Une étude dresse 6 scénarios possibles dans le mix énergétique entre les énergies renouvelables et le nucléaire, pour atteindre l’objectif d’une électricité bas carbone d’ici 2050.

RTE (Réseau de transport d’électricité) publie les principaux enseignements à retenir de son rapport « Futurs Energétiques 2050 », ce 25 octobre 2021. L’objectif du document est de dresser différents scénarios, permettant d’atteindre une électricité bas carbone en 2050 en France, tout en garantissant une sécurité d’approvisionnement.

Pour ce faire, les six scénarios présentent différentes modalités de « mix énergétiques » entre nucléaire et énergies renouvelables :

  • Scénario 1 : sortie du nucléaire en 2050, avec 100 % d’énergies renouvelables. Cela impliquerait d’accélérer le déclassement des réacteurs nucléaires actuels et pousser au maximum les énergies éoliennes, solaires et marines.
  • Scénario 2 : développement soutenu et majoritaire (87 %) des énergies renouvelables par rapport au nucléaire (13 %). Il n’y aurait aucune construction de nouveaux réacteurs. Les énergies renouvelables, portées par la filière photovoltaïque essentiellement dans ce scénario, seraient alors réparties de manière diffuse sur le territoire, signifiant une « mobilisation forte des acteurs locaux participatifs et des collectivités locales ».
  • Scénario 3 : même répartition que le scénario 2, avec une majorité d’énergies renouvelables (87 %) et une minorité de nucléaire (13 %) sans nouveaux réacteurs, mais ici ce serait porté par de grands parcs éoliens sur terre et en mer. Un tel récit nécessiterait une « logique d’optimisation économique et ciblage sur les technologies et les zones bénéficiant des meilleurs rendements et permettant des économies d’échelle ».
  • Scénario 4 : énergies renouvelables majoritaires (74 %), mais avec un programme de construction de nouveaux réacteurs nucléaires, « développés par paire sur des sites existants tous les 5 ans à partir de 2035 ». Les réacteurs de deuxième génération continueraient à être déclassés, signifiant qu’il faudra développer intensément les énergies renouvelables.
  • Scénario 5 : même type de scénario que le 4, mais le nucléaire prend une part plus importante (36 %) avec un programme plus rapide de construction de nouveaux réacteurs. Il faudrait toujours développer les énergies renouvelables intensément, mais la rapidité est moins exigeante.
  • Scénario 6 : c’est un récit 50/50. Dans ce scénario, le mix de production repose
    « à part égale entre les énergies renouvelables et le nucléaire à l’horizon 2050 ». Côté nucléaire, cela signifie que le parc existant doit être exploité plus longtemps, mais aussi qu’il faut développer le nouveau nucléaire.

À partir de l’analyse de ces scénarios, RTE en tire un certain nombre d’enseignements — à la fois des conclusions génériques, et d’autres qui dépendent du scénario qui sera finalement mis en œuvre.

Mixage énergétique. // Source : Montage via images Pixabay

Mixage énergétique.

Source : Montage via images Pixabay

Un développement significatif des énergies renouvelables nécessaire

Dans tous les cas, « atteindre la neutralité carbone est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables », confirme RTE. Mais il apparaît aussi, à la lecture du rapport, qu’il est judicieux de trouver un bon équilibre avec le nucléaire : « Se passer de nouveaux réacteurs nucléaires implique des rythmes de développement des énergies renouvelables plus rapides que ceux des pays européens les plus dynamiques. » Les scénarios où l’on trouve une majorité d’énergies renouvelables et/ou la prolongation des réacteurs nucléaires existants au-delà de 60 ans « impliquent des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050 ».

Sur le plan économique, les deux énergies ont du sens : côté nucléaire, « construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent du point de vue économique, a fortiori quand cela permet de conserver un parc d’une quarantaine de GW en 2050 », et les énergies renouvelables électriques quant à elles « sont devenues des solutions compétitives. Cela est d’autant plus marqué dans le cas de grands parcs solaires et éoliens à terre et en mer ».

Le rapport RTE en arrive à deux constats généraux :

  • Il insiste sur la faisabilité du projet d’une neutralité carbone d’ici 2050 : « le système électrique de la neutralité carbone peut être atteint à un coût maîtrisable pour la France ».
  • Pour l’horizon 2030 : « développer les énergies renouvelables matures le plus rapidement possible et prolonger les réacteurs nucléaires existants dans une logique de maximisation de la production bas-carbone augmente les chances d’atteindre la cible du nouveau paquet européen -55% net ».

En résumé, le rapport insiste sur « l’urgence » des métamorphoses nécessaires au bas carbone. Par exemple, il est écrit que, quel que soit le scénario, « les réseaux électriques doivent être rapidement redimensionnés pour rendre possible la transition énergétique ». RTE appuie sur la nécessité absolue de développer les énergies renouvelables, mais aussi sur le besoin de trouver un dosage avec le nucléaire, pour que les objectifs puissent être accomplis — d’après le rapport, une trop faible présence du nucléaire pourrait risquer de décupler le défi technologique et économique des énergies renouvelables, et rendre ainsi très difficile l’atteinte des objectifs.

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