C’est une séquence télévisée qui restera probablement dans les annales des incompréhensions technologiques présidentielles. Le 10 décembre 2025, Donald Trump participait à une table ronde tournée vers le business, avec plusieurs membres de son administration, mais aussi les patrons d’IBM, de Dell, de HP ou encore Qualcomm.
C’est à cette occasion qu’un curieux échange s’est noué avec Cristiano Amon sur la 6G. Ce dernier est le patron de Qualcomm, l’un des équipementiers les plus importants de la téléphonie mobile — l’entreprise fournit notamment des modems qui servent à communiquer sur les réseaux 5G, et donc à profiter de l’ultra haut débit mobile.
Alors qu’il concluait sa prise de parole, Cristiano Amon a évoqué la 6G. « Nous nous sommes engagés à collaborer avec votre administration et avec la FCC », l’instance de régulation des communications électroniques aux États-Unis, a glissé le PDG, en promettant que son groupe va « accélérer le développement de la 6G ».
En ligne de mire ? La disponibilité de la 6G quand Los Angeles accueillera les Jeux olympiques d’été à partir de juillet 2028. Ce serait l’occasion de faire de l’évènement une vitrine technologique pour la tech américaine — et l’Amérique ne serait pas le premier pays à profiter de cette exposition pour mettre en avant son savoir-faire.
« Nous travaillons à son lancement mondial lors des JO de Los Angeles » a affirmé l’intéressé, bien qu’il s’agisse plutôt d’un déploiement embryonnaire : les infrastructures et équipements risquent de faire défaut. Toujours est-il que, selon Cristiano Amon, ce sera « une nouvelle occasion pour les États-Unis de prendre la tête de la prochaine révolution ».
« Ça vous donne une vue un peu plus profonde sous la peau des gens »
C’est alors que Donald Trump a rebondi, avec une réaction qui est en train de faire le tour des réseaux sociaux — en témoigne, par exemple, l’extrait partagé dans cette publication sur BlueSky. On y voit un Donald Trump se féliciter pour son action sur la 5G, avant d’esquisser un étrange parallèle entre la 6G et la… dermatologie.
Le passage, lancé à son auditoire, est le suivant :
« Alors ça y est, on est passés à la 6G maintenant. […] J’étais un leader sur la 5G, j’ai fait en sorte que ça se fasse, et maintenant, ils en sont à la six. Qu’est-ce que ça apporte, ça ? Ça vous donne une vue un peu plus profonde sous la peau des gens, pour voir à quel point elle est parfaite ? »
« Moi, j’aimais bien les appareils photo du bon vieux temps, ils avaient juste un petit truc sympa. Maintenant, ils montrent chaque petit… […] alors vous y êtes… la six arrive. Est-ce que ça s’arrête un jour ? Et qu’est-ce qui se passe ensuite ? Vous passerez à la sept, c’est ça ? Avant même que la six ne soit vieille, vous serez déjà à la sept. »
Le commentaire flou de Donald Trump ne suscite aucune réaction, hormis un Cristiano Amon qui au fil de l’échange confirme les dires du président.
Génération de réseau mobile vs définition d’image
L’hypothèse la plus plausible est que le locataire de la Maison-Blanche a pu se mélanger les pinceaux entre la 6G, qui est une génération de réseau, et la 6K, qui est une définition d’image. Il est vrai que le milieu de la tech regorge de sigles, d’acronymes et d’abréviations, et on peut vite les confondre ou ne pas connaître tous les termes du glossaire.
Dans la mesure où Donald Trump mentionne les vieilles caméras et les vieux appareils photo qui ne montraient pas chaque petit détail, il semble faire effectivement référence à la trajectoire de l’image numérique. Celle-ci, en effet, devient extrêmement fine et précise, avec un nombre et une densité de pixels toujours plus conséquents.
Le format 6K (6 144 par 3 456 pixels) est une définition d’image que l’on voit moins en comparaison de la 4K ou de la 8K. Il accompagne toutefois certains produits accessibles au grand public, comme la mini-caméra Blackmagic Design ou l’écran Pro Display XDR d’Apple. Certains plans de Rogue One ont même été filmés avec un capteur de ce type.
La 6G, c’est pour 2030
Pour ce qui est de la 6G, c’est un code pour désigner la génération de la téléphonie mobile. Celle-ci est plutôt attendue vers 2030 et on l’associe à l’hyper-connectivité, à l’expérience immersive et à la réplique numérique. Là encore, promesse est faite d’apporter des débits colossaux, au-delà du cran du Gbit/s.
Compte tenu du délai nécessaire qu’il a fallu pour déployer à grande échelle les précédentes générations (2G, 3G, 4G, 5G…), l’ouverture commerciale des réseaux à la 6G devrait plutôt advenir à partir de 2030 — outre la question de la disponibilité des bandes de fréquences, les infrastructures devront suivre, et il faudra des terminaux compatibles.
Là où la 6K ajoute des pixels à l’image, la 6G ajoute du débit aux liaisons sans fil. La première a une influence sur la netteté et le détail des images, la seconde intervient pour connecter les objets, réduire la latence et fournir des débits massifs. Une lettre de différence, mais deux domaines très différents de la tech.
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