C’est un timing redoutable. Alors qu’une réunion de la dernière chance se prépare dans quelques jours pour sauver le SCAF, l’Italie a pris la parole par la voix de son ministre de la Défense pour ouvrir la porte du programme rival à l’Allemagne. De quoi concrétiser un peu plus un plan B pour Berlin, si le divorce industriel avec la France est bel et bien prononcé.

Est-ce que ce sera le coup de grâce qui achèvera pour de bon le Système de combat aérien du futur (SCAF) ? Alors que le programme militaire phare de la coopération franco-allemande prend l’eau de toutes parts, un autre pays vient mettre son grain de sel dans son dossier… et proposer une porte de sortie à Berlin. Il s’agit de l’Italie.

Dans la journée du 4 décembre, le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a publiquement évoqué l’intégration de l’Allemagne au sein d’un projet concurrent : le GCAP, ou Global Combat Air Program. Celui-ci vise aussi à faire voler un avion de combat de 6e génération à l’horizon 2035, en réunissant le Royaume-Uni, le Japon et l’Italie.

« L’Allemagne pourrait probablement rejoindre ce projet à l’avenir »

Guido Crosetto

« L’Allemagne pourrait probablement rejoindre ce projet à l’avenir », a glissé le ministre italien lors d’une audition parlementaire, dont les propos ont été rapportés par Reuters. Cette déclaration sonne comme une invitation tout ce qu’il y a de plus sérieux, alors que Paris et Berlin n’arrivent pas à s’aligner — et à aligner leurs industriels — sur ce projet.

L’appel du pied de l’Italie est surtout le résultat des chamailleries publiques entre Dassault Aviation côté français et Airbus côté allemand, mais aussi des bruits de couloir suggérant que l’un ou l’autre pourrait quitter le SCAF. Dassault a affirmé pouvoir se débrouiller seul, le cas échéant ; et de l’autre côté du Rhin, le GCAP est considéré comme une option de repli.

Un intérêt économique à rallier Berlin

Esquivant la question sensible de la répartition industrielle des tâches et du leadership, qui empoisonne le couple franco-allemand sur le SCAF, Guido Crosetto a surtout vu l’intérêt économique d’avoir Berlin dans la boucle. « Plus il y a de pays participants, plus la masse critique dans laquelle vous pouvez investir est importante […] et moins cela nous coûte cher. »

D’ailleurs, le ministre italien a laissé entendre que des manifestations d’intérêt viennent aussi de pays tels que l’Australie, le Canada et l’Arabie saoudite. La bascule, encore hypothétique, de l’Allemagne dans le GCAP laisserait alors la France seule avec l’Espagne… et éventuellement la Belgique, si Bruxelles ne renonce pas à candidater d’ici là.

avion gcap
La silhouette du GCAP. // Source : Montage Numerama

Le fait même que Rome se permette d’esquisser l’idée d’un ralliement de Berlin montre à quel point la relation franco-allemande sur le SCAF s’est engluée dans des querelles, au risque d’atteindre un point de non-retour. Et les petites phrases assassines de part et d’autre de la frontière ne cessent de cristalliser et de radicaliser les positions.

Tout va sans doute se jouer dans les prochains jours. En effet, les ministres de la Défense des pays membres du SCAF (Allemagne, France, Espagne), doivent se réunir le 11 décembre prochain, avec objectif officiel d’éviter la noyade au projet. Dans le cas contraire, ce sera l’éclatement de l’alliance, et la multiplication des « plans B ».

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