L’avenir du chasseur de nouvelle génération (NGF), pilier central du programme SCAF (Système de combat aérien du futur) porté par la France, l’Allemagne et l’Espagne, est-il fichu ? C’est ce que le Financial Times rapportait en novembre, évoquant des discussions entre Paris et Berlin sur le NGF, source d’immenses tensions entre les industriels.
À ce stade, le futur avion de combat franco-allemand, soutenu par Madrid, n’est pas abandonné. D’ailleurs, les gouvernements continuent de soutenir ce segment-clé du SCAF, qui doit remplacer à l’horizon 2040 la génération actuelle des avions européens, dont le Rafale pour la France et l’Eurofighter Typhoon pour l’Allemagne et l’Espagne.
Comme le rapportait L’Usine Nouvelle, Emmanuel Macron comme Friedrich Merz ont rappelé leurs convictions à l’égard de ce projet. « Nous, on y croit, on avance et on va passer les messages qu’il faut aux industriels, aux structures de pilotage », a notamment glissé le président français, lors d’une conférence de presse avec le chancelier allemand.
Des décisions sur ce dossier sont toujours attendues d’ici à la fin de l’année 2025, notamment pour enclencher la phase suivante du NGF — une phase clé, car elle doit s’étaler de 2026 à 2030 et déboucher sur la construction d’un démonstrateur de vol, qui servira de base au New Generation Fighter, au prix d’une facture se chiffrant en milliards d’euros.
En cas d’échec du SCAF, direction le GCAP pour l’Allemagne ?
Pour autant, le risque d’un déraillement global du SCAF n’est pas écarté. Et cette sombre perspective commence à faire dire aux uns et aux autres ce qu’ils feraient en cas de sortie de piste — Dassault a par exemple laissé entendre qu’il saurait mener un autre projet seul. Côté allemand, l’idée de se rapprocher d’un autre programme paraît être une option sérieuse.
C’est ce qu’a glissé le général-lieutenant Holger Neumann, commandant de la Luftwaffe, l’armée de l’air allemande, lors d’une interview accordée le 23 novembre au Spiegel. Sans préjuger de l’avenir du SCAF, il a cependant fait remarquer que d’autres avions de combat sont en projet ou en production de par le monde, et que certains sont très prometteurs.
Et justement, il a cité le F-35 Lightning II de Lockheed Martin pour lequel l’Allemagne a signé pour en acquérir quelques dizaines, ainsi que le Global Combat Air Programme (GCAP), qui regroupe le Japon, le Royaume-Uni et l’Italie. Et si le F-35 est classé parmi les avions de 5e génération, l’aéronef tiré du programme GCAP sera de 6e génération.
Et comme Holger Neumann a indiqué que l’armée de l’air allemande n’avait pas l’intention de se reposer uniquement sur le F-35 américain, cela ne laisse par élimination que le GCAP sur la table — à supposer que le SCAF explose effectivement en vol dans les mois à venir. Le GCAP apparaît la seule alternative réaliste pour un pays comme l’Allemagne.
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