Des Tesla jusqu’à la dernière BMW iX3 tout juste dévoilée, beaucoup de voitures électriques sont désormais équipées de ces poignées partiellement ou totalement dissimulées dans la carrosserie. Mais la Chine pourrait bien siffler la fin de cette mode.

Difficile de nier le phénomène : les poignées de porte affleurantes se retrouvent sur de plus en plus de voitures électriques, mais pas uniquement. Ce qui était autrefois réservé aux concept-cars ou aux modèles de prestige s’est largement popularisé sur les voitures du quotidien – pour le meilleur et surtout pour le pire.

Ces poignées, devenues une signature de nombreuses voitures électriques pour des raisons souvent fallacieuses, posent des problèmes, notamment de sécurité. C’est ce qui incite aujourd’hui les autorités chinoises à envisager leur interdiction, comme le rapporte CarNewsChina.

Une mode qui a séduit les constructeurs

Qu’elles sortent automatiquement à l’approche du propriétaire, qu’il faille les presser d’un côté ou les tirer de l’autre, ces poignées sont devenues un symbole de modernité… et généralement un cauchemar d’ergonomie. Tesla en a fait sa signature, mais les autres constructeurs voulant être dans le coup ont largement suivi le mouvement. Même des généralistes chinois les ont intégrées pour afficher un vernis « technologique ».

On vous fait découvrir le nouveau BMW iX3 // Source : Fabian Kirchbauer pour Numerama
Des poignées affleurantes aussi pour le tout nouveau BMW iX3. // Source : Fabian Kirchbauer pour Numerama

Purement esthétiques, elles sont parfois intégrées pour cette seule raison. D’autres constructeurs justifient leur choix comme un avantage pour l’aérodynamisme, et donc l’efficience des modèles concernés. Le problème, c’est que l’apport aérodynamique de ces poignées est anecdotique. Selon une étude chinoise, ces poignées ne réduisent le coefficient de traînée que de 0,005 à 0,01 Cd, soit une économie de quelques centimes aux 100 km.

Un choix qui n’a pas que des avantages

Derrière ces poignées se cachent en fait une complexité mécanique insoupçonnée, et qui dit mécanique complexe dit potentiel souci de fiabilité, ce qui engendre souvent des frustrations d’usage lorsque cela ne fonctionne pas correctement.

Le président de Great Wall Motor a critiqué ce système en affirmant « qu’à défaut de contribuer à réduire la résistance au vent, elles sont lourdes, mal étanches, bruyantes et doivent être entraînées électriquement, ce qui présente un risque pour la sécurité. »

Les problèmes se multiplient notamment en hiver pour les conducteurs qui roulent dans des régions où la neige, le gel et le verglas sont fréquents. Beaucoup de ces poignées ont tendance à rester collées par une fine couche de glace. Chaque hiver amène son lot de conducteurs de Tesla qui protestent sur les réseaux sociaux en tentant d’ouvrir leur portière, même si le manuel explique la marche à suivre.

Poignée de secours pour Tesla Model Y // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
La poignée de secours pour Tesla Model Y. // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Enfin, en cas d’urgence, elles peuvent compliquer l’intervention des secours. Quelques accidents graves ont mis en lumière le problème de ces poignées électroniques, même si un système mécanique existe pour garantir une redondance ; cela n’est pas aussi simple qu’une bonne vieille poignée mécanique. C’est dans l’ensemble un gadget qui a davantage servi le marketing que la sécurité ou le confort.

Les autorités chinoises veulent serrer la vis

Selon CarsNewsChina, les régulateurs chinois envisagent donc d’interdire purement et simplement ces poignées rétractables, ou à défaut de les encadrer beaucoup plus strictement. Les poignées semi-rétractables ne seraient pas forcément concernées. Derrière cette volonté, deux arguments : la sécurité et la fiabilité. Les autorités jugent qu’une poignée doit être intuitive, accessible à tout moment, et rester opérationnelle en toutes circonstances, ce qui n’est pas toujours le cas avec ces systèmes escamotables.

Si cette interdiction se confirmait, elle mettrait un sérieux coup d’arrêt à une tendance qui s’était imposée presque par mimétisme, sans vraie justification technique. Les constructeurs chinois, toujours prompts à s’aligner sur Tesla, devraient revoir leurs copies. Quant aux marques étrangères, elles devraient adapter leurs modèles au premier marché automobile mondial, ce qui reviendrait de fait à tuer la mode partout ailleurs.

La Chine est-elle en train d’établir les normes des voitures électriques de demain ? En quelques mois, le pays vient de valider de nombreuses normes bien plus strictes – et souvent justifiées – au point que l’on pourrait imaginer leur application se répercuter ailleurs dans le monde.

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