Où en est vraiment le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) ? La question revient en boucle depuis des mois, tant le programme censé permettre, notamment, la naissance du chasseur du futur mené par la France et l’Allemagne semble tanguer.
Entre communiqués acerbes et passes d’armes publiques, les tensions industrielles se sont durcies entre le Français Dassault, maître d’œuvre désigné du New Generation Fighter, et Airbus Allemagne, son partenaire clé, au point que l’hypothèse d’un plan B est désormais assumée des deux côtés du Rhin.
Au plus haut niveau politique, Paris et Berlin s’efforcent de sauver l’affichage d’unité et de nourrir encore l’espoir d’un aboutissement pour ce projet stratégique, censé remplacer à l’horizon 2040 le Rafale français et l’Eurofighter Typhoon employé par l’Allemagne et l’Espagne.
Mais les discours ne masquent plus le malaise et le SCAF « n’a pas avancé dans la bonne direction en 2025 », reconnait le sénateur Hugues Saury devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, dont le compte rendu a été publié le 26 novembre 2025.


Corapporteur du programme 146 « Équipement des forces », le parlementaire a détaillé les griefs côté français : « Sur le plan industriel, Dassault reproche à la filiale allemande d’Airbus de ne pas avoir été en mesure de réaliser les sous-ensembles techniques dont il avait la responsabilité. »

Les tensions industrielles autour du SCAF désormais sur la scène politique
Ces critiques concrètes sur l’incapacité du partenaire allemand viennent prolonger des reproches déjà formulés sur le terrain politique.
Car si, lors de leurs rencontres, Emmanuel Macron et Friedrich Merz jouent la carte de l’apaisement, les tensions industrielles se répandent également sur le plan diplomatique. En novembre 2025, Catherine Vautrin, ministre des Armées, assurait ainsi qu’« il n’y a pas en Allemagne de capacité à fabriquer un avion », une déclaration qui faisait écho à la ligne défendue par Dassault, l’industriel revendiquant de pouvoir mener le projet « de A à Z »..
Les reproches récemment relayés par Hugues Saury vont encore plus loin. Selon le sénateur, Dassault considère désormais que son partenaire allemand est tout simplement incapable d’assumer certaines tâches clés qui lui ont été confiées, ce qui a entraîné « une dégradation des relations entre les bureaux d’études » et poussé l’avionneur français à demander une refonte en profondeur de la gouvernance du programme.
Un projet militaire aux fondements flous
Présentant un bilan global de la situation, le parlementaire français souligne que le blocage ne se limite pas aux seuls enjeux industriels. Il rappelle notamment que la question des restrictions allemandes à l’export, qui donne un droit de veto au Bundestag, fragilise le modèle économique du programme.
Les frictions sont donc en même temps industrielles, politiques et liées à la gouvernance. La vraie question n’est plus seulement « où en est vraiment le SCAF ? », mais à présent « où va-t-il ? ».
Hugues Saury ne tranche pas sur l’avenir du projet, mais dresse déjà un constat sévère sur la manière dont il a été conçu :
« Nous verrons dans les prochaines semaines comment évoluera ce projet mais on ne peut que regretter la manière dont il a été conduit, en lançant les études sans avoir clarifié, au préalable, les apports de chacun, la répartition des rôles et sans avoir levé les obstacles politiques pourtant identifiés comme autant de lignes rouges par le précédent ministre des Armées ».
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