Mécontents d’un article négatif du Parisien, qui associe à tort leur système d’exploitation au narcotrafic, les développeurs de GrapheneOS ont publié plusieurs centaines de tweets contre les pouvoirs français, qu’ils accusent de mener une campagne de harcèlement à leur encontre. La pression autour de cette affaire ne semble pas du tout redescendre.

GrapheneOS est en boucle sur un sujet : la France. Depuis le 19 novembre 2025, date à laquelle le journal Le Parisien a publié un article qualifiant le système d’exploitation open source de « botte secrète des narcotrafiquants pour protéger leurs données de la police », les développeurs du logiciel n’en finissent plus d’attaquer la France, les médias et les autorités. Numerama a compté : la page officielle de GrapheneOS a publié au moins 160 tweets sur le sujet en moins de 5 jours (les développeurs de GrapheneOS tweetent assez étrangement, en mélangeant de longues déclarations et de petites réponses à la chaîne).

Pour rappel, GrapheneOS est une version modifiée d’Android sans services préinstallés et sans accès automatique aux fonctions système pour les applications. Elle est conçue pour renforcer la vie privée et s’installe sur les smartphones Google Pixel.

Dernière annonce majeure : GrapheneOS, après avoir menacé tout le week-end de mettre fin à ses serveurs français, a débranché ses serveurs hébergés par OVH. « Nous n’avons plus aucun serveur actif en France et poursuivons le processus de départ d’OVH », indique le compte officiel du projet sur X le 24 novembre. Dans les commentaires, beaucoup s’étonnent de la réaction impulsive de GrapheneOS, mécontent d’une couverture médiatique sans doute mal renseignée sur la nature de son projet. Les équipes de GrapheneOS affirment se sentir menacées par la politique autoritaire de la France et tentent de dissocier leur décision des articles de presse.

La communication de GrapheneOS est devenue agressive en quelques jours

Il y a encore quelques jours, GrapheneOS utilisait 15 serveurs OVH pour héberger ses projets, dont 2 en France. Le service a désormais totalement débranché ses serveurs français… et souhaite poursuivre son retrait d’OVH, à qui il reproche d’être français et soumis aux règlementations françaises. Pour remplacer OVH, GrapheneOS mise sur BuyVM, Vultr, ReliableSite, ou Tempest.

Si GrapheneOS tente de rassurer ses utilisateurs français en indiquant que le système d’exploitation sera toujours proposé en France, sa communication agressive est très étonnante… et peu rassurante. Il aurait été bienvenu de se contenter d’un ou deux communiqués, pour revenir sur la situation. La multiplication des attaques donne surtout l’impression que GrapheneOS est piloté avec impulsivité. Sa décision ne semble pas motivée par une concertation interne, mais par l’expression d’une rancœur.

Octave Klaba, le fondateur et patron d’OVH, n’a pas manqué de souligner cette contradiction : « La façon dont vous expliquez votre problème prête à confusion. À la lecture de votre tweet, on pourrait imaginer qu’un incident est survenu sur vos serveurs chez OVHcloud. Ce n’est pas le cas. Il ne s’est rien passé », indique-t-il. Pour rappel, l’élément déclencheur de cette polémique est un article du Parisien, qui a amené les équipes de GrapheneOS à dénoncer un autoritarisme français à leur encontre.

GrapheneOS dénonce (très maladroitement) un virage autoritaire de la France

Migrer tous ses serveurs pour un simple article est-il raisonnable ? À plus de 50 reprises (oui), GrapheneOS a tenté d’expliquer que les articles des médias n’étaient pas la raison de son départ d’OVH, mais que des « citations directes de hauts responsables policiers français » l’inquiétaient sur l’état de droit en France. L’entreprise semble craindre une saisie de ses serveurs si elle ne collabore pas, alors que son système d’exploitation ne fait rien d’illégal et que les reproches qui lui sont faits sont parfois faux.

Elle a parfaitement raison sur ce point : GrapheneOS est une version modifiée d’Android avec plus de contrôle sur les permissions système. La vie privée est un droit, même si les autorités françaises et européennes ont tendance à pousser pour pouvoir accéder aux données des utilisateurs. Un des éléments souvent remis en avance est Chat Control, le texte européen pour casser le chiffrement de bout en bout.

« Si les journaux et les médias français dans leur ensemble avaient pris notre parti au lieu de faire preuve d’un parti pris extrême à notre égard, nous partirions quand même »

GrapheneOS

« La France devient un État de plus en plus autoritaire », martèle GrapheneOS, qui indique que la France est « le pays le plus agressif d’Europe », en reprenant parfois quelques idées reçues, à la limite du complotisme, sur le pouvoir en place. Le principal problème est dans sa communication : même si GrapheneOS a sans doute raison sur de nombreux points, sa manière d’attaquer la France et les Français lui donne assurément une très mauvaise image. Il est difficile de prendre au sérieux une communication en 160 messages, y compris envoyés dans la nuit.

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