Si la Terre du Milieu ou la famille Stark vous manquent, vous pouvez désormais plonger dans The Wheel of Time. Adaptée de l’oeuvre de Robert Jordan, la série TV est visuellement magnifique, mais manque d’un brin de piquant pour se hisser à la hauteur de ses aînées.

Prenez les héros innocents du Monde de Narnia et plantez-les dans les panoramas à perte de vue du Seigneur des anneaux. Ajoutez une magie lumineuse à la manière d’Harry Potter et une menace ténébreuse comparable à celle de Game of Thrones. Mélangez délicatement et prononcez un sort, avant de tourner La Roue du Temps (The Wheel of Time).

Pour les amateurs d’heroic fantasy, ce nom ne sera pas inconnu, puisqu’il s’agit de l’une des sagas du genre les plus populaires. Avec 14 romans et un préquel, The Wheel of Time s’est vendue à plus de 85 millions d’exemplaires, soit autant que Game of Thrones (rien que ça). Si cette fresque épique reste méconnue en France, elle est donc pourtant considérée comme un monument pour ses fans. Et cette adaptation par Amazon Prime Video pourrait bien relancer l’intérêt pour les romans, riches d’un univers très étendu.

Un univers féministe, guidé par la magie

Dès les premières secondes de la série, nous sommes prévenus : « Le monde est brisé ». Pour en restaurer l’équilibre, une communauté de magiciennes puissantes, nommée Aes Sedai, doit retrouver le Dragon réincarné. Cet élu, prophétisé depuis des décennies, se trouve parmi quatre jeunes téméraires : le têtu et combatif Rand, la guérisseuse Egwene, l’humoristique Mat ou le forgeron Perrin. Problème : le Ténébreux tente également de mettre la main sur ces sorciers, pour les pousser à détruire la Roue du Temps.

Le scénario, similaire à une large majorité des œuvres de fantasy, possède pourtant de nombreuses singularités. Dans ce monde imaginaire, la magie existe, mais seules les femmes peuvent l’utiliser. A moins d’incarner le sauveur de l’humanité, les hommes, eux, sont dépossédés de tout pouvoir, par peur qu’ils ne l’utilisent à mauvais escient.

The Wheel of Time / La Roue du Temps // Source : Prime Video

The Wheel of Time / La Roue du Temps

Source : Prime Video

Un parti-pris féminin qui permet à The Wheel of Time d’explorer un propos féministe. Si la méfiance est parfois de mise, les femmes se rassemblent toujours dans une forme de sororité assez inédite dans le genre. En puisant notamment dans les mythologies des sorcières, la communauté Aes Sedai réhabilite des siècles de magie féminine, pour lui donner un pouvoir déterminant. Garantes de l’ordre du monde, ces femmes s’assurent également du bon fonctionnement de la Roue du Temps. Ce principe, qui régit l’univers de Robert Jordan, est un mélange de réincarnation et de destin : chaque être vivant possède de multiples vies à de multiples époques, déjà toutes tracées.

Lorsque l’on découvre cette œuvre aussi dense, on comprend ainsi pourquoi l’adaptation a tardé à voir le jour : difficile de résumer autant d’éléments en seulement quelques heures.

Une immersion et un casting réussis

Et pourtant, la série parvient à nous embarquer rapidement dans cette aventure fantastique. Cette première saison, centrée sur les trois premiers volets littéraires, opère des choix narratifs différents de son inspiration. Si, dans les livres, l’identité de l’élu est assez rapidement dévoilée, l’adaptation visuelle choisit de conserver le suspense sur plusieurs épisodes. Ce point de vue ajoute à l’immersion et permet au spectateur de prendre le temps de connaître chaque personnage jusque dans sa psychologie intime.

Le casting choral de la série est très convaincant // Source : Jan Thijs/Amazon Studios

Le casting choral de la série est très convaincant // Source : Jan Thijs/Amazon Studios

L’attachement aux protagonistes est d’autant plus profond que les comédiens choisis pour les incarner sont tous très convaincants. De Danniel Henney (Esprits criminels) à Madeleine Madden (Mystery Road), le casting déploie une diversité bienvenue. Même le Professeur de la Casa de Papel, Álvaro Morte, possède un petit rôle. Seule Rosamund Pike, pourtant excellente dans Gone Girl, dégage une impression de froideur déconcertante. Son interprétation de Moiraine, une puissante magicienne d’Aes Sedai, est si fade qu’elle tombe un peu à plat. Dommage pour une actrice vendue comme la star du programme.

Le successeur de Game of Thrones ?

Mais il est temps d’entrer dans le vif du sujet : que serait une série médiévale fantastique sans chevauchées épiques dans de grandes contrées ou des batailles sanglantes ? De ce point de vue, The Wheel of Time remplit parfaitement son contrat. Sur les cinq épisodes que nous avons pu visionner (la saison en compte huit), l’aspect visuel est bluffant. Les paysages sont à couper le souffle, les combats, magiques ou à l’épée, sont palpitants et les tavernes bondées et bruyantes réchauffent nos coeurs.

Les paysages de The Wheel of Time sont d'une grande beauté // Source : Jan Thijs/Amazon Studios

Les paysages de The Wheel of Time sont de toute beauté // Source : Jan Thijs/Amazon Studios

Tiendrait-on là le digne successeur de Game of Thrones ? Malheureusement, la réponse est négative. Si prenante soit la série, elle manque d’un petit je-ne-sais-quoi qui lui donnerait tout d’une grande. Les dialogues, notamment, sont si évidents qu’ils semblent parfois sortis d’une mauvaise série B. The Wheel of Time est si prévisible, que l’on peut aisément anticiper autant les morts à venir que la fameuse identité de l’élu. Mais la série a déjà été renouvelée pour une seconde saison donc la Roue du temps pourrait bien continuer à tourner avec succès.

Les trois premiers épisodes de The Wheel of Time sont disponibles sur Amazon Prime Video. Un nouvel épisode est en ligne chaque vendredi.

Le verdict

The Wheel of Time / La Roue du Temps // Source : Prime Video

La Roue du Temps

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Source : Montage Numerama

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