Avez-vous déjà entendu parler du Quetzalcoatlus ?

Il y a 70 à 66 millions d’années, le Quetzalcoatlus foulait le sol de la Terre et voguait dans les cieux. Ce n’est pas un dinosaure, mais il en est un proche cousin. Aujourd’hui totalement éteint, c’est le plus grand animal volant connu à ce jour. Ses ailes s’étendaient sur 11 mètres, ce qui correspond également à son envergure estimée. En hauteur d’épaule, il faut compter autour de 3 mètres.

Il a également une morphologie assez étrange, à mi-chemin entre l’albatros et la chauve-souris. Son étrangeté et son immensité est à l’origine d’un débat chez les paléontologues : comment volait-il… et pouvait-il même voler ?

Comparaison d'échelle entre un humain et trois espèces de ptérosaures : Arambourgiania, Nyctosaurus, et enfin, le fameux Quetzalcoatlus. // Source : Mark Witton & al. (2008) / Creative Commons 3.0
Comparaison d’échelle entre un humain et des espèces de ptérosaures : Arambourgiania, Nyctosaurus, et enfin, le fameux Quetzalcoatlus. // Source : Mark Witton & al. (2008) / Creative Commons 3.0

Des travaux récents sur les fossiles du Quetzalcoatlus ont donné lieu à plusieurs articles publiés en décembre 2021 dans Journal of Vertebrate Paleontology. Ils offrent de nouvelles réponses sur la manière dont volait ce ptérosaure. « C’est le premier approfondissement véritable abordant l’entièreté du plus grand animal ayant jamais volé connu à ce jour. Les résultats sont révolutionnaires pour l’étude des ptérosaures — les premiers animaux, après les insectes, à avoir développé un vol de propulsion », indiquent les auteurs sur le site du Natural History Museum.

Il faisait un bond de 2 mètres pour décoller

Les paléontologues ont classifié et étudié la majeure partie des ossements retrouvés. C’est le bec, qui a d’abord attiré leur intérêt. En le regardant sous toutes les coutures, ils en ont déduit que le Quetzalcoatlus ne pouvait pas se nourrir de carcasses ni mâcher de la viande : il devait probablement fondre sur ses proies, en surface des eaux, pour y gober entièrement, d’un seul coup, divers poissons, invertébrés et autres petits amphibiens.

Ensuite, les articles excluent la possibilité que ce ptérosaure ne pouvait pas voler. Mais selon les auteurs, il ne démarrait pas son vol en courant au sol à la manière d’un albatros : leurs ailes, trop volumineuses, auraient freiné une telle technique d’envol en touchant terre tout du long. De fait, ils ne se propulsaient probablement pas non plus en poussant leurs ailes contre le sol, comme une chauve-souris.

Illustration du Quetzalcoatlus, en l'occurrence datée, car on sait maintenant qu'ils ne mangeaient pas ce type de proie. // Source : Mark Witton and Darren Naish (creative commons 3.0)
Illustration du Quetzalcoatlus, en l’occurrence datée, car on sait maintenant qu’ils ne mangeaient pas ce type de proie. // Source : Mark Witton and Darren Naish (creative commons 3.0)

En lieu et place, les scientifiques à l’origine de ces travaux estiment que le Quetzalcoatlus effectuait un bond de deux mètres, soit « deux fois la hauteur de leurs hanches », leur permettant de décoller leurs ailes et de démarrer un vol plus profond avec un premier battement. Cela suppose une force importante dans les jambes.

Ensuite, comment pouvait-il voler dans les airs ? En étudiant les ossements, les auteurs suggèrent qu’il y a 67 millions d’année, on voyait le Quetzalcoatlus planer dans les airs à la manière d’un vautour, prenant des virages en inclinant sa très grande tête.

Un atterrissage peu conventionnel

Dernière étape : atterrir. Pour les auteurs, le ptérosaure se serait « comporté comme un avion, ralentissant jusqu’à ce qu’il soit sur le point de tomber du ciel avant de se poser ». Il se posait alors avec les pattes arrière. « Puis il pose ses pattes avant, adopte une posture à quatre pattes, se redresse et s’éloigne. » Cet atterrissage n’a rien de conventionnel et, surtout sa démarche une fois à quatre pattes devait probablement ne ressembler à rien de ce que nous connaissons aujourd’hui chez les animaux. Car malgré son physique proche de celui des chauve-souris, il ne pouvait pas utiliser ses ailes pour marcher, mais devait utiliser ses « bras » avant.

En raison de ses amples ailes, « pour éviter de trébucher, l’animal levait d’abord son bras gauche, puis avançait sa jambe gauche d’un pas complet, avant de reposer la main sur le sol ». Un processus qu’il alternait à gauche et à droite, de façon beaucoup plus rapide qu’on l’imagine (il n’avait pas forcément l’air maladroit). « Cette suggestion est liée aux traces fossilisées trouvées en France, dont la forme est trop étrange pour qu’un quadrupède terrestre puisse les avoir faites », précisent les auteurs.

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