Un gaz, la phosphine, a été détecté dans l’atmosphère de Vénus. Même si elle ne peut pas constituer la preuve définitive d’une vie qui existerait sur la planète, la détection rapportée le 14 septembre 2020 dans Nature Astronomy reste très intéressante, et l’article scientifique tout à fait pertinent.
Quand on pense à la recherche de la vie dans le système solaire, le regard se tourne en général vers Mars. C’est d’ailleurs avec une dimension microbiologique que la mission Mars 2020 a été envisagée : le rover Perseverance va rechercher d’éventuelles traces de vie passée sur la planète, après son atterrissage en février 2021. Avec cette découverte de phosphine sur Vénus, notre autre voisine suscite un intérêt qu’on lui prête plus rarement qu’à Mars.
Un endroit qui ressemble à la Terre : les nuages de Vénus
La surface de Vénus est connue pour ses températures extrêmement chaudes. Vénus est d’ailleurs plus chaude que Mercure, alors qu’elle en est plus éloignée du Soleil. Comment pourrait-on alors ne serait-ce qu’envisager de chercher une vie à la surface de cette planète ? Comme l’a expliqué Emmanuel Marcq, maître de conférences à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, spécialiste de l’atmosphère de Vénus, auprès de BFM TV, « l’endroit qui ressemble le plus à la Terre dans tout le système solaire ne se trouve pas à la surface de Mars mais se trouve dans les nuages de Vénus à une altitude de 50 km où les conditions de températures et de pression sont très semblables à ce que l’on rencontre ici sur Terre ».
À cet endroit se trouvent des nuages d’acide sulfurique. Or, c’est justement dans l’atmosphère vénusienne que les traces de phosphine ont été repérées. Comme le notent les auteurs de l’étude parue dans Nature Astronomy, l’hypothèse selon laquelle la phosphine pourrait servir de biosignature (de preuve de vie) dans l’atmosphère d’exoplanètes a déjà été évoquée. En outre, sur Terre, on sait que des formes de vie peuvent produire ce gaz, dans des environnements appauvris en oxygène.
À nouveau, cette détection ne constitue pas une preuve de vie en soi (ce n’est pas parce que ce gaz est produit sur Terre par une vie que c’est nécessairement aussi le cas sur Vénus). Les scientifiques ont d’ailleurs rappelé au cours d’une conférence de presse qu’ils ne prétendaient pas avoir découvert la vie sur Vénus. Ce qu’ils disent, c’est qu’ils n’ont pas trouvé d’explication à la présence de ce gaz, qu’aucun processus physique connu ne peut expliquer qu’il se trouve dans l’atmosphère vénusienne. Cette inconnue et, en soi, très excitante.
Une forme de vie peut éventuellement être une option à considérer en tant qu’hypothèse, comme l’est aussi celle d’une chimie vénusienne qui serait actuellement méconnue. Il faut donc évidemment rester très prudent avant de parler de « signes de vie ».
On devrait encore entendre parler de la phosphine
Cette détection est surtout intéressante, car elle devrait ouvrir à la voie à d’autres recherches. Tout d’abord, il faudrait pouvoir confirmer ou infirmer la présence de la phosphine, car, comme le notait Emmanuel Marcq, cette détection est à « la limite des capacités instrumentales actuelles ». Par la suite, il faudrait vérifier que la présence de ce gaz ne peut en aucun cas être expliquée autrement que par la présence d’une forme de vie.
Si tel est le cas, on pourrait alors envisager d’envoyer une mission d’exploration de Vénus dans ce but précis. Encore faudra-t-il parvenir à concevoir des véhicules assez robustes pour supporter les conditions vénusiennes. Bref, on devrait continuer à entendre parler de la phosphine sur Vénus encore quelque temps.
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