Deux essais européens récents semblent démontrer que l’autonomie de la Toyota bZ4X fond à vue d’œil. Le résultat est bien trop éloigné des normes WLTP pour s’en satisfaire, surtout pour un modèle finaliste du prix de « car of the year ».

Toyota est reconnu pour sa fiabilité, en tout cas sur les modèles hybrides et thermiques. Avec son premier modèle 100 % électrique, la marque éprouve un peu plus de difficultés. Depuis son lancement, le bZ4X cumule quelques déboires, dont un risque de détachement de roue, qui a entrainé un rappel des véhicules livrés et un problème de recharge en condition hivernale. Deux essais européens récents (FDM le 25 novembre et Challenges le 30 novembre 2022) mettent en évidence un nouveau couac sur le modèle : une consommation excessive, allant jusqu’à diviser par deux l’autonomie annoncée par le constructeur.

Toyota a répondu au média danois FDM, en indiquant vérifier la situation, même si a priori rien n’est anormal sur le modèle. Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les acheteurs, encore moins quand on sait que le modèle est finaliste du trophée européen du « car of the year ».

246 km d’autonomie au lieu de 504 km sur le test FDM

Le test a été réalisé dans des conditions hivernales à 6° C et sur une autoroute danoise à une vitesse de 110 km/h. Le résultat de 246 km d’autonomie, au lieu de 504 km comme annoncé par le fabricant, correspond aussi à d’autres observations réalisées en Norvège et Suède, selon FDM.

Il est normal que la consommation sur autoroute, de surcroit en conditions hivernales, soit beaucoup plus élevée que l’homologation WLTP. L’homologation est réalisée à température régulée de 15-20° C, sur un protocole très normé, qui ne contient qu’une petite partie correspondant à la circulation sur autoroute. Si Toyota est rattrapé par ces tests, c’est parce que la différence entre l’homologation et les tests en conditions réelles dépasse 50 % d’écart.

Toyota BZ4X // Source : Toyota
Des consommations qui s’envolent pour le Toyota BZ4X. // Source : Toyota

Volkswagen, Mercedes ou Tesla tournent autour de 30-33 % de consommation en plus, sur le même exercice. Cela donne une tendance de ce que l’on peut attendre d’autres voitures électriques de génération équivalente. Le Toyota BZ4X, et par extension son clone le Subaru Solterra, s’illustrent par le plus mauvais résultat de la catégorie. Le problème de recharge ne devrait pas affecter les véhicules européens, car il concerne la batterie LFP, que nous n’avons pas sur notre marché. Toutefois, cette autonomie limitée en hiver pourrait rapidement freiner les acheteurs des pays nordiques, les plus gros marchés pour un véhicule électrique comme le BZ4X.

Ce « bonnet d’âne » est également confirmé par le test réalisé par Nicolas Meunier pour Challenges en France. Sur un trajet Paris/Laval, le SUV BZ4X a consommé en moyenne 30,1 kWh/100 km à 130 km/h, avec les températures fraîches d’une fin de mois de novembre. C’est anormalement élevé pour cette catégorie de véhicule. À titre de comparaison, un Model Y fait moins de 20 kWh/100 km sur le même trajet. Pour un utilisateur qui ne voudrait pas trop flirter avec le risque de tomber en panne, cela incite à recharger tous les 200 km de trajet sur autoroute. Sachant qu’en plus la courbe de charge s’effondre après 80 %, il va falloir multiplier les arrêts de recharge. Il s’agit vraiment d’un frein à la polyvalence attendue d’un tel modèle.

Lors de notre essai du Toyota BZ4X, nous avions aussi émis des réserves concernant les consommations de cette nouveauté électrique. L’itinéraire de test était très favorable pour obtenir de bonnes consommations, et déjà les résultats du BZ4X n’étaient pas réellement enthousiasmants, tout simplement corrects.

Au volant du bZ4X // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Au volant du bZ4X. // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Toyota précise que cela peut venir d’une « réserve » trop importante

Toyota communique sur une capacité de sa batterie de 71,4 kWh. Malgré les demandes, le constructeur japonais ne communique pas sur la capacité utile de la batterie. C’est probablement sur ce premier point que la marque a fait un mauvais choix stratégique. Selon les essais, la capacité utile se situerait un peu au-dessus de 60 kWh.

Des porte-paroles de la marque ont indiqué au média FDM que le BZ4X disposait de 9 % de puissance restante quand le compteur arrivait à zéro. Une « réserve » sûrement surdimensionnée, car rares sont les clients à aimer flirter avec le zéro, même en sachant qu’il reste encore de l’énergie disponible derrière.

Si cette réserve pourrait évoluer avec une mise à jour à distance (OTA) de son logiciel, pour gagner quelques kilomètres d’autonomie, cela n’explique pas l’appétit relativement gargantuesque de cette voiture sur autoroute lorsque les températures baissent.

Le Toyota BZ4X n’en reste pas moins un véhicule agréable à conduire au quotidien, dont nous avions bien apprécié l’essai. Cependant, avec les informations récentes, il semble quand même plus adapté à un usage quotidien, type trajets pendulaires, que pour partir à l’aventure.

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