En fin de compte, la France finira peut-être par faire seule son chasseur de nouvelle génération (NGF), sans le concours de l’Allemagne ni de personne. Ce scénario, que Dassault Aviation dit ne pas craindre, car le constructeur aéronautique se targue d’avoir l’expérience nécessaire pour mener à bien un tel projet, semble aujourd’hui prendre du poids.
C’est le Financial Times, dans son édition du 17 novembre 2025, qui a donné du poids à cette trajectoire hypothétique. Celle-ci a pu passer inaperçue en France en raison de la signature le même jour d’une lettre d’intention avec l’Ukraine, qui ouvre la voie à l’acquisition d’une centaine d’avions Rafale par Kiev au cours des dix prochaines années.
Toujours est-il que cette piste, si elle se confirmait, viendrait faire voler en éclats une très grosse partie du programme SCAF (Système de combat aérien du futur), porté au départ par l’Allemagne et la France, rejoints ensuite par l’Espagne. Seuls quelques piliers spécifiques et secondaires du SCAF survivraient, comme le cloud de combat.


Le programme SCAF serait alors largement vidé de sa substance
En effet, le programme SCAF est une accumulation de sous-programmes : dans cette liste, le NGF constitue évidemment l’élément central, autour duquel gravitent d’autres grands projets qui lui sont intimement liés (comme la motorisation, les capteurs et la furtivité), tandis que d’autres y sont moins dépendants (remote carriers, cloud de combat).
Si le NGF sort de l’équation, comme les projets qui en dépendent, le SCAF deviendrait presque une coquille vide ou une version light, selon la façon dont on voit les choses. Les remote carriers, des armements à mi-chemin entre les missiles et les drones, demeureraient, comme le cloud de combat, pour tout interconnecter (avions, drones, systèmes au sol…).

Ce scénario noir reste encore incertain, car cette perspective n’est pas actée, selon le Financial Times. Cependant, ces discussions existent bien entre Paris et Berlin pour, peut-être, sauver encore ce qui peut l’être dans le SCAF, tout en actant des positions irréconciliables concernant le chasseur de nouvelle génération.
Un couple franco-allemand qui ne s’entend pas sur le SCAF
Le fait est que les deux principaux industriels impliqués dans le NGF (à savoir Dassault côté français, et Airbus côté allemand) ne parviennent pas à surmonter leurs tensions et à s’accorder sur la gouvernance ainsi que la répartition des tâches. Et ces derniers mois, des petites phrases lancées de part et d’autre ont continuellement alimenté les frictions.
Au-delà des considérations industrielles, il y a aussi des divergences de vue sur les caractéristiques de l’avion, parce que l’Allemagne et la France n’ont pas tout à fait les mêmes besoins militaires — Paris préfère un chasseur moyen et pouvant évoluer sur un porte-avions, Berlin désire un chasseur lourd à long rayon d’action.
Une explosion en plein vol du NGF posera la question de son successeur : il pourrait y avoir, au final, deux projets de chasseurs de nouvelle génération, un conduit par Dassault Aviation, un autre par Airbus. Sauf si l’Allemagne se voit rejoindre un projet parallèle : le Global Combat Air Programme (GCAP), qui réunit le Royaume-Uni, le Japon et l’Italie.
À supposer que Berlin et Paris se séparent, que déciderait Madrid, qui est le troisième partenaire du projet ? Et Bruxelles, qui a dit envisager entrer dans le SCAF ? Si Dassault Aviation avait exprimé de vives réserves, en raison de l’acquisition par la Belgique d’avions américains F-35, les lignes pourraient bouger — reste que la Belgique doute du devenir du SCAF.
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