Le leasing social (ou « voiture électrique à 100 € par mois ») était l’une des grandes promesses du gouvernement. Entre 2024 et 2025, le concept a évolué : il ne s’agit plus d’une voiture à 100 €, mais d’un leasing à moins de 200 € par mois. Et c’est sans doute là que le bât blesse.
À peine rouvert, le leasing social version 2025 affichait déjà des chiffres record. De quoi donner l’impression d’un carton plein. Sauf qu’en regardant cela d’un peu plus près, on s’aperçoit que la mécanique s’est grippée juste après les trois premiers jours. Même si le ministère du Transport se félicite des premiers résultats dans un communiqué adressé à la presse, il y a quand même de quoi s’interroger sur la pérennité d’un tel dispositif.
Le leasing social, un dispositif relancé en fanfare
Le leasing social a été relancé le 30 septembre 2025, pour 50 000 véhicules électriques livrés majoritairement d’ici à la fin de l’année, avec un budget d’environ 370 millions d’euros financé par les certificats d’économies d’énergie (CEE). Les constructeurs, pris de court l’année passée, ont beaucoup mieux préparé cette édition. Tous ont proposé dès l’été aux clients de s’inscrire sur des listes pour s’assurer d’accéder à l’un des véhicules éligibles. Le volume de clients potentiels a poussé les constructeurs à se montrer très confiants sur le succès de l’édition 2025, certains imaginant même que le leasing social pourrait ne durer que quelques jours avant d’être clôturé.

Dès les premiers jours, le dispositif a semblé remporter un gros succès : certains concessionnaires avaient d’ailleurs mobilisé les équipes pour saisir les dossiers sur la plateforme, les demandes se sont rapidement multipliées :
- 18 000 dossiers enregistrés à la fin de la première journée,
- Environ 30 000 dossiers au bout de trois jours,
- 41 500 enregistrements au 29 octobre, soit un mois après le lancement du dispositif.
L’emballement est rapidement retombé. C’était d’ailleurs une crainte que certains concessionnaires avaient rapidement évoquée début octobre : une fois traités les dossier des clients qui avaient fait part de leur intérêt durant l’été, ils n’avaient pas forcément d’autres candidats à l’offre.
Pourquoi le soufflé retombe
Sur le papier, tout était là pour faire un carton. Dans la réalité, le leasing social se heurte à plusieurs obstacles. D’abord, les conditions d’éligibilité refroidissent plus d’un candidat : revenus limités, distance domicile-travail à justifier ou usage professionnel obligatoire. Plusieurs dossiers ont été refusés pour quelques kilomètres manquants, de quoi agacer les candidats motivés à passer à l’électrique. Le dispositif exclut aussi de facto les étudiants ou les demandeurs d’emploi, pourtant parmi les plus concernés par la mobilité.

Ensuite, l’offre de véhicules reste contrainte. Les constructeurs partenaires du dispositif ont bien mis à disposition plusieurs modèles éligibles, mais ce sont souvent les versions d’entrée de gamme. Or, elles n’intéressent pas forcément les clients potentiels qui devront rouler 3 ans avec le véhicule. D’ailleurs, « l’après leasing social » est aussi ce qui inquiète les revendeurs sur deux points : la gestion des reprises, avec une masse de voitures d’entrée de gamme qui vont rentrer en même temps, et donc la rentabilité du dispositif pour leurs concessions.
À cela s’ajoute la question du coût psychologique : pour de nombreux ménages, 150 à 200 € par mois, même subventionnés, restent une somme conséquente. D’autant que le contrat impose un engagement d’au moins 3 ans, ce qui peut freiner des foyers fragiles ou réticents face à la technologie électrique. Un tel dispositif ne prend pas non plus en compte l’assurance et les éventuels frais de restitution à la fin du contrat. Le succès populaire promis s’est donc transformé en curiosité prudente, réservé à ceux qui sont en haut de la fourchette des revenus plafonnés.
Le plafond sera-t-il atteint ?
Du côté du gouvernement, on continue d’afficher un optimisme prudent : atteindre les 50 000 dossiers reste possible. En 2024, il avait fallu 6 semaines avant d’arrêter le dispositif, et nous n’en sommes encore qu’à 4 semaines en 2025. Néanmoins, on assiste actuellement plutôt à un recul du compteur, à cause de dossiers encore incomplets ou finalement inéligibles. C’est une bonne nouvelle pour les clients qui avaient pris le temps de la réflexion ou qui ne connaissaient pas encore le dispositif, ça l’est moins pour les constructeurs qui doivent parfois digérer un succès plus modéré que ce qu’ils avaient espéré.
La France doit servir d’exemple à d’autres pays pour mettre en place un système équivalent, mais elle peine à remplir les 50 000 dossiers alloués pour l’année, alors qu’il s’agit seulement de la seconde édition. Est-ce vraiment le bon signal à envoyer aux autres pays membres de l’Union européenne ?

Le leasing social offre une belle vitrine politique, mais il ne règle rien sur le fond : la question du coût réel de la voiture électrique pour les foyers modestes, ni celle de la dépendance aux subventions pour faire tourner le marché. Avec des critères très restrictifs, cette aide ne peut que s’essouffler rapidement, à moins que la population française continue de s’appauvrir à vitesse grand V d’année en année. Sinon, l’offre aura rapidement fait le tour du vivier de clients potentiels.
Le leasing social 2025 reste une opération séduisante sur le papier, efficace pour redorer l’image de l’électrique et booster le marché, mais encore loin d’un changement structurel dont la France a besoin. Et si avant de vendre cela sous le spectre d’un loyer attractif, e gouvernement expliquait simplement pourquoi la voiture électrique peut réellement faire économiser de l’argent ?
Enfin, une question va rapidement se poser : y aura-t-il une édition 2026 ?
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