L’interdiction de certains télécrochets par les autorités chinoises en septembre 2021 a laissé un grand vide chez les téléspectateurs fans de concours télévisuels de chant et de danse. « Les chaînes de télévision et les plateformes en ligne ne doivent plus diffuser de programmes qui développent l’idolâtrie ou des émissions de variété et de téléréalité », indiquait alors l’Administration nationale de la télévision et de la radio dans un communiqué.
Ces émissions étaient notamment critiquées pour leur influence néfaste poussant certains fans à des comportements irrationnels. Mais une tendance comblant ce manque connaît un succès retentissant depuis quelques mois sur le TikTok chinois, Douyin. Il s’agit du « tuanbo » soit « diffusion de groupe en direct », en français.
TikTok comme nouveau télécrochet
Le concept ? De jeunes danseurs en quête de célébrité exécutent des chorégraphies par groupes de cinq ou huit en direct sur Douyin, espérant recevoir des dons du public. Le public, à travers des commentaires et des votes, peut même décider en temps réel qui reste sous les projecteurs et qui disparaît, car la caméra se focalise souvent sur le visage d’un danseur. Cette tendance n’est pas sans rappeler les lives NPC apparus sur le TikTok occidental en 2023. Des tiktokeurs reproduisaient des mimiques de personnages NPC – pour « Non-Playable Character », des personnages contrôlés par le jeu – contre de la monnaie virtuelle achetée sur le réseau social.
Pour beaucoup, le tuanbo est un moyen de percer : les influenceurs les plus populaires peuvent décrocher des contrats dans l’univers de la téléréalité, des rôles dans des films voire participer à des tournées. Ce business florissant est estimé à plus de 15 milliards de yuans – un peu plus d’1,8 milliards d’euros – pour l’année 2025, porté par plus de 5 000 studios prêts à tout pour capter un fragment de gloire, comme le rapporte le média d’État chinois Sixth Tone.
Si cette trend cartonne, c’est grâce à l’interactivité qu’elle permet entre le public et les influenceurs et qui n’existe pas forcément avec les pop stars traditionnelles. Un petit cadeau ou un commentaire peut leur valoir une mention personnalisée, voire un message privé.
Percer au prix de son bien-être ?
Pour autant, le média de la ville de Shangaï, City News Service, souligne les journées à rallonge que ces livestreams peuvent entraîner pour les danseurs, faites de répétitions sur 10 heures et de faibles rémunérations : la plupart des studios assurent un revenu de base de 8 000 yuans – près de 1 000 euros – aux influenceurs avec des variables plus ou moins conséquents selon le succès rencontré par les directs. Certains jeunes en quête de gloire sont cependant victimes d’arnaques.
Face aux abus, la version chinoise de TikTok a resserré la vis fin juillet. L’application a durci ses règles pour les diffusions en direct afin de chasser les shows sexualisés et les techniques pour extorquer des pourboires. Depuis le début de l’année, 54 groupes auraient été bannis de la plateforme.
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