Une voiture électrique s’est vendue aux enchères pour 104 000 dollars. Une telle somme atteinte pour un modèle carburant aux électrons, ça ne peut qu’être un exemplaire du premier Tesla Roadster ? Eh bien non, la voiture est même encore plus vieille que ça.
Dans l’État de Georgie, aux États-Unis, quelqu’un s’est ainsi offert un bout d’histoire en achetant une GM (General Motors) EV1, rapporte The Autopian le 28 octobre 2025. Une auto vraiment pas comme les autres, au destin totalement tragique.
Un exemplaire de GM EV1 vendu en très mauvais état et à l’histoire mystérieuse
Comme on le remarque sur les photos, cette EV1 n’est plus du tout en capacité de rouler. D’ailleurs, le média américain qui a retrouvé l’annonce souligne que cet exemplaire de 1997 était vendu « sans clé, avec une vitre brisée et un capot bloqué ». Mais alors, comment se fait-il que les acheteurs se soient écharpés sur ce lot jusqu’à faire atteindre un prix à six chiffres ?
Grâce au numéro de série, il a été découvert que cet exemplaire vient de l’université publique de Clark à Atlanta. Et c’est là que cela devient intéressant. En réalité, General Motors n’a jamais vendu officiellement ses EV1, mais les louait pendant une durée limitée… avant de les rapatrier pour les détruire !
Malgré l’intérêt des clients et l’enthousiasme de la presse, GM a mis fin brutalement au programme et mis au rebut la majorité des EV1. Ainsi, sur les 1 100 exemplaires produits de 1996 à 1999, seulement 40 auraient survécu, donnés à des musées ou des universités, comme ce pourrait être le cas de l’exemplaire ici présent.
Si personne ne pouvait vraiment en être propriétaire, comment cette GM EV1 peut-elle être vendue ? The Autopian rapporte « que cette vente aux enchères est marquée comme une vente sur ordonnance du tribunal, ce qui signifie que la fourrière a obtenu l’autorisation des autorités judiciaires pour vendre la voiture aux enchères, car aucun propriétaire légitime ou créancier privilégié ne s’est présenté pour la réclamer ». Voilà de quoi entretenir un peu plus le mystère. À noter donc que le nouveau propriétaire sera le premier de l’histoire à posséder vraiment cette voiture. À moins que GM n’intervienne d’ici peu pour la récupérer.
La GM EV1, une voiture avant-gardiste
General Motors n’a pas été le premier à s’aventurer sur le terrain des voitures électriques, mais on peut affirmer que l’EV1 était véritablement en avance sur son temps. Ce coupé deux places d’environ 137 ch était alimenté par une batterie plomb-acide de 18,7 kWh lors de la phase 1 (1996-1997), puis par une batterie nickel-metal hydride (NiMH) de 26,4 kWh en phase 2 (1999). De quoi offrir une autonomie de 89 km pour les premiers exemplaires, jusqu’à 228 km pour les derniers modèles.
Le déverrouillage de l’EV1 pouvait se faire via un pavé numérique sur le montant de la porte, tandis que la recharge était soit par induction en insérant une sorte de galette entre les phares, soit par un câble traditionnel. La voiture faisait également partie des premières à proposer un freinage à récupération d’énergie et des pneus à faible résistance. Elle embarquait même une pompe à chaleur pour la climatisation !
Cela n’a pas empêché GM de mettre fin au programme en 2003, implorant un manque de rentabilité. Le constructeur commença à rapatrier les EV1 en circulation, alors que des clients manifestaient toujours leur intérêt pour la voiture, allant même jusqu’à envoyer des chèques directement à la marque pour la lui racheter. Des manifestations ont même eu lieu pour protester contre la destruction des véhicules.
Le plus étonnant dans l’affaire est que GM a non seulement tué un programme qui aurait pu le propulser dans une autre dimension, mais l’a également enfoui sous le tapis, faisant comme s’il n’avait jamais existé. Pour en savoir plus, un documentaire nommé Who Killed The Electric Car? réalisé par Chris Paine retrace l’histoire de cette voiture étonnante. Malheureusement, il est disponible sur Prime Video, mais pas en France.
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