Les frictions ne se calment pas entre Airbus et Dassault Aviation autour du SCAF, et plus particulièrement du New Generation Fighter (NGF). Les petites phrases se succèdent mois après mois, faisant courir un risque pour la suite du développement du système de combat aérien du futur.

Semaine après semaine, les tensions industrielles persistent autour du système de combat aérien du futur (SCAF). Au détour de la présentation des résultats du groupe Airbus, son président Guillaume Faury a remis une pièce dans la machine, en prenant pour cible son principal partenaire sur ce projet : Dassault Aviation.

Ainsi, comme le rapporte L’Usine Nouvelle, Guillaume Faury a suggéré le 29 octobre 2025 que « s’ils [Dassault Aviation] ne sont pas contents avec ce qui a été décidé et qu’ils ne sont pas d’accord pour continuer, ils sont libres de quitter le SCAF ». En creux, Airbus n’entend pas bouger sur le partage industriel, à moins d’éventuelles contreparties significatives.

Difficultés à fixer la gouvernance du NGF

Derrière ces frictions persistantes entre Dassault Aviation et Airbus figure un programme militaire structurant pour plusieurs décennies à venir, à la fois pour l’Allemagne, l’Espagne et la France. Il s’agit de lancer le chantier pour la prochaine génération de l’aviation de combat, pour succéder au Rafale et à l’Eurofighter Typhoon.

Derrière le SCAF, on trouve donc un chasseur de nouvelle génération (le NGF, pour New Generation Fighter), mais aussi d’autres systèmes d’armes, incluant des drones et un cloud de combat pour interconnecter le tout. Or, dans ce chantier spécifique au NGF, Dassault entend être le maître d’œuvre et Airbus est censé être le partenaire principal.

« Il n’y a pas de plan B », l'alliance franco-allemande face aux chamailleries autour du projet SCAF // Source : Montage Numerama
« Il n’y a pas de plan B », l’alliance franco-allemande face aux tensions autour du projet SCAF. // Source : Montage Numerama

Cette répartition des tâches et de la gouvernance est censée avoir été actée, mais Dassault Aviation estime ne pas avoir assez les coudées franches pour diriger le projet, et s’en plaint régulièrement depuis, alors qu’il estime avoir la meilleure expérience dans le développement d’un avion de combat piloté. En somme, son leadership est entravé.

C’est dans ce contexte que son patron, Éric Trappier, a brandi l’hypothèse de la fabrication d’un autre NGF, mais en solitaire, alors que des rumeurs d’un départ de l’Allemagne circulaient ces derniers mois. L’intéressé avait ajouté toutefois ne pas être hostile à une relance de coopération avec Airbus, mais avec un respect de ce qui a été acté.

Une nouvelle phase de développement du SCAF doit advenir en 2026

Les difficultés d’entente entre industriels font craindre le risque d’un retard dans le développement du SCAF, alors que la phase 2, qui fait suite aux phases 1A et 1B, doit être lancée en 2026. Celle-ci doit durer jusqu’en 2030 et déboucher sur la réalisation d’un démonstrateur de vol, qui servira de base à la construction du NGF à proprement parler.

Au-delà des questions industrielles, d’autres enjeux se mêlent : les emplois, les partenariats (on sait que la Belgique voudrait s’inviter à la table, ce qui agace Dassault Aviation à cause du F-35), les perspectives d’exportation, ou bien l’effort financier à fournir. Le SCAF coûtera globalement des dizaines de milliards d’euros, et celui-ci est plus supportable à plusieurs.

Et au-delà de ces considérations, il y a aussi un impératif stratégique. Dans le reste du monde, des pays sont lancés dans cette course pour un chasseur de combat de nouvelle génération : aux USA, en Chine, en Russie, en Inde ou encore entre le Japon, l’Italie et le Royaume-Uni. Et à ce stade, il n’y a pas de réel plan B au SCAF.

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