La guerre culturelle qui oppose les progressistes aux conservateurs de l’autre côté se déploie parfois sur des thèmes insoupçonnés. Dernier exemple en date, tout droit venu d’une décision prise par l’administration Trump : la typographie. Le problème ? Une police de caractères en vigueur est jugée un peu trop inclusive. Trop woke.
C’est ce que rapporte Reuters dans son édition du 9 décembre, sur la base d’un mémo interne. On y apprend que Marco Rubio, l’actuel secrétaire d’État (équivalent du ministre des Affaires étrangères en France), a réclamé que tous les documents officiels de la diplomatie américaine soient rédigés avec le traditionnel Times New Roman, et non plus Calibri.
Times New Roman, une police au style plus prestigieux
Ce n’est pas une histoire de goût personnel, mais une décision politique. Marco Rubio considère que l’emploi du Calibri, une police de caractères dessinée par Lucas de Groot en 2004, relève du gaspillage. Il suggère aussi en creux que cela a aussi pour effet de diminuer le prestige des écrits du département d’État des États-Unis.
« Afin de rétablir le décorum et le professionnalisme dans les documents écrits du département et de supprimer un autre programme DEIA inutile, le département revient à la police Times New Roman comme police standard », est-il indiqué dans le mémo. DEIA est un acronyme signifiant Diversité, Équité, Inclusion et Accessibilité.
On peut aussi y lire une politique visant à déconstruire une décision prise par l’administration précédente, sous la présidence de Joe Biden. En effet, celle-ci avait justement écarté en 2023 la police Times New Roman au profit de Calibri. La raison ? Celle-ci est perçue comme plus accessible et plus lisible pour les personnes souffrant d’un handicap visuel.
La police Times New Roman a en effet la particularité de rajouter au bout des lettres des empattements typographiques, qu’on peut considérer comme des fioritures stylistiques. C’est ce qu’on appelle une police serif (empattement, en anglais). À l’inverse, Calibri est une police dite sans-serif, qui n’a pas ces petites extrémités.
C’est donc la fin de la parenthèse Calibri au sein des Affaires étrangères aux USA, tant que la règle ne sera pas renversée. « Cette norme de formatage s’aligne sur la directive du président […] soulignant la responsabilité du département de présenter une voix unifiée et professionnelle dans toutes ses communications », est-il encore indiqué.
Microsoft, lui, a décidé dès 2021 d’abandonner Calibri comme police par défaut dans la suite bureautique Office, mais pas pour des raisons de croisade anti-woke. L’entreprise voulait renouveler sa typographie de base et c’est finalement Aptos (ex-Bierstadt) qui a été retenu. Une police qui est, elle aussi, sans-serif.
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