Le Portugal et l’Espagne maintiennent la pression sur la France et la Commission européenne pour obtenir un plan permettant de densifier les interconnexions de chaque côté des Pyrénées. Un réseau plus dense permettrait, selon Madrid et Lisbonne, de limiter les dégâts en cas de blackout comme celui survenu fin avril.

Il y a de la friture sur la ligne entre la France et la péninsule ibérique. En cause ? L’interconnexion transfrontalière en matière d’électricité de part et d’autre des Pyrénées. Depuis la panne électrique gigantesque qui a frappé l’Espagne et le Portugal fin avril, Madrid et Lisbonne sont à l’offensive pour contraindre Paris à se remuer sur ce dossier.

C’est ce qu’a encore montré l’intervention de Maria da Graça Martins da Silva Carvalho, la ministre portugaise de l’Énergie, dans une interview au Financial Times le 18 mai. Pour faire bouger les lignes, Lisbonne en appelle à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au motif qu’il s’agit d’un sujet relevant du marché unique.

« C’est une question européenne, pas un différend entre trois pays », a-t-elle ainsi indiqué au quotidien britannique. Un message qu’elle a répété le 21 mai dans un entretien à Contexte, en insistant sur le rôle « crucial » de Bruxelles pour arrimer plus solidement le Portugal et l’Espagne au reste du réseau électrique européen.

Pas assez de lignes d’interconnexion aux yeux de Madrid et Lisbonne

La péninsule ibérique est raccordée par six lignes d’interconnexion qui font la jonction entre l’Espagne et la France. Une septième liaison (« Golfe de Gascogne ») est en train d’être bâtie, pour une entrée en service en 2028, selon le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, RTE. À ce moment-là, le niveau d’échange sera de 5 gigawatts (GW).

Des liens insuffisants aux yeux de Madrid et Lisbonne. La zone est d’ailleurs parfois qualifiée d’île énergétique pour souligner son relatif isolement. En 2020, la Commission considérait que ces deux pays étaient insuffisamment reliés à leurs voisins, comme six autres pays (Chypre, Pologne, Italie, Irlande, Roumanie et France).

électricité courant énergie
Source : Andrey Metelev

Ce faible nombre de lignes est vu par Madrid et Lisbonne comme un moyen pour Paris d’empêcher l’afflux d’énergie solaire et éolienne à bas coût sur son marché national, relève Politico — une lecture contestée côté français. La France, contrairement à ses deux voisins plus sud, repose sur un mix qui fait la part belle à l’énergie d’origine nucléaire.

Malgré les formes mises dans les récentes interventions de la ministre portugaise pour souligner que l’enjeu est d’être « tous intégrés » et de pouvoir « mutuellement résoudre les problèmes », une relative contrariété transparait depuis quelques semaines. Si le blackout n’est pas la faute de Paris, le retour à la normale aurait pu être plus rapide avec une bien meilleure intégration au reste de l’Europe. Et donc, à la France.

Maria da Graça Martins da Silva Carvalho a indiqué à Contexte avoir eu le sentiment que le Danois Dan Jørgensen, en charge de l’énergie au sein de la Commission européenne, a été réceptif à cette problématique. En Espagne, la ministre de l’Énergie Sara Aagesen a adressé un courrier au commissaire le 21 mai pour réclamer « une nouvelle impulsion politique » sur ce dossier. Un autre doit aussi être envoyé à Paris.

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