On pensait que la Chine était l’adversaire. Renault y a trouvé un partenaire. Et peut-être une leçon d’efficacité industrielle. Cet édito de la newsletter Watt Else a été rédigé dans le vol retour de la Chine le 17 octobre.

Certains aiment faire la guerre et se cherchent sans cesse de nouveaux ennemis. D’autres voient dans autrui une opportunité de s’ouvrir à d’autres cultures et d’en tirer le meilleur. Qui a raison ? Après trois jours à suivre Renault en Chine, j’ai une idée plus précise sur le sujet. Et si vous vous demandez spontanément pourquoi le constructeur français a emmené une délégation en « territoire ennemi », j’y viens.

On ne va pas se mentir : la Chine est souvent diabolisée, au point même de susciter des réactions épidermiques à sa simple évocation. L’image que l’on en dresse est généralement peu flatteuse – voire rétrograde. Pourtant, malgré ses défauts, le pays a beaucoup changé et tout n’est pas à jeter, loin de là. Les constructeurs automobiles de tous horizons l’ont bien compris : les alliances technologiques avec des acteurs chinois sont de plus en plus nombreuses, et Renault ne fait pas exception. 

Prendre le train en marche

Renault ne vend pas de voitures en Chine et n’ambitionne pas de s’y mettre. La présence du groupe français est pourtant tout aussi stratégique, puisque ce qui l’intéresse, c’est l’écosystème chinois et toute l’émulation qui en émane. Et c’est pour avoir un aperçu du travail déjà accompli sur place – notamment avec le cas très concret de la Twingo et de deux futurs modèles – que j’ai fait le déplacement. Néanmoins, il faudra attendre le 6 novembre pour que je vous en dise plus sur Twingo. Désolée !

Bureaux Renault Group / ACDC à Shanghai // Source : Renault
Bureaux Renault Group / ACDC à Shanghai // Source : Renault

À moins de vivre dans une grotte, difficile d’avoir manqué le fait que le secteur automobile vit une révolution en Chine. Loin de l’image passée des spécialistes de la copie carbone, l’innovation est sur place un vrai moteur. Partie de rien, la Chine a appris des joint-ventures et n’a aucun mal à le reconnaître – tout comme le pays assume pleinement sa politique de subventions. Bref, l’élève a depuis surpassé le maître sur plusieurs sujets. Et c’est auprès de fournisseurs chinois que Renault puise désormais une partie de son inspiration.

Loin d’être considéré comme un petit poucet face aux géants locaux, Renault suscite au contraire une vraie curiosité. Les fournisseurs chinois — qu’il s’agisse d’ADAS, de chargeurs embarqués, de surfaces vitrées ou de smart cockpits — se pressent pour collaborer avec le groupe français. Chez Minth, EVtech, Fuyao ou Arcsoft (pour n’en citer que quatre), l’accueil a été enthousiaste : tous voulaient montrer ce dont ils sont capables.

ZD Energy a présenté ses robots chargeurs chez Renault Group Shanghai // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
ZD Energy nous a présenté ses robots chargeurs chez Renault Group Shanghai // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Une posture qui fait (inutilement) grincer des dents

L’idée que Renault puisse s’acoquiner avec des fournisseurs chinois aura sans aucun doute du mal à passer : une sorte de crime de lèse-majesté. Tout ceci n’est pourtant pas fait pour tourner le dos aux fournisseurs historiques, nous affirme-t-on du côté de Renault. Il s’agit surtout de gagner en compétitivité, en rapidité et en coûts… tout en challengeant au passage les concurrents établis. Les fournisseurs chinois apparaissent comme de redoutables adversaires qui ne craignent pas l’échec. Ils avancent vite, portés par une agilité que le secteur européen a depuis perdue, et c’est ce qui a décidé Renault à s’en inspirer.

Présentation du savoir-faire de Minth à Hangzhou  // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Présentation du savoir-faire de Minth à Hangzhou // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

C’est ainsi que la nouvelle Twingo verra le jour en moins de 24 mois, et 18 pour ses cousines, là où il faut un à deux ans de plus chez certains concurrents européens. Attention cependant : faire vite ne signifie pas bâcler. Les tâches sont optimisées, rien n’est procrastiné. Le projet est porté par ACDC, le centre de R&D de Renault en Chine, qui n’a pas hésité à débaucher chez les meilleurs. 

À travers ces nouveaux contrats et cette philosophie de travail venue de l’Est, Renault initie une relation gagnant-gagnant qui apporte un nouveau souffle à la marque. N’est-ce pas le meilleur que l’on puisse lui souhaiter si cela lui permet de prospérer ?

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