Alors que la fin de la Station spatiale internationale approche, les projets de succession se multiplient. Parmi eux, une station spatiale russe qui ne serait pas entièrement nouvelle, puisqu’il s’agirait de réutiliser quelques modules déjà en orbite.

La Russie pense de plus en plus à l’après-ISS et à sa future station spatiale. Prévue pour être construite à partir de 2027, celle qui s’appelle la Russian Orbital Service Station, pour l’instant, a été récemment évoquée par l’agence spatiale Roscosmos. Comme le relate le site Ars Technica, c’est Oleg Orlov, un haut responsable de l’agence et membre de l’Académie russe des sciences, qui a dévoilé quelques détails.

Le plan originel consistait en sept modules séparés, lancés à partir de 2027 pour un montage complet dans le courant des années 2030, incluant des habitats privés prévus pour accueillir des touristes de l’espace.

Des modules vieillissants, mais recyclés

Mais la nouvelle version change la donne. Finalement, il semblerait que le cœur de la station soit constitué des modules du segment russe de l’actuelle Station spatiale internationale (ISS). Il s’agirait alors de séparer le segment russe d’ici à 2030, lorsque l’ISS sera mise à la retraite, pour profiter de l’existant.

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Plan prévisionnel de la station spatiale russe. // Source : Roscosmos

Lorsque viendra le temps d’en finir avec l’ISS, il est prévu, selon le plan des Américains, de mobiliser un vaisseau de SpaceX pour désorbiter la station et la précipiter vers l’atmosphère terrestre, afin qu’elle s’y consume et chute en mer, loin de toute terre. Cependant, la partie russe resterait donc en orbite.

Roscosmos a d’ailleurs noté que l’orbite de la Russian Orbital Service Station sera équivalente à celle de l’actuelle station, afin d’être toujours accessible depuis Baïkonour, une fois que le pas de tir sera remis en état.

Dans cette nouvelle architecture, les modules russes auront été dans l’espace pendant plus de trois décennies. Durant cette vaste épopée, ils ont accueilli plusieurs dizaines d’astronautes, durant des temps parfois très longs… ce qui constitue un risque pour le développement de microbes et autres bactéries.

C’est en tout cas ce qui inquiétait ce même Oleg Orlov, par ailleurs directeur d’un institut de biomédecine, sans compter les soucis de maintenance qui se multiplient sur les engins qui ont déjà voyagé dans l’espace inhospitalier pendant de si longues périodes. D’ailleurs, les astronautes russes déjà dans l’ISS sont régulièrement mobilisés pour des réparations.

La présence russe dans l’espace en difficulté

Malgré tout, cette solution pourrait se révéler intéressante économiquement pour la Russie qui n’a pas forcément les moyens de repartir de zéro avec une toute nouvelle station, vu les déboires autour de son secteur spatial ces dernières années, et l’effort de guerre qui mobilise une bonne partie de son budget.

Les plans originaux prévoyaient une nouvelle variation du lanceur Angara A5 avec une partie pilotée par intelligence artificielle. Mais cette perspective apparaît ardue à mettre en place dans un pays confronté à des sanctions de l’Occident qui limitent l’accès à des technologies et des composants de pointe nécessaires à un tel projet.

L'ISS. // Source : Flickr/CC/NASA's Marshall Space Flight Center (photo recadrée)
L’ISS est censée être désorbitée à partir de 2030. // Source : NASA’s Marshall Space Flight Center

Alors que la Chine consolide sa station Tiangong, que l’Inde vise l’autonomie et que les États-Unis s’appuient sur le dynamisme du secteur privé, la Russie semble marquer le pas. Si ce recyclage permet à Moscou de maintenir une présence symbolique en orbite basse, il acte aussi un certain déclassement technologique.

Faute de moyens pour innover, et confronté à une impasse technologique ou financière l’obligeant à miser sur des segments usés par trente ans de service, le programme spatial russe risque de passer d’un statut de pionnier à celui de simple survivant, avec une station aux ambitions scientifiques fatalement limitées.

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