Des fossiles ont été découverts pour la première fois dans une zone supposée déserte de l’île de Java, aujourd’hui engloutie par la mer. Cette découverte incite les archéologues à remettre en question l’histoire des peuples présents à Java, telle qu’elle était acceptée jusqu’à présent.

Aurait-on découvert l’équivalent des vestiges de l’Atlantide ? Presque… Une nouvelle découverte étonnante a en tout cas eu lieu à l’île de Java, au sud-ouest de l’Indonésie. Des restes fossiles de l’espèce éteinte Homo erectus y avaient déjà été trouvés. Cependant, jamais encore les chercheurs n’en avaient trouvé dans une zone nommée « Sundaland », correspondant aux fonds marins situés entre les îles indonésiennes, et qui était auparavant une vaste plaine. Il aura suffi de travaux de dragage dans le détroit de Madura pour changer le cours de l’Histoire.

Menées par les archéologues de l’Université de Leyde, aux Pays-Bas, les recherches ont été publiées le 15 mai 2025 dans la revue Quaternary Environments and Humans.

L’Histoire réécrite grâce à la découverte de ces nouveaux fossiles

Jusqu’à présent, n’ayant découvert que des fossiles sur l’île de Java, les chercheurs pensaient que les peuples préhistoriques étaient restés isolés sur leur île. La nouvelle découverte change cependant leur vision, en suggérant plutôt qu’Homo erectus s’est dispersé dans la plaine du Sundaland lors des périodes de baisse du niveau de la mer, probablement le long de fleuves.

« Ici, ils avaient de l’eau, des coquillages, des poissons, des plantes comestibles, des graines et des fruits toute l’année », explique, dans un communiqué de presse, l’archéologue Harold Berghuis, premier auteur de l’étude.

Exemples de fossiles dragués de la mer au large des côtes de Java // Source : Université de Leyden
Exemples de fossiles dragués de la mer au large des côtes de Java. // Source : Université de Leyden

« Nous savions déjà qu’Homo erectus collectait des coquillages de rivière. Parmi nos nouvelles découvertes figurent des traces de découpe sur des os de tortues d’eau et un grand nombre d’os brisés de bovidés, qui suggèrent la chasse et la consommation de moelle osseuse. » Preuve donc que les habitants de cette plaine chassaient des bovidés en bonne santé.

En quoi cette information est-elle importante ? « Nous n’avons pas constaté ce phénomène chez l’ancienne population d’Homo erectus de Java, mais nous le connaissons chez des espèces humaines plus modernes du continent asiatique », raconte Harold Berghuis. « L’Homo erectus a peut-être copié cette pratique de ces populations. Cela suggère qu’il pourrait y avoir eu des contacts entre ces groupes d’hominidés, voire des échanges génétiques. »

Que sait-on de la plaine de Sundaland ?

Ce qui est aujourd’hui l’archipel indonésien était auparavant la vaste plaine de Sundaland. Les îles formaient une chaine de montagnes. C’est la toute première fois que des fossiles y sont découverts, ce qui rend cette découverte unique. « Les fossiles proviennent d’une vallée fluviale engloutie, qui s’est comblée au fil du temps avec du sable de rivière. Nous avons pu dater le matériel d’environ 140 000 ans », raconte le premier auteur de l’étude. À cette époque, la mer était 100 mètres plus bas, la quantité d’eau contenue dans les calottes glaciaires étant beaucoup plus importante.

A : Le plateau de la Sunda de l'Asie du Sud-Est, avec l'archipel indonésien. La boîte indique la position de la carte B. 
B : Java oriental, le détroit de Madura, la rivière Solo, Ngandong, Sambungmacan et d'autres sites d'hominin. La boîte indique la position de la carte C. 
C : Le détroit de Madura au nord de Surabaya, avec la zone d'extraction de sable et l'emplacement de la réclamation foncière  // Source : GEBCO et ALOS.
A : Le plateau de la Sunda de l’Asie du Sud-Est ; B : Java oriental, le détroit de Madura et plusieurs rivières ; C : Le détroit de Madura au nord de Surabaya. // Source : GEBCO et ALOS.

À cette période, la plaine indonésienne aurait pu être comparé à la savane africaine contemporaine, tant par son paysage que par la faune qui la peuplait, par exemple : l’hippopotame d’Asie, les dragons de Komodo, les requins de rivières. À ce jour, détaille le scientifique néerlandais, « la plupart de ces espèces sont éteintes, tandis que d’autres sont les ancêtres d’espèces encore présentes dans la région, mais dont la survie est gravement menacée ». Toutes ces connaissances concernant la biodiversité ancienne de la région restent cependant très importantes pour comprendre celle d’aujourd’hui.

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