Des créateurs et créatrices quittent Tipeee après les propos polémiques des deux fondateurs. Voici d’autres plateformes, qui permettent également de recevoir des dons.

La plateforme Tipeee est en train de connaître une vague de départ sans précédent. En cause : les propos des deux gérants, dans un reportage de France 2 diffusé le 3 septembre 2021. Lors de l’entretien, Michael Goldman et Jonas Mary expliquent assumer tous les contenus de la plateforme, « du plus antisémite au moins antisémite, du plus complotiste au moins complotiste ». Ainsi, les fondateurs assument soutenir et aider à financer des contenus problématiques, à l’antisémitisme débridé et/ou diffusant des informations mensongères.

Presque immédiatement après la diffusion du reportage, des créateurs et des créatrices ont annoncé leur départ de Tipeee.  « Ça a été la goutte d’eau qui fait déborder vase », nous confiait par exemple Florence Dellerie, autrice indépendante.

Pour ces créateurs et ces créatrices, une plateforme comme Tipeee n’est parfois pas seulement un complément de revenu. Elle peut constituer le soutien principal à l’activité, à la tenue de certains projets. Mais le conflit de valeurs, dans cette situation, semble bien trop important. Fort heureusement, il existe d’autres plateformes qui permettent le financement participatif régulier de sites, chaînes et projets. Voici quelques-unes de ces alternatives.

uTip

Le site uTip est la première alternative qui vient en tête, car le modèle est assez proche de celui de Tipeee, et c’est donc vers ce site que beaucoup ont choisi ces derniers jours. Vous pouvez faire un don unique ou régulier à un créateur ou une créatrice, qui peuvent également tenir une boutique sur leur page. Voici un exemple de page uTip : La boite à Curiosité.

Exemple de page de don. // Source : Utip

Exemple de page de don.

Source : Utip

Nationalité : française

Propriétaires : fondé par trois Français (Adrien Mennillo, Stanislas Mako et Thomas Domenjoz), et le président est aujourd’hui Stanislas Mako.

Commission prélevée : le montant du pourcentage de la commission est laissé libre, mais uTip estime que l’idéal est de laisser 5 % la plateforme pour en assurer le « bon fonctionnement ».

Positionnement éthique : en réaction au discours des gérants de Tipeee, le site uTip a assez rapidement réagi sur Twitter en expliquant « ne pas fermer les yeux sur les créations financées via la plateforme », en refusant le « contenu que nous estimons dangereux ou inapproprié ». Dans la charte, la plateforme indique refuser le « contenu incitant à la haine, à la violence, à la discrimination, au harcèlement ou à l’intimidation ».

Patreon

Le site Patreon est énormément utilisé par les artistes musicaux, notamment celles et ceux qui diffusent leur travail via Youtube, mais de nombreuses autres catégories sont ouvertes — arts visuels, podcasts, édition, activités associatives. Le principe du site est de proposer un « abonnement mensuel » à un travail créatif. Il est possible de proposer différentes formules, permettant d’accéder à plus ou moins de contenus. En anglais, « patrons » signifie « mécènes », d’où le nom de la plateforme.

Exemple de page Patreon avec des formules d'abonnement. // Source : Patreon

Exemple de page Patreon avec des formules d'abonnement.

Source : Patreon

Nationalité : américaine (avec version francophone du site)

Propriétaires : fondé par le musicien Jack Conte et le développeur Sam Yam.

Commission prélevée : cela dépend de la formule que vous choisissez. Plus la commission est élevée, plus la plateforme fournit des services. La formule Lite prélève 5 %, la formule pro 8 %, la formule premium 12 %.

Positionnement éthique : « Il n’y a pas de place sur Patreon pour des projets de financement de propos haineux, tels que l’appel à la violence, à l’exclusion ou à la ségrégation », indiquent les règles de la communauté. Cela inclut « les atteintes graves portées contre des personnes en raison de leur race, leur appartenance ethnique, leur origine nationale, leur religion, leur sexe, leur identité de genre, leur orientation sexuelle, leur âge, leur handicap ou leur état de santé.»

LiberaPay

L’originalité de LiberaPay est que le site est géré par une organisation à but non lucratif. Par ailleurs, ce site implique une règle d’or : « Les paiements sont sans contreparties. » À cela s’ajoute que « vous ne savez pas exactement qui vous fait des dons, et ceux-ci sont limités à 100,00 € par semaine et par donateur pour éviter de dépendre d’un seul gros mécène

Nationalité : française

Propriétaires : c’est une organisation à but non lucratif

Commission prélevée : pas de commission, car le site se finance via des dons sur sa propre plateforme, il y a toutefois des frais de traitement dans les paiements — cela dépend des pays, de la devise, du moyen de paiement, en restant en général au-dessous de 5 %.

Positionnement éthique : le discours éthique de LiberaPay est surtout axé sur l’éthique financière et la forme des dons, dans une philosophie axée « libre » et non pas commerciale. Cela implique un système bien particulier, nous vous conseillons de bien vous documenter sur leur site pour comprendre leur mode de fonctionnement. LiberaPay ne semble pas avoir encore précisé de charte particulière au niveau des contenus autorisés — par exemple, le NSFW est autorisé.

Des dons directs via Paypal

Les plateformes de financement participatif offrent en général différents moyens de paiement, comme par carte bancaire ou via Paypal. Il est également possible d’ouvrir une plateforme de dons directement par Paypal — les dons peuvent aussi être émis par carte bancaire via ce service.

Nationalité : américaine (avec version francophone du site)

Propriétaires : Paypal est dirigé par Dan Schulman, et l’entreprise est cotée en bourse.

Commission prélevée : le site prend une part de 1,7 % + 0,35 € par transaction.

Positionnement éthique : en théorie, Paypal interdit les transactions qui impliquent « des objets qui prônent la haine, la violence, l’intolérance raciale ou d’autres formes d’intolérance discriminatoire ou l’exploitation financière d’actes criminels ». Dans les faits, c’est plus compliqué de savoir comment Paypal valide ou non telle ou telle page, et sous quels critères : c’est un peu fourre-tout sans ligne éditoriale ni positionnement clair, et n’importe qui peut l’utiliser. Par exemple, le site de désinformation France Soir, qui a fait beaucoup de mal pendant la pandémie, dispose d’une page de dons via PayPal.


Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.