Eset, puis Avast. Ces deux entreprises spécialisées dans les logiciels de sécurité informatique ont annoncé l’arrêt de leurs activités en Russie, à cause de la guerre.

L’exode de la tech se poursuit en Russie. Alors que de nombreuses sociétés se sont déjà désengagées d’une façon ou d’une autre, c’est au tour d’Avast cette fois de plier bagage. L’entreprise tchèque, spécialisée dans les logiciels de sécurité informatique, a annoncé le 15 mars 2022 la suspension de ses activités en Russie ainsi qu’en Biélorussie.

« Avec effet immédiat, Avast a retiré la disponibilité de tous ses produits en Russie et en Biélorussie et suspendu toutes les opérations de marketing et de vente dans ces pays », déclare l’entreprise dans un communiqué adressé à la presse. Mais elle ne précise pas la durée de ce repli ni si elle prévoit un jour de retourner sur ces deux marchés, après la fin de la guerre.

Le public connaît surtout Avast grâce à son antivirus gratuit — très populaire — et sa fameuse annonce vocale « la base virale VPS a été mise à jour » que l’on entend lorsque de nouvelles signatures de virus ont été téléchargées. Mais Avast propose aussi des services et des produits payants, avec des formules d’abonnement par mois ou par an.

Avast. // Source : Avast
Avast ne tient plus à opérer en Russie ou en Biélorussie. // Source : Avast

L’entreprise tchèque fournit ainsi des solutions pour la sécurité, la performance et la confidentialité du poste informatique. On trouve notamment des outils antivirus, un réseau privé virtuel (VPN), un outil contre le pistage sur le net ou bien des services qui servent à maintenir ses pilotes à jour, à optimiser la batterie ou à nettoyer le système de fichiers et de programmes jugés obsolètes.

La portée exacte de la décision d’Avast nécessite des éclaircissements : est-ce que cela veut dire que les outils, y compris gratuits, ne sont plus accessibles en Russie et en Biélorussie ? Et par ailleurs, qu’en est-il des mises à jour ? Les internautes dans ces pays peuvent-ils encore les recevoir ou le retrait annoncé par Avast concerne aussi les signatures virales ?

Contactée à ce sujet, l’entreprise n’a pas encore répondu. Le sujet est délicat : si les représailles contre la Russie se comprennent compte tenu de l’offensive militaire sur l’Ukraine, certaines orientations soulèvent des problématiques particulières : est-il pertinent d’affaiblir la sécurité informatique de la population russe et biélorusse pour faire pression sur Moscou et Minsk ?

Une mesure contre-productive et inutile ?

Pour Mykhailo Fedorov, ministre ukrainien de la transformation numérique, c’est une question qui ne se pose pas, comparé au fait que son pays est en guerre et que sa population vit un tout autre type d’insécurité. Il a évoqué dès le 11 mars l’arrêt des activités d’Avast dans ces deux pays, à l’occasion d’un message laissé sur Telegram.

Le secteur de la sécurité informatique apparait divisé sur la conduite à tenir. Outre Avast, l’entreprise Eset, de nationalité slovaque, a elle aussi fait ses bagages. « En réponse à la décision du gouvernement russe d’envahir l’Ukraine, Eset a décidé d’arrêter toute nouvelle vente en Russie », a écrit la compagnie sur Twitter le 8 mars.

À supposer que l’exode des antivirus occidentaux se poursuive, la population russe ne sera toutefois pas complètement démunie. Le pays accueille quelques entreprises de premier plan, à commencer par Kaspersky. Le retrait d’Avast et d’Eset sera sans doute compensé par une bascule de la clientèle russe sur des solutions locales.

« La Russie a besoin de plus d’accès à Internet, pas moins. »

Cloudflare

De son côté, l’Américain Cloudflare, qui fournit des solutions de sécurité pour les sites web, ne souhaite pas se désengager complètement de Russie. Le groupe a le sentiment qu’un tel mouvement serait inefficace : il pénaliserait la population sans avoir d’incidence concrète sur le Kremlin. L’entreprise a pris la parole à ce sujet dans une publication le 7 mars.

« Nous avons reçu plusieurs appels à mettre fin à tous les services de Cloudflare en Russie. Nous avons soigneusement examiné ces demandes et en avons discuté avec des experts du gouvernement et de la société civile. Notre conclusion, en consultation avec ces experts, est que la Russie a besoin de plus d’accès à Internet, pas moins ». Mais tout le monde n’est pas de cet avis.

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