L’étoile Bételgeuse n’est pas seule. Un compagnon plus petit et discret qu’elle a été découvert tout près. C’est la confirmation d’une théorie basée sur des siècles d’observation.

On l’a cru condamnée à une explosion prochaine, mais finalement, Bételgeuse est toujours là. Mieux encore, l’étoile géante qui attire le regard de tous les scientifiques du monde n’est pas seule : un compagnon stellaire a été trouvé à ses côtés.

La découverte est détaillée dans une étude parue ce 21 juillet 2025 dans la revue The Astrophysical Journal Letters, et signée par des scientifiques américains de la Nasa. 

Un soupçon enfin confirmé

L’observatoire Gemini, à Hawaï, a enfin pu repérer une deuxième étoile, tout près de Bételgeuse. Il s’agit d’une étoile environ 6 fois moins brillante que sa voisine, mais aussi beaucoup plus petite. Si Bételgeuse se situe entre 500 et 1 000 fois la taille du Soleil, sa voisine a une masse à peine plus importante que notre astre (1,5 fois). Il s’agirait d’une étoile jeune, qui n’est pas encore parvenue à sa séquence principale, c’est-à-dire qu’elle n’a pas encore commencé à brûler l’hydrogène dans son cœur.

Les deux compagnons sont également plutôt proches l’un de l’autre : environ 4 fois la distance entre la Terre et le Soleil, ce qui est court à l’échelle d’une étoile aussi massive que Bételgeuse. C’est d’ailleurs la première fois qu’une deuxième étoile est trouvée aussi proche d’une supergéante.

Changements de luminosité de Bételgeuse. // Source : NASA, ESA, Elizabeth Wheatley (STScI)
Changements de luminosité de Bételgeuse. // Source : NASA, ESA, Elizabeth Wheatley (STScI)

Cette découverte sonne comme une confirmation pour bon nombre de scientifiques à travers le monde. Depuis des millénaires, le niveau de brillance de Bételgeuse est scruté, et l’humanité avait bien été témoin de changements sur le long terme. Notamment une variabilité sur 400 jours, et une autre période durant environ 6 ans. Des données qui avaient laissé croire au fil des siècles qu’il existait bien une autre étoile orbitant autour et masquant sa lumière à nos yeux.

Toutes ces théories avaient été mises de côté en 2019, lorsque Bételgeuse avait subi une baisse brutale de sa luminosité. Des modèles prédisaient alors qu’il s’agissait d’un signe annonciateur d’une futur supernova à venir, ce qui aurait signé la « mort » de l’étoile, mais aussi un spectacle magnifique à observer depuis la Terre pendant plusieurs mois.

Finalement, il s’est avéré que tout cela était dû à un nuage de poussière qui nous brouillait la vue, mais cet épisode a relancé l’intérêt pour Bételgeuse, et de nombreux télescopes ont été mobilisés pour percer enfin le mystère de ces fameux cycles, là où Hubble et Chandra n’avaient pourtant rien trouvé. En 2024, deux études avaient été publiées sur le sujet, d’abord en novembre, puis en décembre, avec des modèles qui prédisaient l’existence d’un compagnon, mais sans apporter la preuve ultime.

On a vu celui « que personne ne serait jamais en capacité de voir »

Pour y parvenir, les auteurs de l’étude ont compté sur Gemini, mais aussi sur une technique d’imagerie dite « Speckle imaging », qui se traduit en français par un terme un peu moins percutant : l’interférométrie des tavelures. L’idée est de combiner plusieurs images avec des temps de pose extrêmement courts, de l’ordre de la milliseconde. Ce qui a pour effet de gommer les perturbations atmosphériques et de voir apparaître les petits changements. Une technique utilisée notamment pour observer les taches solaires.

Ici, la méthode a permis d’enfin mettre le doigt sur le compagnon, alors même qu’il est bien moins brillant que sa voisine, et en plus extrêmement proche. Autant dire que le pari n’était pas gagné d’avance. Le principal auteur de l’étude, Steve Howell, a même déclaré dans un communiqué : « Les études qui prédisaient que Bételgeuse avait un compagnon croyaient que personne ne serait jamais en capacité de le voir. »

Désormais, alors que sa présence est confirmée, ce fameux compagnon pourra être étudié plus en détail par de futures observations. Le meilleur moment étant prévu pour 2027, alors qu’il sera plus loin de Bételgeuse et donc plus visible.

En revanche, il faudra faire vite, car ses jours sont comptés. Bételgeuse ne présente finalement aucun signe de supernova prochaine, mais ses forces de marée sont telles qu’elles arrachent de grande quantité de gaz à son voisin. Dans ces conditions, sa fin devrait arriver d’ici les 10 000 prochaines années.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+
Toute l'actu tech en un clien d'oeil

Toute l'actu tech en un clin d'œil

Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !


Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez la communauté Numerama sur WhatsApp !