Les jours des « AI Overviews » sont-ils comptés en Europe ? Le ciel, en tout cas, s’assombrit au-dessus de cette fonctionnalité de Google. En Allemagne, une plainte a été déposée le 18 septembre 2025 par une alliance des médias et de l’industrie numérique, en brandissant le règlement sur les services numériques (DSA), devenu pleinement applicable début 2024.
Les « AI Overviews », appelés « Aperçus IA » en français, constituent une évolution récente de Google. Il s’agit de résumés directement générés dans le moteur de recherche américain, par le biais de l’intelligence artificielle. Une courte synthèse, en quelques points, qui récapitule l’essentiel d’un sujet sans quitter Google.
Deux reproches sont formulés contre ces résumés IA : détournement du trafic et désinformation
C’est là que le bât blesse. Cette intelligence artificielle a été entraînée sur des données accessibles en ligne et, pour qu’elle reste pertinente, doit aussi être mise à jour en permanence. Or, pour les éditeurs, cette initiative est à la fois un détournement des informations qu’ils produisent pour le public et un coup porté à leur audience, avec un trafic en baisse.
En effet, une fonctionnalité comme « AI Overviews » peut inciter l’internaute à ne pas cliquer sur les liens référencés dans l’index de Google s’il obtient le plus gros de l’information dans le résumé. Or, c’est un vrai sujet structurant pour les éditeurs lorsque l’on sait que Google est la porte d’entrée du web : sa part de marché dans la recherche est de 90 % dans le monde.
« Google crée un produit concurrent aux contenus journalistiques et éditoriaux qui prive les entreprises médiatiques de leur audience, réduit leurs revenus publicitaires et menace leur refinancement, tout cela sur la base de contenus tiers », lit-on dans le communiqué. Mais c’est aussi sur le terrain de la désinformation que l’outil est attaqué.
« Les réponses générées par Google sont basées sur un modèle propriétaire dont le fonctionnement n’est pas transparent. Des études ont montré à plusieurs reprises que l’IA diffuse également des contenus incorrects ou fictifs, ce qui est en contradiction directe avec les objectifs de la DSA », est-il ainsi souligné.
Plusieurs cas ont ainsi été médiatisés, comme un crash d’avion en Inde dans lequel la synthèse a confondu Airbus et Boeing ou bien un conseil d’ajout de colle dans une pizza pour éviter au fromage de couler. Des erreurs corrigées par la suite par l’entreprise, qui a expliqué les raisons techniques produisant ces hallucinations — un souci récurrent des IA génératives.
La France n’est pas (encore) concernée par ces AI Overviews
Tout cela justifie désormais une action devant l’Agence fédérale des réseaux (BNetzA), qui s’occupe de l’application du DSA en Allemagne. Et, selon les lobbies outre-Rhin, cela ne devrait pas en rester là : il faut également saisir la Commission européenne, pour peser à l’échelle continentale sur Google, plutôt que pays par pays.
Aujourd’hui, les résumés IA de Google sont largement déployés en Europe. On les trouve en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni, au Luxembourg, en Suisse, en Italie, en Suède, en Pologne, en Espagne, au Danemark, en Grèce, aux Pays-Bas, en Norvège, au Portugal, en Autriche, en Finlande, en Irlande, en Norvège, en Croatie et en République tchèque.
Présent dans bien d’autres pays du Vieux Continent, il existe un absent de taille : la France. Officiellement, le déploiement dans l’Hexagone est retardé en raison d’incertitudes juridiques. L’Europe s’est en effet dotée de plusieurs règlements récemment : le DSA, la législation sur les marchés numériques (DMA) ou la loi sur l’IA.
Mais le fait est que la presse et les éditeurs sont également très mobilisés en France pour repousser, voire empêcher, l’arrivée des « AI Overviews » dans le pays. De fait, la seule façon d’avoir ces résumés en France est de tricher sur sa géolocalisation, et de passer spécifiquement par un VPN — ce qui n’est pas la première des motivations.
L’action allemande n’en est qu’à ses débuts, et il reste à voir jusqu’où elle pourra aller. Mais d’ores et déjà, l’alliance imagine les ultimes phases de la procédure, qui, si les infractions au DSA sont confirmées, prévoient des « sanctions sévères pouvant atteindre 6 % du chiffre d’affaires annuel mondial ». Un sacré avertissement pour Google.
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