L’heure du départ approche pour Perseverance. Le rover de la Nasa aura pour mission, une fois arrivé sur Mars, de collecter des échantillons à la surface de l’astre. L’enjeu sera ensuite de les ramener sur Terre, dans l’espoir d’en apprendre davantage sur d’éventuelles traces de vie ancienne sur la planète rouge. Organiser un tel retour d’échantillons, avec la perspective de les analyser sur Terre, est inédit dans l’histoire.
« Aucune agence spatiale n’a jamais ramené des échantillons avec pour but d’étudier les traces de la vie. Jusqu’à présent, tous les échantillons qui étaient ramenés sur la Terre l’étaient avec l’objectif de faire des études sur l’évolution chimique de l’Univers. Pour la première fois, il y a une dimension microbiologique », explique à Numerama Adrienne Kish, responsable du service de bactériologie au Museum National d’Histoire Naturelle, spécialisée en exobiologie.

Vue d'artiste du Cratère Jezero, le site d'exploration du rover Perseverance.
Source : Flickr/CC/Kevin GillLa perspective de travailler sur des échantillons récupérés dans l’espace est tout particulièrement inédite pour l’Agence spatiale européenne. « L’idée de traiter des échantillons ramenés de l’espace est un sujet assez nouveau pour l’Europe, poursuit Adrienne Kish. Jusqu’à présent, les échantillons qui étaient analysés l’étaient in situ [ndlr : là où ils étaient récoltés]. La Nasa et la Jaxa ont déjà ramené des échantillons provenant de la Lune (Apollo) ou de comètes, d’astéroïdes (Hayabusa). Avec le retour des échantillons martiens, pour la première fois l’Europe va entrer dans ce domaine, en collaboration avec la Nasa notamment. »
Un travail entamé bien avant Perseverance
L’ambition d’étudier des échantillons martiens sur Terre dans une perspective microbiologique n’est envisageable que parce que de précédentes étapes ont été franchies. « On a d’abord cherché à savoir s’il y avait de l’eau sur Mars, puis s’il y avait des matières organiques, ce qu’on a vérifié », résume la scientifique. C’est en mars 2014 que le Rover Curiosity a trouvé des éléments qui, selon la Nasa, renforçaient l’hypothèse de la présence d’eau sur Mars. Depuis, Curiosity a aussi découvert les traces d’un lac salé remplissant le cratère Gale. Le rover a aussi détecté à plusieurs reprises des matières organiques à la surface de Mars.
« La question est maintenant de savoir s’il y a eu la vie à un moment donné sur Mars et si ces micro-organismes ont laissé des traces, qu’on appelle des biosignatures », ajoute Adrienne Kish. À ce titre, le cratère que va explorer le rover Perseverance a été jugé encore plus prometteur que prévu par les scientifiques, car il pourrait abriter des carbonates et de la silice.
Pour résoudre enfin l’énigme d’une vie potentielle passée sur Mars, les rovers sont très utiles, mais montrent leurs limites — tous leurs instruments doivent être miniaturisés. D’où la nécessité d’envisager désormais ce retour d’échantillons pour des analyses microbiologiques. « Il y a des analyses que l’on peut faire in situ avec des rovers. Mais on est limité avec un rover : on peut faire beaucoup plus d’analyses avec les échantillons dans nos mains et dans les laboratoires de recherche sur Terre », résume Adrienne Kish.
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