Les affres du programme SCAF (système de combat aérien du futur), qui doit aboutir à un ensemble de systèmes d’armes, dont un avion de combat de nouvelle génération, vont-elles être surmontées grâce à l’intervention du politique ? Les frictions entre industriels ont pris de l’ampleur ces derniers mois, notamment sur le leadership du projet. Au point, aujourd’hui, de faire réagir Emmanuel Macron.
À l’occasion d’un entretien accordé au Frankfurter Allgemeine Zeitung, le 1er octobre, le président de la République a réaffirmé l’attachement de la France au rapprochement militaro-industriel avec l’Allemagne. Cela inclut le SCAF, qui a beaucoup fait parler de lui dernièrement dans la presse, et des programmes plus discrets, comme le MGCS (système principal de combat terrestre), qui succédera aux chars Leclerc et Leopard 2.

Ainsi, sans mentionner directement le cas du SCAF et de l’avion qui doit en découler (et qui prendra la relève, un peu avant 2040, du Rafale français, de l’Eurofighter Typhoon allemand et du F-18 Hornet espagnol), le président a soutenu être « favorable à une intégration maximale, car nous devons produire davantage, et ce, au niveau européen ». Ce qui passe, saisit-on en filigrane, à des efforts et des concessions chez tout le monde.
Depuis des années, Paris défend une Europe de la défense forte, pour en faire un pilier suffisamment fort et autonome dans l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), aux côtés des Américains. Cela passe par des projets communs d’armement et des industries puissantes, mais également par une convergence de vues sur la vision stratégique des périls du monde et la doctrine de sécurité collective.
« C’est à nous de maintenir le cap »
Emmanuel Macron n’ignore pas les enjeux d’emploi qui peuvent exister de part et d’autre du Rhin sur ce type de grand chantier industriel. Mais, si « les entreprises d’armement des deux côtés revendiquent le leadership », note le chef de l’État, « c’est à nous [les autorités politiques, NDLR] de maintenir le cap de ce que nous considérons comme relevant de l’intérêt général franco-allemand, et de continuer à travailler à des solutions communes. »
Le Système de combat aérien du futur mobilise aujourd’hui trois sociétés : en France, il y a Dassault Aviation ; côté allemand, on retrouve Airbus ; Indra Sistemas représente l’Espagne. Les tensions entre industriels portent sur la répartition de la charge du travail, l’entreprise chargée d’orchestrer le projet et la gouvernance. Ces divergences ralentissent, voire paralysent, l’avancée du programme.

La situation est telle que des bruits de couloir ont récemment émergé dans les médias, laissant entendre que l’Allemagne pourrait sortir du SCAF et, pourquoi pas, rejoindre un autre programme, comme le Global Combat Air Programme (GCAP). Celui-ci implique tout à la fois le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon. La France et l’Espagne se retrouveraient en duo, voire en trio, si la présence de la Belgique est finalement acceptée.
Une perspective qui n’enchante certainement pas la partie française et qui peut expliquer l’intervention d’Emmanuel Macron dans la presse allemande. Le président français a rappelé que Berlin et Paris savaient « dès le départ que cela serait très difficile, car des industriels concurrents ont été contraints de s’associer pour un projet ». Et à cette équation s’est ajoutée une autre variable, celle de l’emploi local.
De toute évidence, une phase plus politique va s’ouvrir, pour s’imposer aux industriels. En concertation avec le chancelier allemand Friedrich Merz, une « revue des projets » sera menée d’ici la fin de l’année par les ministres de la défense de chaque pays. « Et c’est sur cette base que nous allons statuer et prendre les décisions qui s’imposent, sans prêter le flanc aux commentaires des uns et des autres », a-t-il prévenu.
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