En Équateur, il existe un imposant volcan aux multiples noms tout aussi impressionnants : « géant noir », « colosse ». Officiellement, il s’appelle Tungurahua, un mot quéchua signifiant « gorge de feu ». Ce volcan est en activité constante depuis 1999, animé par de fréquentes éruptions. Dans un travail de recherche produit par plusieurs géologues et vulcanologues, annoncé le 18 février 2020, ces derniers alertent sur les signes avant-coureurs d’un événement bien plus grave qu’une éruption : un effondrement de ses flancs.
Tungurahua est un stratovolcan. Ce n’est, de base, pas la structure géologique la plus stable. L’autre nom pour désigner ce phénomène est « volcan composite » : il est construit sur l’accumulation des coulées et des blocs de lave ainsi que des fragments de roche solide (téphras) expulsés au fil d’éruptions.
Vers la fin du Pléistocène (période allant de 2,58 millions à 11 700 ans avant nos jours), Tungurahua s’est déjà effondré une première fois sur lui-même. Puis, suite logique pour un volcan composite, de nouvelles éruptions lui ont permis de se reconstruire siècle après siècle. Il y a 3 000 ans, Tungurahua a connu un deuxième épisode d’effondrement provoquant une avalanche dévastatrice de roche, d’eau, de boue et de neige sur 80 kilomètres carré. Ce passé tumultueux pourrait, selon les scientifiques, favoriser d’autant plus un nouvel épisode similaire. Mais la différence est que la région est dorénavant habitée. En 1999, une énorme éruption avait nécessité l’évacuation de 25 000 personnes.
Les perturbations viennent du magma lui-même
Être en activité constante depuis 20 ans ne suffit pas à ce qu’un volcan soit suffisamment « vieux » pour risquer de s’effondrer. Le problème provient d’une activité anormale en son cœur. « En utilisant des données satellitaires, nous avons observé une déformation très rapide du flanc ouest de Tungurahua, qui, selon nos recherches, est causée par des déséquilibres entre le magma disponible et le magma en éruption », explique le géologue James Hickey dans un communiqué de l’université d’Exeter. Cette déformation s’est traduite, entre autres, par un soulèvement de 3,5 centimètres au niveau de ce flanc pendant trois semaines. Le point d’origine viendrait d’un stockage inéquilibré de magma à la base du volcan, entraînant une pressurisation rapide par a-coups.
Si ces déformations ne sont pas compensées et que l’approvisionnement en magma continue sur cette dynamique, alors cela continuera à fragiliser le flanc ouest, augmentant constamment les risques qu’il s’effondre lors d’une éruption particulièrement puissante. Pour les auteurs de cette étude, le risque d’effondrement de Tungurahua est probable mais, comme toujours avec ce type de structure naturelle, cela reste incertain. Une telle avalanche serait toutefois si catastrophique humainement qu’il est crucial de prendre cette prédiction en compte dans une surveillance attentive de cette « gorge de feu ».
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