Si vous errez depuis des heures sur votre application Netflix en espérant trouver un film à regarder ce soir, vous êtes au bon endroit. Le catalogue de la plateforme peut parfois sembler interminable, mais il possède également des petites pépites du septième art, souvent cachées par un algorithme qui ne s’avère pas toujours d’un grand secours.
Pour vous aider dans ce choix cinéphile, nous avons sélectionné sept films qui méritent le coup d’œil pour leur esprit critique aiguisé et leur propos politique fort. Qu’ils soient directement produits par Netflix ou non, ces longs-métrages vous plongeront dans une brume inquiétante, dans l’enfer des violences conjugales ou au cœur de la création artistique. À vos « Toudoum » !
Jusqu’à la garde, le récit familial révoltant
Alors que 29 féminicides ont déjà eu lieu depuis le début de l’année, la thématique des violences conjugales reste d’une actualité indéniable. En 2018, Xavier Legrand s’emparait de ce sujet avec force, pour son premier long-métrage, Jusqu’à la garde. Le film s’attarde sur le divorce d’un couple, formidablement incarné par Léa Drucker (Le Bureau des légendes) et Denis Ménochet (Grâce à Dieu). Malgré les accusations de violences conjugales portées par Miriam à son encontre, Antoine obtient tout de même de la justice la garde alternée de leur fils, Julien. La famille va être entraînée dans une spirale de manipulations et de menaces, aux conséquences dramatiques…
Jusqu’à la garde est un film puissant, aux plans-séquences d’une grande maîtrise, qui vous laissera probablement sans voix plusieurs minutes après sa conclusion. L’ambiance oppressante nous enferme avec ses personnages dans une escalade de la violence terrifiante, jusqu’à un final bouleversant. Vous ne sortirez pas indemne de ce drame, justement primé quatre fois aux Césars en 2019.
The Mist, le film d’horreur anti-capitaliste
Shining, Ça, La Ligne verte, Les Évadés… Les adaptations de Stephen King sont légion au cinéma et ont régulièrement laissé une empreinte indélébile dans le septième art. The Mist ne fait pas exception à la règle, avec un atout non négligeable : être adoubé par le maître King himself. Ce film est ainsi l’une de ses adaptations préférées et l’auteur a même adoré sa fin, pourtant très différente de la nouvelle originale.
Alors qu’il se rend au supermarché du coin avec son fils, l’artiste David Drayton se retrouve piégé sur place, avec un groupe d’habitants locaux, par une brume surnaturelle, peuplée de créatures horrifiques… Avec sa critique de la société de consommation, du capitalisme, et des dérives religieuses, The Mist nous cloue à notre canapé par son réalisme, davantage que par ses scènes d’horreur pures. Si les acteurs ne sont pas toujours très convaincants, le propos du film parvient à nous accrocher jusqu’à un twist de fin glaçant et durablement marquant, resté culte.
L’Arnaqueur de Tinder, le documentaire sur un escroc flippant
À sa sortie, ce film était partout. Et pour cause : son histoire est édifiante. Cecilie rêve du prince charmant et swipe régulièrement sur Tinder pour le trouver. Un jour, elle tombe sur le profil parfait : celui de Simon, séduisant milliardaire qui lui promet monts et merveilles. Mais le conte de fées prend rapidement fin lorsque l’homme d’affaires israélien commence à lui emprunter de l’argent, beaucoup d’argent…
Basé sur les témoignages glaçants de plusieurs de ses victimes, L’arnaqueur de Tinder dresse le portrait d’un escroc aussi lamentable qu’astucieux. Dans la lignée de séries comme Inventing Anna, Netflix explore à nouveau notre amour pour les faits-divers improbables et les voleurs captivants. Comme d’habitude, le rythme est soutenu, les rebondissements n’en finissent plus de tomber et le documentaire parvient à capter toute notre attention. Avec une petite satisfaction en prime : si l’arnaqueur est toujours libre, les femmes qui l’entouraient sont montrées comme des battantes, qui reprennent le pouvoir de leur vie malgré les dettes. Réjouissant.
The Lost Daughter, le voyage mélancolique et maternel d’Olivia Colman
Sur une plage grecque, Leda profite de ses vacances en solo. Fascinée par une jeune mère et sa fille, elle se rapproche alors dangereusement de leur famille, tout en se replongeant dans ses propres souvenirs de maternité. The Lost Daughter est le premier film de l’actrice Maggie Gyllenhaal (The Dark Knight, The Deuce), adapté du roman d’Elena Ferrante, Poupée volée. Un récit autour de la difficulté d’être mère, d’une lenteur assumée, sublimé par une réalisation aérienne et lumineuse.
Un parti pris qui ne plaira clairement pas à tout le monde, mais qui pourrait convaincre les fans d’Olivia Colman. Avec ses rôles dans The Crown, Broadchurch ou La Favorite, l’actrice britannique est devenue incontournable. On aurait aimé qu’elle gagne un Oscar pour cette nouvelle performance, teintée de sa présence mystérieuse et bouleversante. Constamment à fleur de peau, la comédienne offre à son personnage une sensibilité, mais aussi une puissance magnétique.
Don’t Look Up, la satire écologique édifiante
Difficile de faire une sélection des meilleurs films sur Netflix sans parler du carton de la fin de l’année 2021. Réalisé par le talentueux Adam McKay (The Big Short, Vice), ce long-métrage imagine l’arrivée imminente d’une comète destructrice, directement dirigée vers la Terre. Alors que deux scientifiques tentent d’alerter la Maison-Blanche sur les risques écologiques de cette collision, les États-Unis vont se diviser en deux camps : ceux qui croient à la menace et les autres, qui crient au complot.
Ça vous rappelle quelque chose ? C’est tout à fait normal, Don’t Look Up est clairement conçue comme une métaphore satirique de la crise climatique actuelle. Alors que les rapports du GIEC sont chaque année plus alarmants et que les gouvernements internationaux semblent toujours détourner le regard, le propos du film fait dangereusement écho à notre triste réalité. Avec son humour grinçant, Don’t Look Up souligne avec malice l’idiotie de l’espèce humaine dans les moments les plus graves et parodie avec bonheur des personnalités du monde réel, de Donald Trump à Elon Musk. Ajoutez à cela les performances géniales de Leonardo DiCaprio, de Jennifer Lawrence et de Meryl Streep et vous tenez un chef-d’œuvre qui va booster votre conscience écologique.
Tick, Tick… Boom !, la plongée rock au cœur de la création musicale et du SIDA
À l’aube des années 1990, Jonathan Larson approche dangereusement de l’âge charnière des trente ans. Depuis sept ans, il peine à composer sa comédie musicale Superbia, sorte d’opéra rock dans un univers de science-fiction. Alors qu’il doit bientôt présenter sa création dans un workshop, il jongle entre l’amour, l’amitié, l’envie d’écrire un chef-d’œuvre et les factures à payer.
Réalisé par le talentueux Lin-Manuel Miranda (Hamilton, Encanto, Vaiana), Tick, Tick… Boom ! raconte l’histoire d’un grand auteur américain, tombé dans l’oubli : Jonathan Larson. Le compositeur de la célèbre comédie musicale Rent est décédé à tout juste 35 ans, avant même d’avoir pu profiter du succès de sa pièce sur scène. Andrew Garfield incarne avec passion cet artiste idéaliste et a très justement reçu le Golden Globe du meilleur acteur cette année. Une récompense largement méritée pour une performance aussi bouleversante qu’originale. Nous vous conseillons vivement de vous laisser tenter par Tick, Tick… Boom !, qui aborde aussi bien la difficulté de la création artistique que les bouleversements sociétaux des années 1990, à commencer par le SIDA. Une pépite pour tous les fans de comédies musicales.
The Power of the Dog, le voyage contemplatif dans les plaines néo-zélandaises
La Leçon de piano, Bright Star, la série Top of the Lake… Les œuvres de la réalisatrice Jane Campion sont régulièrement torturées et présentent des personnages aux parcours chaotiques. The Power of The Dog ne fait pas exception à la règle. En 1925, Phil et George sont deux frères que tout oppose : le premier est bourru, cruel et détestable, le second est raffiné, attentionné et sensible. À la tête de l’un des plus gros ranchs du Montana, ils jouent les cowboys virils. Mais lorsque George se marie à Rose, une jeune veuve, Phil décide de la tourmenter sans relâche…
Après des décennies à dépeindre des figures féminines complexes et tourmentées, Jane Campion s’attarde cette fois sur des protagonistes qui nagent en pleine masculinité hégémonique et toxique. La cinéaste dépeint les effets pervers d’une virilité excessive, exacerbée par le poids des conventions sociales. Sa réalisation lente et contemplative en rebutera certains, mais offre assurément une magnifique représentation des paysages néo-zélandais, sublimés par une lumière orangée. Le film a d’ailleurs reçu à juste titre l’Oscar de la meilleure réalisation, en début d’année. Mais The Power of the Dog bénéficie également d’un formidable casting : Jane Campion dirige notamment l’excellent Benedict Cumberbatch, dans le rôle de l’exécrable Phil. L’interprète de Doctor Strange trouve ici l’un des plus beaux rôles de sa carrière, aux côtés de Jesse Plemons (Breaking Bad), Kirsten Dunst (Fargo) et Kodi Smit-McPhee (X-Men : Apocalypse).
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