L’agence de la protection de l’environnement américaine est sur le point d’annoncer un durcissement des normes en matière d’émissions de gaz d’échappement. Les voitures électriques devraient rapidement représenter plus de la moitié des ventes de véhicules neufs aux USA.

Le cliché des énormes pick-up américains avec leur gros moteur V8 pourrait bien être sur le point d’être balayé par les prochaines annonces de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) des États-Unis. Selon un article publié par le New York Times, l’EPA est sur le point d’annoncer ce mercredi 12 avril 2023 une petite révolution dans les habitudes de consommation automobiles des Américains. Les gros moteurs à combustion interne sont particulièrement dans le viseur de l’agence, qui veut faire baisser drastiquement les émissions polluantes du secteur des transports.

Comme pour l’Europe, les annonces à venir pourraient bouleverser le marché automobile US, poussant à une électrification massive en quelques années. La Californie a déjà initié le mouvement avec un objectif de 100 % de véhicules électriques en vente d’ici à 2030. Alors que d’autres États, comme le Wyoming et le Mississippi, cherchent à mettre des bâtons dans les roues de la voiture électrique.

Que se trame-t-il aux USA pour l’automobile ?

Face à l’urgence climatique, le gouvernement de Biden veut agir en faveur du climat. L’actuel président des États-Unis veut remettre le pays sur les bons rails après les allègements apportés pendant la présidence de Trump. La transition du secteur automobile est jugée comme trop lente, alors, en plus d’utiliser la carotte (différentes aides accordées par le gouvernement pour les voitures électriques), l’administration dégaine désormais aussi le bâton. Joe Biden avait déjà présenté un objectif assez ambitieux en 2021, indiquant que 50 % des voitures vendues serait des électriques d’ici à 2030.

Discours de Joe Biden chez Ford en mai 2021  // Source : Capture video White House
Discours de Joe Biden chez Ford en mai 2021 en faveur de l’électrique // Source : Capture video White House

Ce qu’il se murmure, c’est que les exigences contenues dans les textes seraient parmi les plus strictes au monde en matière de pollution automobile. Les nouvelles règles de l’EPA fixeraient une limite d’émissions pour le nombre total de nouvelles voitures vendues par chaque constructeur automobile durant une année. Un dispositif qui ressemble à la réglementation CAFE, votée en Europe en 2014. Ce règlement donne un plafond d’émission que les constructeurs ne peuvent pas dépasser annuellement. S’ils dépassent leur quota, ils sont lourdement sanctionnés financièrement.

Il ne s’agira à première vue pas simplement d’interdire la vente de voitures à essence ou d’obliger les entreprises à ne vendre que des véhicules à moteur électrique. Présentée ainsi au niveau fédéral, la loi pourrait être trop facilement rejetée. C’est pour que cela que l’EPA présente un texte impliquant un système de quotas lissés sur toute la gamme du constructeur. L’objectif du texte semble quand même que plus de 60 % des véhicules neufs immatriculés en 2032 soient électriques.

Pour donner un point de comparaison, en 2022, les voitures électriques n’ont représenté que 5,8 % de part de marché aux États-Unis. La France a déjà dépassé les 13 % de part de marché pour les VE. Cependant, la part des véhicules électriques a grandement progressé puisque ces modèles n’avaient que de 2 % du marché en 2020.

La voiture électrique au cœur de la prochaine présidentielle américaine de 2024

Si les personnes en faveur du climat vont se réjouir de l’annonce, le texte risque de lever d’importantes oppositions. Le débat pourrait même peser dans la prochaine élection présidentielle de 2024 aux USA.

Dans son article, le New York Times s’interroge quand même sur les capacités réelles du pays à pouvoir assurer cette transition. Le réseau de recharge est encore à l’état embryonnaire sur ce vaste territoire. L’emploi est aussi une préoccupation majeure dans le pays, dont le secteur automobile a déjà été durement touché par les crises passées. Enfin, les capacités de production des voitures électriques sont très loin de pouvoir honorer une telle demande. Plus de 1 million de véhicules sont vendus tous les mois aux États-Unis. La crainte de voir les voitures chinoises envahir leur marché national ne plait pas à l’administration Biden, qui veut absolument encourager la production locale, mais pourra-t-elle tenir la cadence ? Rien n’est moins sûr.

Après la Chine et l’Europe, il est normal de voir les États-Unis accélérer leur transition vers le 100 % électrique. Le sujet s’annonce par contre particulièrement brulant dans un pays où la voiture est presque aussi sacrée que les armes à feu.

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