La manœuvre a duré cinq minutes et trois secondes, et elle a impliqué une capsule Dragon de SpaceX. Actuellement amarrée à la Station spatiale internationale (ISS), elle a enclenché ses moteurs pour faire remonter la station, et ainsi la replacer sur une meilleure orbite.
À la fin de l’opération, l’ISS s’était élevée d’un peu plus d’un kilomètre à son périgée, qui constitue le point le plus bas de sa trajectoire autour de la Terre.
Il s’agissait d’une manœuvre inédite pour le vaisseau conçu par SpaceX qui testait ici son nouveau système destiné à rehausser régulièrement la station. Celui-ci implique deux moteurs Draco placés dans le coffre de la capsule et qui disposent de leur propre carburant.
Cette manœuvre spatiale fait partie d’une stratégie de SpaceX mise en place avec cette capsule arrivée fin août sur l’ISS et qui va y rester encore cinq mois.
Et pourtant, elle tombe
Le « kit de relance » qui différencie cet exemplaire de Dragon des précédents est donc ce duo de propulseurs, indépendants du vaisseau principal. En novembre, une opération similaire avait été mise en place, mais avec une capsule Dragon ordinaire, qui s’est servie de ses propres moteurs. Cela avait fonctionné, mais imparfaitement par les propulseurs. Ceux-ci n’avaient pas l’inclinaison idéale pour ce type de manœuvre.
Cette fois, tout semble optimal et après ce premier essai. D’autres devraient suivre tout au long du mois de septembre, et au-delà.
Ces opérations sont assez courantes au sein de la station. À 400 kilomètres d’altitude, elle reste soumise à une légère friction de l’air, ce qui entraîne son ralentissement, et progressivement, sa chute vers l’atmosphère terrestre. Il est donc nécessaire de contrebalancer cette tendance avec quelques petits coups de boosts.
Mais au-delà de cette routine, l’enjeu autour de ces tests de SpaceX est grand. Il s’agit d’abord pour la NASA de s’émanciper de la Russie. Habituellement, ce relèvement est opéré soit par les propulseurs de la station, situés sur le module russe Zvezda, soit par les cargos Progress, mis en orbite par Moscou.
Mais, comme le pays souhaite à terme se désengager de l’ISS, il fallait trouver une solution alternative pour continuer à ajuster l’orbite sans l’appui de Moscou. Des tests américains avaient déjà été mis en place, notamment avec le vaisseau Cygnus développé par Northrop Grumman, mais sans grand succès.
En attendant la fin
Ici, ce premier test de SpaceX dévoile que les capacités devraient être 1,5 fois supérieures à celles des cargos Progress, ce qui est prometteur.
Autre enjeu de taille : la désorbitation de l’ISS. Elle devrait avoir lieu dans les années 2030 et SpaceX a un rôle à y jouer. En juin 2024, l’entreprise d’Elon Musk a obtenu un gros contrat de la NASA pour 843 millions de dollars, et le but est de se servir d’une capsule Dragon « customisée » pour déclencher la descente.
Dotée de 46 propulseurs, de plus gros réservoirs et de panneaux solaires, cette capsule dirigera la désorbitation. Comme pour les manœuvres de redressement, le vaisseau sera amarré à l’ISS et lancera une trentaine de propulseurs Draco afin de faire redescendre la station de manière contrôlée. Après l’avoir soutenue, c’est donc bien SpaceX qui entraînera l’ISS dans sa chute
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