Même l’iconique Fiat 500 électrique n’a pas échappé au ralentissement des ventes. Ce n’est pas réellement étonnant alors que ce modèle fête déjà ses 4 ans. Pour les salariés de l’usine italienne, la conséquence est un arrêt de la production du modèle durant 4 semaines à partir du 13 septembre 2024, et donc du chômage technique.
Tout ceci ne va certainement pas améliorer les relations déjà tendues entre Stellantis et le gouvernement italien. Les dirigeants politiques italiens devraient rapidement reprocher à Stellantis de n’avoir rien fait pour protéger les salariés de l’usine. La situation était pourtant assez prévisible.
Une baisse de la demande pour l’électrique ou pour ce modèle de Fiat ?
Dans un communiqué cité par Reuters le 12 septembre, Stellantis indique que « cette mesure est nécessaire en raison du manque actuel de commandes lié aux graves difficultés rencontrées sur le marché européen des voitures électriques par tous les producteurs, en particulier les producteurs européens ».
La conjoncture actuelle contribue assurément au ralentissement des ventes du modèle. Cependant, ce n’est pas l’unique raison. Il semble un peu trop facile de blâmer le manque de demande de la part des clients, alors que les choix stratégiques autour du modèle sont décriés depuis quelques années déjà.
La Fiat 500e a été lancée en septembre 2020. Depuis, à part quelques nouveaux coloris, la gamme est restée inchangée. Elle est figée dans le temps jusqu’à une nouvelle génération, potentiellement pour 2025. Pendant que Renault a bien compris qu’il fallait rompre avec les cycles de vie de 4 ans (ou plus) sur les voitures actuelles, Stellantis semble toujours bloqué dans de vieux schémas. L’entreprise a même abandonné le principe de séries spéciales populaires, qui pouvaient relancer de manière éphémère la demande. La Fiat 500e de 2024 est identique techniquement à celle de 2020, comme si les batteries ou les moteurs n’avaient pas pu progresser depuis son développement.
Des remises comme seule réponse
En 2021, à son arrivée en France, le premier prix de la Fiat 500e était de 24 500 € et l’on trouvait des modèles bien équipés en dessous de 30 000 €, le tout avant bonus de 6 000 € à l’époque. Cela lui ouvrait un boulevard. Puis, le modèle a vu son prix flamber de plus de 5 000 €, combinaison des conséquences de la pénurie de semi-conducteurs, de la flambée des batteries et de la stratégie de « pricing power » chère à Stellantis. Il s’agit d’une méthode visant à positionner un modèle comme plus haut de gamme juste en augmentant son prix, sans rien changer d’autre, en dehors de la marge du constructeur.
La mini citadine s’affiche donc sans complexe à plus de 30 000 €, entre l’ancienne Twingo à 25 000 € environ et la Mini électrique à 34 000 €. Les amateurs du style continuent de craquer pour le modèle, mais le public est quand même de moins en moins large. Il faut de ce fait pousser des offres commerciales pour stimuler la demande.
La marque privilégie les remises plutôt qu’une baisse de prix effective. En France, la marque offre systématiquement 3 000 € de remise pour tous les acheteurs (sauf à ceux pouvant bénéficier du bonus écologique majoré à 7 000 €). Fiat essaye aussi d’attirer le client avec des offres de leasing particulièrement attractives entre 69 et 99 € par mois, selon les mois. Même cette ficelle ne marche plus aussi bien qu’avant. Sur les 8 premiers mois de l’année, les immatriculations de Fiat 500e en France sont en recul de 22 % par rapport à 2023, et ce, malgré la participation au leasing social en début d’année.
Morale de l’histoire : la Fiat 500e n’a jamais atteint les 100 000 unités par an espérées par la direction du groupe. Selon les données réunies par le site Italpassion, après une montée en cadence sur les deux premières années, le modèle a atteint son pic de fabrication en 2022 avec 66 000 modèles produits, avant de retomber à 65 000 exemplaires en 2023. L’année 2024 devrait être très éloignée de ce résultat. Durant le premier semestre, la marque n’a immatriculé que 20 000 modèles dans toute l’Europe, et probablement produit moins que cela.
Cela n’augure rien de bon pour les chiffres de l’année. Ne pas se remettre en question et ne pas faire évoluer le modèle n’est apparemment pas très à la mode chez Stellantis, qui blâme plutôt le marché. Comme ce ne peut plus être la faute des redoutables constructeurs chinois, il faut bien trouver d’autres excuses, plutôt que d’œuvrer à trouver des solutions.
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