain ».

Ce manque de rigueur peut avoir de graves conséquences : certains artistes se sont rendu compte que leur travail avait été tokenisé, sans leur consentement, jusqu’à être mis en vente, explique The Verge. Dans le meilleur des cas, les plateformes de mise en vente ont accepté de retirer les fichiers de la vente. Mais, dans d’autres, elles n’ont tout simplement jamais répondu. Ce problème d’appropriation du travail des autres prend de plus en plus en d’ampleur à mesure que les NFT gagnent en popularité, mais il permet également de mettre le doigt sur autre chose : une tokenisation est irréversible.

Si une œuvre d’art est transformée en NFT et mise en vente sans le consentement de son créateur, la vente peut être annulée, et les titres de propriété transférés. Mais un fichier ne peut pas être untokenisé.

Un extrait de la vidéo Crossroad, de Beeple // Source : Beeple

Un extrait de la vidéo Crossroad, de Beeple

Source : Beeple

Comment la vente se passe-t-elle ?

La vente d’un NFT est, somme toute, assez classique. La seule différence avec un achat sur Amazon, c’est que vous serez, dans la plupart des cas, obligé de payer avec une cryptomonnaie. En fonction du site sur lequel vous ferez votre achat, vous serez obligé de payer en Ethereum, mais d’autres plateforme acceptent les USDC, et même les payements « classiques » par carte bancaire. C’est notamment le cas de Markersplace.

Une différence notoire, cependant : en plus du prix du NFT, vous devrez également vous acquitter du gas price (« le prix de l’essence »), les frais de transaction. Si vous êtes en train d’acheter une œuvre à plusieurs millions, certes, cela ne changera pas grand-chose à l’addition. Mais si vous comptez acheter un NFT qui couterait sensiblement moins cher, les frais de transaction peuvent, au final, coûter plus cher que l’objet en lui-même.

Dans tous les cas, une fois votre achat effectué, votre NFT sera placé dans votre cryptowallet, où vous pourrez en faire ce que vous voulez. Si vous avez vendu une œuvre d’art, les payements seront transférés sur votre cryptowallet, également.

Et maintenant que vous avez vendu votre tweet ?

Maintenant que votre tweet ou que votre œuvre d’art a fait exploser le marché de l’art, que vous avez récupéré votre cryptofortune sur votre cryptowallet, il ne vous reste plus qu’à convertir tout ce cryptoargent en espèces sonnantes et trébuchantes. Pour cela, c’est assez simple : certains cryptowallets permettent de transformer vos Ethereum en euros, et de plus en plus de néo-banques offrent cette possibilité. Voilà, maintenant que vous avez tout ce vrai argent, vous pouvez désormais vous acheter un vrai yatch pour partir dans les Caraïbes.

Néanmoins, la question se pose toujours : pourquoi acheter un tweet, quelque chose d’intangible, de virtuel, plusieurs millions de dollars  ? Le nouveau propriétaire du tweet de Jack Dorsey a la réponse : « Ce n’est pas qu’un tweet ! Je pense que dans quelques années les gens se rendront compte de la véritable valeur de ce tweet, tout comme La Joconde ».

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