La Nasa a utilisé une technique inédite pour réparer à distance une caméra embarquée sur la sonde Juno, en orbite autour de Jupiter. Endommagée par les radiations, elle a tout de même pu être manipulée avec succès.

Dans quelques semaines, le 5 août 2025, Juno fêtera le 14ème anniversaire de son lancement. Un âge adolescent déjà canonique pour une sonde spatiale, surtout alors qu’elle occupe depuis maintenant 9 ans une des zones les plus inhospitalières de notre système solaire : l’orbite de Jupiter.

C’est pourtant bien depuis la Terre que les scientifiques de la Nasa ont réussi à manipuler sa caméra, qui commençait à montrer des signes de fatigue. Une véritable prouesse à des centaines de millions de kilomètres de distance, qui ont nécessité d’importants efforts. L’opération a été détaillée lors d’une conférence à Nashville le 16 juin, mais elle a eu lieu quelques temps plus tôt, en décembre 2023.

Electronique + radiations = problèmes

Le problème est le suivant : JunoCam, la caméra couleur qui fournit les fameuses images de Jupiter régulièrement diffusées depuis des années, présente quelques soucis. Durant sa mission primaire qui correspondait à 34 orbites autour de Jupiter, tout s’est bien déroulé, mais depuis le 47ème tour autour de la planète, les scientifiques commençaient à recevoir des données corrompues, inutilisables. A la 56ème orbite, tout était à jeter à la poubelle.

Le problème fut rapidement identifié : la planète géante est connue pour émettre d’importantes radiations, les plus grandes de tout le système solaire. De quoi mettre à mal les équipements électroniques les plus vulnérables. Ici, c’était le régulateur de tension de JunoCam qui commençait à subir les conditions. Il s’agit d’un composant essentiel pour fournir de l’énergie à la caméra.

Mais, comment réparer un composant électronique à distance ? Pour cela, la Nasa a utilisé une technique courante sur Terre, mais moins dans l’espace : le recuit. Le principe est de chauffer petit à petit puis de refroidir un composant. Les opérateurs sur Terre ont donc demandé à JunoCam de monter sa température à 25 degrés Celsius. Ensuite, venait la partie la plus compliquée pour les scientifiques : l’attente.

La tentative de la dernière chance

Les semaines suivantes ont été pour le moins stressantes, surtout alors que la sonde s’approchait dangereusement de Io, la lune volcanique de Jupiter, qui rendrait les conditions encore plus difficiles. Devant l’urgence, il a été décidé de recommencer un processus de recuit, mais de manière beaucoup plus intense. Une pratique de la dernière chance, sinon JunoCam était condamnée.

Une semaine après cette dernière tentative, les images ont commencé à s’améliorer. A la toute fin de l’année 2023, alors que Juno se trouvait à 1 500 kilomètres à peine de Io, elles étaient presque aussi belles que lors de son départ, ce qui fut donc l’occasion d’obtenir des vues très détaillées de la surface volcanique.

La lune Io de Jupiter, vue de très près, par la sonde Juno. // Source : Nasa / Kevin M. Gill
La lune Io de Jupiter, vue de très près, par la sonde Juno. // Source : Nasa / Kevin M. Gill

JunoCam était sauvée, mais jusqu’à quand ? Les scientifiques avaient bien conscience que toute cette opération n’allait aboutir, au mieux, qu’à un prolongement d’une mission qui a déjà, depuis longtemps, dépassé toutes les attentes. Lors de son départ, les scientifiques espéraient faire au moins 8 orbites autour de Jupiter, personne n’était certain qu’elle pourrait aller au-delà.

Désormais, les images améliorées commencent à se détériorer à nouveau. La 74ème orbite a montré des données corrompues. Toutefois, ce n’est pas un échec pour autant : les scientifiques espèrent pouvoir utiliser à nouveau cette technique du recuit pour d’autres appareils en orbite, notamment les satellites autour de la Terre, qui verraient ainsi leur durée de vie augmentée à peu de frais.

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