George R.R. Martin a glissé que jamais l’IA générative n’écrira la fin de The Winds of Winter ni, on le devine, la fin du Trône de Fer tout court. Mais l’auteur y parviendra-t-il lui-même ?

On ignore quand The Winds of Winter (Les Vents de l’hiver) sortira en librairie, mais on peut d’ores et déjà dire qui ne se chargera pas d’écrire la fin du roman — l’intelligence artificielle générative. C’est en tout cas la position de George R.R. Martin, l’auteur du cycle romanesque du Trône de Fer, qui a engendré la série télévisée Game of Thrones.

Le romancier américain a en effet déclaré « qu’aucun ordinateur ne pourra jamais écrire The Winds of Winter », a rapporté Collider le 25 novembre. Cette prise de parole a émergé alors qu’une affaire a éclaté ce mois-ci : une illustration de couverture pour une réédition du tome A Feast for Crows (Un Festin pour les Corbeaux) montrerait des signes d’IA générative.

George R.R. Martin à une convention, en 2014. // Source : Gage Skidmore / CC / Flickr
George R.R. Martin à une convention, en 2014. // Source : Gage Skidmore / CC / Flickr

Quatorze ans d’attente et une série TV plus tard

Les esprits taquins, évidemment, ne manqueront pas de dire que si une IA comme ChatGPT ou Google Gemini ne pourra jamais écrire The Winds of Winder, il n’est pas vraiment certain que George R.R. le puisse non plus. Ou plus exactement, qu’il soit en mesure de finir ce roman, et de boucler le tome final. Car les déceptions s’accumulent.

Voilà en effet plus de quatorze ans que le tome précédent, A Dance with Dragons (Une Danse avec les Dragons), est sorti et depuis, plus rien : la saga est à l’arrêt. Le comble, c’est qu’il y a quand même eu entretemps une adaptation télévisée des romans, en huit saisons, avec une année de pause, ainsi qu’un épilogue — certes, diversement apprécié.

Daenerys dans Game of Thrones. // Source : HBO
Dans l’intervalle, on a eu droit à une série TV complète. // Source : HBO

Il est vrai que le tome The Winds of Winter est annoncé comme copieux, avec environ 1 500 pages — jusqu’à présent, la pagination des intégrales se situait entre 800 et 1 200 pages, en fonction du volume. Officiellement, selon un point de situation en 2022, il aurait déjà rédigé aux alentours de 1 100 à 1 200 pages.

La difficulté, cependant, c’est que George R.R. Martin a tendance à revenir constamment sur son ouvrage pour ajuster ici un chapitre, corriger là une intrigue. Or, à chaque fois qu’il bouge son édifice, il doit s’assurer que la cohérence et l’homogénéité demeurent. Résultat : les retouches ont tôt fait d’en entraîner d’autres, avec des effets en cascade.

L’hypothèse d’un autre écrivain ?

Même à supposer que The Winds of Winter sorte, il restera le problème du tome final, A Dream of Spring (Un Rêve de Printemps), et un auteur dont l’âge complexifie l’équation — George R.R. Martin a fêté ses 77 ans au mois de septembre. Et par ailleurs, le romancier apparaît très occupé, avec bien d’autres projets qu’il conduit en parallèle.

Dans cette affaire, peut-être que la clé viendra d’une troisième voie : celle de recourir à un autre écrivain, choisi avec soin. Par exemple, dans le cycle de La Roue du temps, le romancier Robert Jordan est décédé sans avoir pu finir son histoire. Il avait laissé cependant des indications pour qu’un autre auteur, Brandon Sanderson, boucle le récit.

Dans un autre genre, Stieg Larsson a écrit la trilogie Millénium avant de, lui aussi, décéder. Cependant, deux autres trilogies ont vu le jour par la suite, de David Lagercrantz et Karin Smirnoff. On pourrait aussi mentionner Dune de Frank Herbert, avec des prolongements et des préquelles de son fils Brian Herbert et de Kevin J. Anderson.

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