Réanimer un cœur pour un don d’organe, voilà la prouesse à laquelle sont parvenus des chirurgiens aux États-Unis. Deux articles, publiés dans le New England Journal of Medicine le 16 juillet 2025, présentent deux techniques novatrices pour le don de cœur. Leurs particularités sont qu’elles contournent les principales barrières éthiques et financières qui dominent la greffe à ce jour.
Les méthodes développées par les deux équipes chirurgicales, l’une de l’Université de Duke et l’autre de l’Université Vanderbilt, permettraient ainsi d’augmenter considérablement le nombre d’organes disponibles pour la transplantation.
Les techniques actuelles de greffe de cœur, et leurs limites
Jusqu’à peu, la norme dans la transplantation consistait à greffer des organes à partir de donneurs en état de mort cérébrale. Cependant, cela réduit fortement le nombre de cœurs pouvant être greffés. Comme expliqué dans un article de la revue Nature, dans les cas de mort circulatoire (donc lorsque la personne est décédée une fois que son cœur a cessé de battre), les chirurgiens avaient, jusqu’à présent, deux options :
- Ils peuvent retirer le cœur du corps pour le brancher et le réanimer grâce à une machine spécifique. Toutefois, cette méthode est coûteuse (chez les adolescents et les adultes), en plus de « fournir une réanimation imparfaite et moins physiologique du cœur », explique le communiqué de presse de l’Université Vanderbilt. Par ailleurs, elle ne peut pas être appliquée sur le cœur des enfants, trop petits pour les machines de perfusion utilisées.
- Ils peuvent faire redémarrer le cœur à l’intérieur du corps, mais cette technique pose beaucoup de questions éthiques (et logistiques). Elle est donc généralement évitée par les centres médicaux
Aujourd’hui, les deux nouvelles méthodes présentées permettraient d’outrepasser ces difficultés.
Une nouvelle machine adaptée aux enfants
La première méthode, présentée par les chirurgiens de l’Université de Duke et s’appliquant particulièrement aux greffes chez les enfants, a été dénommée « la réanimation cardiaque sur table ». Ici, les chirurgiens « réaniment temporairement le cœur du donneur à l’extérieur du corps, sur une table chirurgicale à l’aide d’une machine cœur-poumon (oxygénation membranaire extracorporelle ou ECMO) — permettant aux chirurgiens d’évaluer la viabilité de l’organe avant la transplantation », détaille le communiqué de presse de l’Université de Duke.

Joseph Turek, l’auteur principal de l’étude, a déclaré dans ce même communiqué : « C’est un grand pas en avant dans la médecine de transplantation pédiatrique ». Avant de renchérir sur l’espoir suscitée par cette méthode : « La réanimation cardiaque à table pourrait considérablement élargir la disponibilité de précieux dons. » Il affirme même que cette méthode pourrait augmenter le pool de donneur de transplantation cardiaque de 20 %, aux États-Unis.
Le premier essai chez un enfant humain a d’ailleurs permis une transplantation réussie chez un bébé de 3 mois.
Une préservation du cœur par du liquide
La seconde méthode, fournie par l’Université Vanderbilt, pourrait être utilisée chez les adultes comme chez les enfants. Elle consiste à injecter une solution de conservation oxygénée froide dans le cœur, après le décès.
« La nouvelle méthode présente des résultats similaires aux méthodes existantes, mais elle est plus simple et beaucoup moins coûteuse », déclare le premier auteur de l’étude, Aaron Williams, dans le communiqué de presse de l’Université Vanderbilt. « C’est une expérience jamais réalisée avec succès dans le domaine de la transplantation cardiaque », renchérit-il. « Je pense que cela va vraiment changer la donne. Cette technique sera applicable dans le monde entier. »
Il ajoute que cette technique aurait permis de conserver des cœurs en mort circulatoire, jusqu’à 10 heures avant la greffe. Aujourd’hui, le centre médical de l’Université Vanderbilt l’a utilisé sur 20 transplantations. Toujours d’après ces déclarations, les résultats sont très positifs, semblables, voire supérieurs à ce qui se faisait jusqu’à présent. Il faudra encore d’autres études pour évaluer cette méthode sur d’autres organes comme le foie ou les reins, par exemple.
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