Bluffante sur le plan du design, assez impressionnante sur les finitions et redoutable en termes de performances, la Yangwang U9, supercar électrique de la marque haut de gamme de BYD, prouve que le luxe automobile ne se conjugue plus seulement en allemand ou en italien.

Le choc visuel a été immédiat. En posant mes yeux sur ce modèle, l’excitation a pris le pas sur la raison. Cette Yangwang U9 ne plaira pas forcément à tout le monde, mais elle ne laissera normalement pas indifférent. Au-delà de son look, ce modèle est aussi un concentré de technologies.

J’ai eu l’occasion de m’installer à bord de la U9 dans une concession Yangwang de Shanghai, et j’ai pu assister à des démonstrations de certaines fonctionnalités plus ou moins gadget. Sans permis chinois, il n’a pas été possible d’en prendre le volant, mais ce n’est probablement que partie remise.

Concession Yangwang de Shanghai // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Concession Yangwang de Shanghai // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Un design qui ne cherche pas à copier

Loin des caricatures passées, la Yangwang U9 s’impose par son allure sculptée, ses portes en élytre et une posture digne d’une McLaren 750S. Malgré tout, ce n’est pas une voiture qui veut ressembler à, c’est une voiture qui assume son identité. Celle de représenter le haut de gamme électrique d’une marque chinoise. Le modèle est quand même particulièrement costaud pour cette catégorie de supercars : 4,97 m de long, pour plus de 2 m de large. C’est bien plus long qu’une McLaren, Rimac ou une Ferrari.

L’habitacle suit aussi la même logique en voulant s’imposer comme un véhicule de luxe. L’intérieur est ce qu’il faut de minimaliste et élégant pour donner une première impression à la hauteur. La finition alterne entre différents matériaux appréciés dans ce type de modèle : Alcantara, cuir et carbone. Les sièges offrent un bon maintien et des réglages électriques.

Intérieur de la Yangwang U9 // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Intérieur de la Yangwang U9 // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

L’aspect paraît particulièrement soigné à première vue, mais quelques détails trahissent encore un positionnement perfectible. Le diable se cache dans les détails, et jamais, nous n’aurions eu des commandes de vitres qui ressemblent à des boutons en piano black dans une marque de luxe, il en va de même pour l’espace sous l’écran central de forme très étirée. D’ailleurs, le modèle d’exposition de la concession montrait une usure de ces pièces, et ça, ça ne fait pas vraiment luxe. Il y a encore une petite marge de progression entre « faire comme du luxe » et « être un véhicule de luxe ».

On sent que BYD veut faire oublier son image de constructeur généraliste pour se hisser dans la cour des grands avec sa marque Yangwang. L’ensemble respire l’envie de bien faire, sans tomber forcément dans le tape-à-l’œil ni la surcharge technologique. Les écrans, surtout celui d’instrumentation, font même un peu trop basique. C’est une très bonne base de travail, mais les constructeurs historiques du luxe ne trembleront pas encore sur la qualité perçue. Après, le tarif n’est pas celui des modèles des acteurs du luxe, c’est important de le rappeler puisqu’un tel modèle est vendu environ 200 000 € en Chine (1,68 million de yuans).

Yangwang U9 : une ligne musclée  // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Yangwang U9 : une ligne musclée // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Pas juste une coquille vide, sa technologie impressionne

Sous cette carrosserie, la U9 abrite l’un des systèmes de suspension les plus fous du moment : le DiSus-X, développé en interne par BYD. Ce dispositif gère en temps réel la hauteur de caisse et les mouvements du châssis — au point de permettre à la voiture de bondir de plusieurs centimètres. Un gadget pour TikTok ? Pas seulement : c’est aussi ce qui lui offre une stabilité redoutable en courbe et une agilité inédite.

Rien que les portes en élytres de la U9 font leur effet // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Rien que les portes en elytres font leur effet // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Difficile d’échapper aux démonstrations de ce qui fait sa différence sur le marché automobile. Nous avons ainsi pu voir la voiture tourner à 360° sur elle-même (ou presque). Cette fonctionnalité dite de « tank turn » existe aussi sur le gros SUV U8 de la marque et cela arrive aussi avec la marque Denza. La voiture y laisse du pneu, mais il doit être possible d’y trouver un vrai intérêt dans les embûches du quotidien au-delà de vouloir simplement frimer.

Plus spectaculaire, la Yangwang U9 peut sauter sur place, comme lancée en pleine accélération pour éviter un obstacle sur la route (mais pas évident de viser le bon moment). Même si cela n’apparaît pas forcément utile au quotidien, cela démontre le travail réalisé sur les suspensions. Il faut faire décoller l’engin qui n’est pas vraiment un poids plume, c’est quand même étonnant.

à bord de la Yangwang U9 // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
à bord de la Yangwang U9 // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Enfin, la U9 aime se dandiner au son de musiques préenregistrées. Certains propriétaires aiment utiliser cette fonctionnalité de danse pour frimer aux feux rouges, il faudra juste éviter de confondre la berceuse et les morceaux les plus rythmés. Très sincèrement, c’est impressionnant les premières fois, cela devient un peu agaçant au bout de la dixième répétition : un peu comme le light show Tesla.

La version que nous avons pu approcher n’était pas la radicale Xtrem qui a battu le record du monde de vitesse (496 km/h), mais une configuration standard déjà explosive avec 1 300 ch (955 kW) grâce à quatre moteurs électriques indépendants. L’accélération, les relances et la gestion du couple sont apparemment dignes d’une GT italienne, avec un raffinement de conduite que peu de marques chinoises avaient osé atteindre jusqu’à présent.

Yangwang à la conquête de l’Europe ?

BYD, champion du volume, a créé une filiale capable de rivaliser avec des marques dont le prestige repose sur un siècle d’histoire. Les marques de luxe européennes voient leur dernier pré carré en Chine grignoté par des acteurs comme Yangwang. Et à environ 200 000 € en Chine, la U9 vient semer le doute dans un segment où les prix flirtent souvent avec les 300 000 € et plus.

Personnalisation de la Yangwang U9 // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Personnalisation de la Yangwang U9 // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Les prix en Chine ne seront pas ceux en Europe, et l’impact qu’elle a sur le marché chinois risque de ne pas avoir le même effet si ce modèle arrive en Europe à un tarif bien plus élevé. N’imaginez pas que Yangwang ne débarquera pas en Europe, le groupe y songe déjà. La priorité est néanmoins d’abord donnée à l’implantation de la marque Denza en Europe, une marque premium qui veut séduire les clients de Porsche ou Jaguar.

Ce que réussit Yangwang, c’est bien plus qu’un coup d’éclat esthétique. C’est la démonstration qu’une marque chinoise peut concilier performances extrêmes, design cohérent et finitions premium. L’Europe ferait bien d’y prêter attention : la U9 n’est pas une vitrine pour salons, c’est un produit fini, industrialisé et qui roule déjà.

Copie d'un autre modèle ou création originale cette Yangwang U9?  // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Copie d’un autre modèle ou création originale cette Yangwang U9? // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Difficile en tout cas de rester de marbre face à une voiture comme la Yangwang U9. Elle n’est pas un véhicule sans âme, elle trahit aussi un vrai savoir-faire. On peut encore ironiser sur « la supercar chinoise », mais à ce niveau de finition et de performance, le sourire devient nerveux. BYD ne joue plus dans la cour des apprentis, elle joue pour gagner.

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