Dans une étude publiée conjointement par des chercheurs de la Nasa et de l’Université d’Oxford, la croyance établie selon laquelle Uranus serait une planète qui ne dégage pas de chaleur, contrairement à ses voisines, est refutée. Pour arriver à cette conclusion, il a fallu que les chercheurs réexaminent avec un œil nouveau des décennies de données. Retour sur un cold-case vieux de 40 ans.

Depuis 1986, soit depuis le dernier survol d’Uranus, il était supposé que la planète n’émettait pas de chaleur, contrairement aux autres planètes du système solaire. Cependant, des scientifiques d’Oxford et de la Nasa ont publié une nouvelle analyse d’anciennes données dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Societyle 16 mai 2025, prouvant le contraire. L’information n’a été relayé par le site Science Daily que ce 1er octobre 2025.

La chaleur émise par une planète, ça vient d’où ?

La chaleur dégagée par une planète est évaluée « en comparant la quantité d’énergie qu’elle reçoit du Soleil à celle qu’elle libère dans l’espace sous forme de lumière réfléchie et de chaleur émise », détaille le communiqué de presse de la Nasa.

Quand la quantité de chaleur qu’une planète libère est supérieure à celle qu’elle reçoit du Soleil, cela signe l’émission de chaleur directement depuis l’intérieur de la planète elle-même. C’est le cas pour Saturne, Jupiter et Neptune, par exemple.

Images côte à côte d'Uranus, prises à huit ans d'intervalle par le télescope spatial Hubble de la NASA. // Source : NASA, ESA, STScI, A. Simon (NASA-GSFC), M. H. Wong (UC Berkeley), J. DePasquale (STScI)
Images côte à côte d’Uranus, prises à huit ans d’intervalle par le télescope spatial Hubble de la NASA. // Source : NASA, ESA, STScI, A. Simon (NASA-GSFC), M. H. Wong (UC Berkeley), J. DePasquale (STScI)

Cette chaleur interne provient des « processus à haute énergie » de formation des planètes qui ont eu lieu il y a 4,5 milliards d’années. À partir de là, les scientifiques ont donc établi que « moins la chaleur libérée est importante par rapport à la chaleur absorbée par le Soleil, plus la planète est ancienne ». Et, depuis ce postulat, les chercheurs estiment ainsi l’âge d’une planète. Donc, moins elle dégage de chaleur, plus vieille elle serait.

Le mystérieux cas d’Uranus

« Depuis le survol de Voyager 2, tout le monde affirme qu’Uranus n’a pas de chaleur interne », explique Amy Simon, planétologue au Goddard Space Flight Center de la Nasa. « Mais il est très difficile d’en expliquer la raison, surtout en comparaison avec les autres planètes géantes. »

Contrairement à ces autres planètes géantes mentionnées plus tôt, Uranus ne semblait pas dégager de chaleur supplémentaire, mais plutôt une quantité équivalente à celle qu’elle reçoit du Soleil. Que cela signifie-t-il ? Pendant des décennies, les scientifiques ont cherché à l’expliquer sans arriver à une hypothèse convaincante.

Cette image agrandie d'Uranus, capturée par la caméra proche infrarouge sur le télescope spatial James Webb de la NASA le 6 février 2023, révèle des vues imprenables sur les anneaux d'Uranus. // Source : NASA, ESA, CSA, STScI
Cette image agrandie d’Uranus, capturée par la caméra proche infrarouge sur le télescope spatial James Webb de la NASA le 6 février 2023, révèle des vues imprenables sur les anneaux d’Uranus. // Source : NASA, ESA, CSA, STScI

Patrick Irwin, auteur principal de l’étude et professeur de physique planétaire à l’Université d’Oxford, raconte : « Nous nous sommes demandés : ‘Se pourrait-il vraiment qu’Uranus ne produise pas de chaleur interne ?’ ».

Peu convaincus de cette affirmation, ils ont effectué un bilan énergétique complet d’Uranus. À partir des données d’observation datant de plusieurs décennies, les chercheurs ont donc examiné la quantité d’énergie que la planète :

  • reçoit du Soleil,
  • réfléchit sous forme de lumière solaire,
  • émet sous forme de chaleur.

Résultat ? « Uranus dégage environ 15 % d’énergie de plus qu’elle n’en reçoit du Soleil », dévoile le communiqué de presse de la Nasa. C’est aussi ce qu’a estimé une autre étude, financée également en partie par la Nasa.

« Nous devons maintenant comprendre ce que signifie cette quantité de chaleur résiduelle sur Uranus, ainsi qu’en obtenir de meilleures mesures », estime une des autrices de l’étude menée par Oxford. Affaire à suivre donc pour les chercheurs — pourrait-on dire enquêteurs –, anglais et américains.

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