Ce 22 octobre, le gouvernement met à jour son app de contact tracing StopCovid et en profite pour la renommer TousAntiCovid. L’app présente toujours les mêmes écueils, dont le défaut de ne pas être compatibles avec les autres apps européennes.

Nouvel emballage, mêmes problèmes. Avec TousAntiCovid, le gouvernement persiste dans un choix technique, celui de l’architecture centralisée, qu’il avait privilégiée pour le fonctionnement de StopCovid. Problème : l’app est la seule, en Europe, à avoir adopté cette architecture.

Les autres pays ont choisi l’autre type de système, qui est décentralisé. En dehors de différences dans le fonctionnement, elle leur permet d’intégrer à leur app une interface développée conjointement par Google et Apple, destinée à faciliter la communication Bluetooth entre les smartphones qui ont installé l’app.

TousAntiCovid

TousAntiCovid

Puisque les applications européennes partagent des similarités dans leur architecture, elles peuvent, à terme, toutes communiquer entre elles. Certaines le font déjà, sous le pilotage de la Commission européenne.

Isolée techniquement, la Française TousAntiCovid ne pourra s’interconnecter tant qu’elle n’aura pas changé d’architecture. Cette spécificité, développée par des chercheurs français et érigée en symbole de souveraineté numérique, la rend incompatible avec les apps des pays frontaliers.

Alors, oui, « l’application est disponible dans les stores de tous les pays et traduite dans 6 langues », comme le précise bien le site officiel du ministère de la Santé, mais c’est surtout utile pour les étrangers qui effectueraient un séjour en France — et encore, s’ils ont téléchargé TousAntiCovid, ils ne pourront se signaler comme cas positif que s’ils ont effectué un test en France. « Pour les Français habitant en France et travaillant à l’étranger il est recommandé d’utiliser les applications des deux pays », conclu aussi le site.

À court terme, sécuriser les déplacements intraeuropéens

La circulation entre pays de l’Union européenne a été rétablie le 15 juin. Même si les autorités mettent régulièrement en place de nouvelles restrictions avec l’émergence des secondes vagues de l’épidémie dans certains pays, les autorités européennes veulent garder les frontières ouvertes à court terme. Et elles espèrent compter sur les apps de contact tracing pour casser les chaînes de contamination que pourraient déclencher ces déplacements.

Grâce à l’interconnexion, les apps de contact tracing peuvent échanger entre elles. Concrètement, si Angela, en visite à Florence, a téléchargé l’app allemande sur son smartphone et croise Fabio, habitant du coin, qui lui a installé l’app italienne, leurs appareils vont pouvoir échanger des informations.

Imaginons que 2 jours plus tard, Fabio se déclare positif à la Covid-19 sur l’app italienne. Grâce à l’interconnexion, Angela, rentrée chez elle à Francfort, sera avertie par son app qu’elle est cas contact, si elle a été exposée pendant une durée déterminée comme significative par le ministère de la santé allemand. Elle pourra donc s’isoler et éviter au maximum de faire circuler le virus.

Les apps européennes commencent à communiquer entre elles

La première interconnexion entre app européennes a été déployée le 19 octobre. Les équivalents allemand, italien, et irlandais de TousAntiCovid ont fait l’objet de ce premier test, car ils présentaient le plus de similitudes, d’après le Irish Times. Le journal expliquait que dès la fin octobre, les apps autrichienne, tchèque, estonienne, espagnole, lettonienne et hollandaise devraient rejoindre le trio. 9 pays sur les 27 de l’Union, dont les principaux territoires frontaliers de la France.

Reste qu’à l’heure actuelle, aucune application de contact tracing n’a vraiment démontré son efficacité. À commencer par StopCovid, qui n’avait envoyé qu’à peine 200 notifications entre mai et septembre, et 823 en tout à ce jour, d’après les derniers chiffres communiqués sur la nouvelle version de l’app. Même interconnectées, il n’est pas bien certain que les apps aient une quelconque utilité — même si on les prend en tant que « brique » de dispositifs humains plus larges.


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