La transition vers les énergies renouvelables, avec un objectif zéro émission nette de carbone pour 2050, vient aussi avec des avantages économiques. C’est ce que démontre une étude basée sur les données de ces dernières décennies sur le solaire et l’éolien.

« Il existe une idée fausse et répandue selon laquelle le passage à une énergie propre et verte sera douloureux, coûteux et exigera des sacrifices de notre part à tous, mais c’est tout simplement faux », alerte le professeur Doyne Farmer. Il est le coauteur d’une étude de l’université d’Oxford, publiée le 13 septembre 2022 dans la revue scientifique Joule.

Ces travaux démontrent que le passage aux sources d’énergie renouvelables n’est pas si coûteux. C’est même tout l’inverse : « Même sans tenir compte des dommages causés par le climat ou des avantages connexes de la politique climatique, la transition vers un système énergétique à consommation zéro d’ici à 2050 sera probablement bénéfique sur le plan économique », conclut l’étude.

L'énergie solaire est dite renouvelable. // Source : Pexels
L’énergie solaire est produite grâce à des panneaux photovoltaïques (ou centrales solaires thermiques) qui transforment les rayons du Soleil en électricité. // Source : Pexels

Parmi les « énergies renouvelables », cette publication en incorpore quatre types : le solaire, l’éolien, les batteries et l’électrolyse (hydrogène vert). L’avantage des projections menées par l’université d’Oxford : c’est un « modèle probabiliste » qui repose sur des données empiriques, c’est-à-dire qu’elles sont issues du terrain, ces dernières années, quant à ces quatre technologies. L’étude contient ainsi 45 ans de coûts de l’énergie solaire, 37 ans de coûts de l’énergie éolienne, 25 ans de données sur le stockage des batteries.

Les énergies renouvelables sont bénéfiques à plus d’un titre

L’étude présente trois scénarios : aucune transition, transition lente et transition rapide. Ce troisième scénario — décrit comme tout à fait crédible par les auteurs — postule un système énergétique proche du zéro carbone en 2050, avec 55 % d’énergies renouvelables en plus par rapport à nos jours. Si une telle projection advenait, les calculs démontrent que cela coûtera 12 000 milliards de dollars en moins que le système actuel reposant sur les énergies fossiles polluantes. En somme, cela coûtera toujours moins cher que de ne rien faire, en laissant le statu quo.

Un scénario additionnel a aussi été imaginé par l’étude, dans lequel le nucléaire joue un rôle prépondérant dans le remplacement des énergies fossiles. Mais ce scénario est jugé plus coûteux que ceux basés essentiellement sur des sources d’énergie renouvelables. L’énergie nucléaire concernait fin 2021 33 pays dans le monde, avec 436 réacteurs en exploitation. Le nucléaire a donc sa place dans le mix énergétique pendant la transition, mais l’étude considère que les énergies renouvelables restent un objectif à privilégier.

« Accélérer la transition vers les énergies renouvelables est désormais le meilleur pari, non seulement pour la planète, mais aussi pour les coûts énergétiques »

Rupert way

Rupert Way, l’un des auteurs, regrette sur le site d’Oxford que les précédents modèles aient surestimé les coûts de la transition énergétique, au point de « dissuader » certaines entreprises d’investir. « Il y a quelques années seulement, on estimait que l’objectif zéro émission d’ici à 2050 était si coûteux qu’il était à peine crédible, mais aujourd’hui, même les modèles les plus pessimistes admettent que cet objectif est tout à fait réalisable. »

Les technologies énergétiques dites « vertes » peuvent donc faire baisser les coûts et générer des économies nettes — tout comme fournir une sécurité énergétique. La rapidité de transition joue énormément, comme l’affirme Rupert Way : « Accélérer la transition vers les énergies renouvelables est désormais le meilleur pari, non seulement pour la planète, mais aussi pour les coûts énergétiques. »

Évidemment, ces considérations économiques s’ajoutent à celles écologiques, devenues incontestables, comme le rappelait le dernier rapport du GIEC, qui lui aussi insistait sur la nécessité d’agir vite et amplement.

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