Avec ses smartphones Pixel, Google a pris l’habitude de proposer des produits aux excellents rapports qualité-prix, pour concurrencer les appareils élitistes d’Apple et de Samsung. Son mobile pliant et sa tablette-enceinte dérogent à cette règle, puisqu’ils attaquent le marché par le haut.

Google est-il victime d’un excès de confiance ? Prudent avec ses smartphones Pixel, qu’il n’a jamais tenté de vendre à un tarif trop élevé, le géant du web vient de franchir un cap, avec deux des trois nouveaux appareils qu’il annonce le 10 mai, lors de sa conférence I/O 2023.

Aux côtés d’un Pixel 7a très compétitif, bien que plus cher que son prédécesseur (509 euros), Google vient de dévoiler le Pixel Fold, un smartphone pliant à 1 899 euros, et la Pixel Tablet, une tablette capable de se transformer en une enceinte connectée à 679 euros. Ces deux produits sont extrêmement alléchants, mais Google en vendra-t-il beaucoup ?

Pixel Fold : une démonstration technologique, sans potentiel commercial

Au vu du positionnement habituel des smartphones Pixel, l’arrivée de Google aurait pu donner un vrai coup de boost au secteur des smartphones pliants. Face à un Samsung presque seul (même si Oppo, Xiaomi et Vivo misent aussi sur cette technologie), l’Américain qui, rappelons-le, est le créateur d’Android, avait tout pour donner envie à des millions de personnes de franchir le cap. Problème : le Pixel Fold coûte une fortune (1 899 euros). Il ne sera aussi pas disponible dans de nombreux pays, dont la France. De quoi permettre à Samsung de dormir tranquillement : Google n’est pas encore son concurrent.

Le Pixel Fold, plié et déplié. // Source : Google
Le Pixel Fold, plié et déplié. // Source : Google

Pourtant, sur le papier, le Pixel Fold est tout bonnement exceptionnel. Compact fermé (5,8 pouces, avec un ratio qui nous rappelle celui de l’Oppo Find N), il se transforme déplié en une petite tablette presque carrée, avec un écran de 7,6 pouces. Ses deux écrans sont de technologie OLED et disposent d’un taux de rafraîchissement de 120 Hz, ce qui laisse supposer que Google a opté pour ce qui se fait de mieux. S’ajoute à ça son triple module caméra, semblable à celui du Pixel 7 Pro (qui devrait donc exceller par sa polyvalence), sa puce Google Tensor G2, son étanchéité IPX8 et, surtout, sa charnière qui lui permet de se plier parfaitement droit, ce dont n’est pas capable le Galaxy Z Fold 4 de Samsung.

Sans surprise, Google a aussi particulièrement bien pensé l’expérience logicielle. Un dock permet d’accéder à ses icônes facilement, un mode « Tabletop » permet de plier le Pixel Fold à 90 degrés pour l’utiliser comme un ordinateur portable et de nombreuses applications ont été optimisées pour le format. Par exemple, Google Traduction permet d’écrire dans une langue sur le grand écran et d’afficher la traduction sur le petit écran, pour parler avec un inconnu sans avoir à lui donner son téléphone.

Google Translate sur le Pixel Fold. // Source : Google
Google Translate sur le Pixel Fold. // Source : Google

Si Google avait réussi à casser les prix, nul doute que son Pixel Fold aurait été un best-seller. Mais Google le veut-il (ou le peut-il ? Peut-être qu’il n’est pas en mesure d’en produire beaucoup ?). À 1 899 euros, avec un lancement très limité, le Pixel Fold est condamné à être une vitrine technologique. Voilà à quoi doivent ressembler les smartphones pliants en 2023, même si Google ne sera pas celui qui convaincra le monde d’en acheter.

Pixel Tablet : un concept sympathique, mais qui se trompe de cible

Autre positionnement étrange : la Pixel Tablet. Annoncée il y a plus d’un an, la tablette de Google est la première de son genre. Son concept est le suivant : il s’agit d’une tablette autonome, que l’on peut déplacer où l’on veut, mais son usage reste domestique. Quand elle n’est pas utilisée, la Pixel Tablet doit être posée sur un socle magnétique avec une enceinte intégrée, ce qui la transforme en une enceinte Google Home. C’est malin, puisque cela permet d’avoir une tablette toujours pleine de batterie tout en éliminant le besoin d’acheter un appareil supplémentaire à la maison.

En « Hub Mode », la Pixel Tablet permet de :

  • contrôler sa maison connectée avec un mode spécial,
  • écouter de la musique avec un volume quatre fois plus élevé qu’avec les haut-parleurs de la tablette,
  • regarder des vidéos en la transformant en un récepteur Chromecast (ce n’est pas possible en mode tablette),
  • répondre aux commandes vocales,
  • passer des appels vidéo.
La Pixel Tablet dispose d'un support qui la transforme en enceinte connectée. // Source : Google
La Pixel Tablet dispose d’un support qui la transforme en enceinte connectée. // Source : Google

Cependant, quelque chose cloche avec la Pixel Tablet. À 679 euros, la tablette de Google se place en concurrente directe de l’iPad 10 et de l’iPad Air, deux références sur le marché. À vrai dire, Android n’a jamais réussi à s’imposer sur le secteur des tablettes, alors qu’iPadOS est ultra populaire. On ne peut s’empêcher de penser que la Pixel Tablet aurait dû être un produit à 200 euros, peu puissant, conçu avant tout pour la maison. À 679 euros, comment peut-on vraiment justifier l’achat d’une Pixel Tablet plutôt qu’un iPad ?

Pourquoi Google mise-t-il autant sur une stratégie haut de gamme avec sa nouvelle génération de produits ? C’est une bonne question, d’autant plus que Google a toujours réussi à proposer des produits d’excellente qualité, parmi les meilleurs du marché, malgré leurs prix plus abordables. Il n’y a plus qu’à espérer que la Pixel Tablet soit si bonne que son prix de 679 euros se justifie par lui-même, et que le Pixel Fold tombe sous les 1 500 euros s’il arrive un jour en France.

Source : Numerama

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