Quand entrera-t-on dans la phase 2 du SCAF ? Celle censée réaliser et assembler les démonstrateurs du projet.
Alors que l’espoir d’un premier vol d’essai en 2029 reste permis, les dirigeants franco-allemands tentent de refroidir les esprits des industriels à la manœuvre.
D’un côté du Rhin, le Français Dassault Aviation, maître d’œuvre du projet d’avion de combat de nouvelle génération NGF, élément central du futur écosystème militaire interconnecté, souhaite renégocier les termes de la gouvernance actuelle.
De l’autre, les filiales allemande et espagnole d’Airbus qui souhaitent, au contraire, poursuivre dans les termes convenus en 2022 lors de l’accord entre les trois parties.



Une communication à couteaux tirés
Selon l’agence Reuters, qui a pu consulter le mardi 26 août un document du ministère de la Défense allemand, Dassault Aviation souhaite désormais assurer seul la gouvernance du NGF. Une ambition qui va dans le sens des déclarations répétées de l’industriel français.
En juillet 2025, Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, questionnait déjà l’efficacité d’un projet « où il n’y a pas un vrai leader mais trois ‘co-co-co’. » Une situation qu’il dénonçait publiquement lors de la présentation des résultats semestriels du groupe : « Je pense que ce n’est pas la bonne méthode pour faire voler un avion. »
Pourtant, au lancement de la phase 1B en 2022, l’accord signé par les différentes parties reconnaissait spécifiquement le leadership de Dassault sur l’avion, tout en laissant à Airbus un rôle prépondérant sur les piliers technologiques stratégiques, y compris celui de partenaire principal sur le NGF côté allemand et espagnol. Et c’est précisément ce point qui semble agacer Éric Trappier : « Comment peut-on assurer une maîtrise d’œuvre si je n’ai pas le droit de choisir des sous-traitants en France, en Espagne et en Allemagne ? »
Les politiques à la rescousse
De leur côté, les filiales allemandes et espagnoles d’Airbus font bloc et n’entendent en rien modifier l’accord préalable.
En marge du salon du Bourget, en juin 2025, Michael Schoellhorn, PDG d’Airbus Defense & Space, s’était montré catégorique : « Si les gens veulent que le SCAF existe, nous savons tous comment le faire. Il suffit de revenir à ce qui a été convenu et de s’y tenir. Mais si les gens pensent que nous devons revenir à la case départ et recommencer toute la discussion, ce n’est pas acceptable ».
Les deux parties semblent donc à l’arrêt des négociations, un statu quo que les responsables politiques des pays engagés dans le SCAF vont tenter de résoudre. Lancée à l’initiative de la France et de l’Allemagne en 2017, le projet a été rejoint par l’Espagne en 2019.
L’Élysée affiche sa volonté d’apaisement, évoquant des « difficultés passagères » mais rappelle également qu’« il n’y a pas de plan B ». Berlin, de son côté, met en garde contre des « graves conséquences pour les capacités du futur avion de combat et la participation de l’industrie allemande si des concessions étaient accordées à l’industrie française », tout en travaillant à des « options pour une solution » qui permettrait au programme de passer de la planification à la construction du prototype.
Un sujet que ne manqueront pas d’évoquer Emmanuel Macron et Friedrich Merz qui doivent tenir vendredi 29 août, à Toulon, le premier conseil des ministres franco-allemand depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau chancelier allemand. Une réunion restreinte avec les deux ministres de la Défense Sébastien Lecornu et Boris Pistorius est notamment prévue.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Pour ne rien manquer de l’actualité, suivez Numerama sur Google !