Jusqu’à présent, il était clair que les Tyrannosaures représentaient une seule et même espèce. Mais des paléontologues viennent de mettre en évidence des différences morphologiques majeures. Ils montrent qu’il pourrait y avoir eu trois espèces bien distinctes.

Les paléontologues se passionnent autant que nous pour le Tyrannosaurus Rex — ou T-Rex. Il s’agit là du prédateur le plus connu du règne des dinosaures, autant que l’un des plus étudiés. On s’accorde à dire, jusqu’à maintenant, que les tyrannosaures constituaient une seule et même espèce, malgré quelques variations d’un squelette à l’autre.

Une étude publiée le 1er mars 2022 dans Evolutionnary Biology bouscule cette idée. D’après l’équipe de recherche, les T-Rex n’étaient pas une espèce, mais un ensemble de trois espèces.

Comparaison entre la taille d'un humain et celle d'un des plus grands spécimens de T.Rex. On a bif bof envie de le croiser. // Source : P. Jaworski/Wikimédias
Comparaison entre la taille d’un humain et celle d’un des plus grands spécimens de T-Rex. On a bif bof envie de le croiser. // Source : P. Jaworski/Wikimédias

38 spécimens étudiés

Les paléontologues avaient déjà repéré des variations significatives entre certains squelettes de T-Rex : une robustesse variable, une forme différente de la dentition, par exemple. Ces variations étaient plutôt attribuées à des particularités individuelles, à différents stades génétiques dans l’évolution ou même à des dimorphismes sexuels (mâle/femelle). Mais l’hypothèse d’espèces différentes n’avait jamais été véritablement testée, comme le relèvent les auteurs, qui s’y sont donc employés.

Ils ont analysé pas moins de 38 spécimens. Ils ont mesuré la dentition : le diamètre de la base des dents, l’espace dans les gencives, la présence d’une ou deux incisives. Ils ont également étudié les os du fémur, et en particulier leur robustesse. Il se trouve que la solidité de cet os ne semble pas dépendante de la taille du spécimen, ce qui signifie que la nature du fémur n’est pas seulement liée à l’âge — des spécimens plus grands avaient même des os paradoxalement plus minces. La distribution des os robustes ou non n’est, par ailleurs, pas suffisamment égale pour indiquer un dimorphisme sexuel.

Voici Sue, un T.Rex. Ce spécimen est exposé au musée Field de Chicago. // Source : Steve Richmond / Wikimédias
Voici Sue, un T-Rex. Ce spécimen est exposé au musée Field de Chicago. // Source : Steve Richmond / Wikimédias

Les conclusions sont claires : les T-Rex présentent « un degré si remarquable de variations proportionnelles, distribuées à différents niveaux stratigraphiques, que le modèle favorise plusieurs espèces au moins partiellement séparées par le temps ». Des causes génétiques ou sexuelles sont « moins cohérentes avec les données ».

Quelles sont les trois espèces ?

L’étude des 38 spécimens et de leurs distinctions si significatives permet à ces chercheurs et chercheuses de proposer l’existence de trois espèces différentes. Dans les faits, cela correspondrait à deux nouvelles espèces de tyrannosaures en plus du T-Rex :

  • T. imperator (le tyrannosaure « empereur ») : ces spécimens ont les fémurs les plus robustes et deux incisives ;
  • T. regina (le tyrannosaure « reine ») : ce tyrannosaure n’a qu’une seule incisive et les os les plus légers ;
  • T.Rex (le fameux tyrannosaure rex) : c’est l’espèce déjà identifiée, qui ne comporte qu’une seule incisive, mais avec des os robustes.

Les trois morphologies différentes sont solidement démontrées. Ceci étant, dans l’immédiat, on ne peut pas totalement exclure que les deux « nouvelles » espèces identifiées soient en réalité des individus particulièrement atypiques, ou que cela mette en évidence un dimorphisme sexuel extrêmement marqué. L’étude de spécimens supplémentaires permettra peu à peu de confirmer l’existence de ces trois espèces distinctes, ou d’infirmer la proposition.

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