Si la fécondation in vitro est une technique utilisée depuis un demi-siècle, c’est aussi un véritable parcours du combattant pour de nombreux parents, avec un fort taux d’échec. Une étude parue dans la revue The New England Journal of Medecine le 16 juillet 2025 fait état d’une nouvelle méthode qui pourrait réduire les risques.
Si la technique classique consiste à utiliser un ovocyte et des spermatozoïdes, ici les chercheurs ont choisi d’impliquer d’une tierce personne pour obtenir un autre ovocyte, détaille un communiqué de l’université de Newcastle upon Tyne.
Donner naissance sans transmettre la maladie
Mais, pourquoi faire intervenir une troisième personne, extérieure au couple ? Dans la majorité des cas, ces précautions ne sont pas forcément utiles, mais ici, les femmes voulant avoir un enfant souffraient de maladies. Plus exactement, d’un dysfonctionnement des mitochondries, qui empêche leurs cellules de fonctionner correctement, ce qui serait transmis à leur futur enfant à coup sûr. Il s’agit d’une maladie incurable qui touche une naissance sur 5 000 et qui provoque des insuffisances musculaires, des troubles de la vision et du diabète.
En revanche, le fait de faire intervenir un autre ADN élimine la maladie. L’idée était ainsi de fertiliser les deux ovocytes avec les spermatozoïdes, puis de retirer le noyau de la cellule reproductrice de la mère de l’œuf « contaminé », pour être placé dans le sain. Ainsi, le patrimoine génétique reste à 99,9% celui des parents, et la seule conséquence est de retirer la maladie.
Faire intervenir un donneur tiers est une grande étape dans les techniques de fécondation in vitro. Le Royaume-Uni a commencé le premier à mettre en place cette méthode à partir de 2015, et la première naissance a eu lieu dès 2016. Aujourd’hui, pour la première fois, cette nouvelle étude fait un premier bilan, alors que le processus a été tenté à plusieurs reprises.
Au final, 22 femmes ont subi le traitement, 7 sont tombées enceintes, et l’une d’elle a eu des jumeaux. Ce qui donne au final 8 bébés, dont 4 filles et 4 garçons toutes et tous en bonne santé. Deux d’entre eux ont gardé un peu d’ADN porteur de la maladie, mais avec entre 77 et 88 % en moins. Les autres en ont perdu entre 95 et 100 %.
Leur santé restera étroitement surveillée pendant les années à venir, afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de soucis sur le long terme.
Une technique critiquée sur le plan éthique
Si la technique semble efficace, elle est aussi extrêmement controversée, notamment dans des milieux religieux déjà souvent opposés au principe même de fécondation in vitro. Le Royaume-Uni a approuvé la procédure uniquement dans les cas à haut risque.
En France, l’Agence de biomédecine avait autorisé ce type de recherche en 2016, mais la Fondation Jérôme Lejeune l’avait alors attaqué en justice. Créée pour lutter contre la trisomie 21, cette fondation est surtout connue pour son opposition à l’IVG, à l’euthanasie et pour son tropisme extrêmement proche des milieux chrétiens conservateurs.

En 2021, l’Agence de biomédecine avait été condamnée par la Cour administrative d’appel de Versailles, qui a jugé ces recherches illégales.
Les praticiens spécialistes de cette méthode récusent d’ailleurs le terme de technique à « 3 parents », largement utilisé, estimant qu’il ne correspond pas à la réalité, puisque le troisième donneur ne contribue que très peu au patrimoine génétique de l’enfant. Cette appellation est aussi au cœur de l’argumentaire des opposants à cette technique.
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