Vous ne vous servez pas de l’intelligence artificielle (IA) dans tout ce que vous faites ? Peut-être est-il grand temps de consulter un médecin de toute urgence. Voilà, en somme, l’avis du patron de Nvidia, Jensen Huang. S’il n’a pas tenu de propos aussi caricaturaux, l’intéressé a cependant exprimé une position très analogue.
« J’ai cru comprendre que chez Nvidia, certains managers disent à leurs équipes d’utiliser moins l’IA. Êtes-vous maboules ? », a-t-il lancé, selon des propos rapportés par Fortune le 25 novembre 2025. « Je veux que toutes les tâches pouvant être automatisées grâce à l’IA le soient », a-t-il ajouté. « Je vous promets que vous aurez du travail à faire. »

Ces propos ont été tenus lors d’une réunion générale le 20 novembre, à la suite de la présentation des résultats du groupe pour le troisième trimestre. Des résultats records pour une entreprise qui fabrique justement des puces très prisées par le secteur de l’IA — et que les joueurs et joueuses connaissent bien à travers ses cartes graphiques.
Cette réunion, tenue après la conférence, révèle un décalage relatif entre la direction de Nvidia et le management intermédiaire de l’entreprise, qui, à en croire l’intervention de Jensen Huang, traduit une réticence à l’égard des outils d’IA, voire un rejet. Une résistance qui lui apparaît anormale en plein milieu d’un boom de l’IA générative.
La Silicon Valley pousse à fond les curseurs de l’IA
Si cette sortie a de quoi faire réagir, elle ne vise pas tous les individus, mais avant tout le personnel de Nvidia. Il semble toutefois certain que tout le monde devrait sauter à pieds joints dans l’IA et l’utiliser à tous les niveaux — un avis auquel Microsoft semble adhérer aussi, et qui paraît surpris du manque d’allant du grand public.
Il y a une tendance dans la Silicon Valley à étendre de plus en plus l’IA dans les activités courantes. Ce printemps, Microsoft indiquait que jusqu’à 30 % du nouveau code informatique produit en interne venait de l’IA. De son côté, Google a indiqué en octobre 2024 être sur un taux assez proche, de l’ordre de 25 %.
Et, selon Fortune, des consignes récentes auraient été passées en interne, chez Microsoft comme chez Google, pour indiquer que l’utilisation d’outils IA pour travailler — et écrire des lignes de code — n’était plus une option. Les deux entreprises proposent respectivement des chatbots qui en sont capables : Copilot pour le premier, Gemini pour le second.

L’engouement manifeste d’entreprises comme Nvidia, Microsoft et Google pour les outils d’intelligence artificielle peut s’expliquer sans doute par le fait que l’IA est aujourd’hui un puissant moteur de croissance. Mais il y a des craintes importantes sur la dynamique de cette « locomotive », qui apparaît de plus en plus comme une bulle prête à éclater.
La position de ces entreprises peut donner l’impression qu’elles prêchent pour leur paroisse : après tout, il est dans l’intérêt de Nvidia que son personnel et, au-delà, le grand public, bascule à fond sur l’IA. Car qui dit un usage en hausse dit des besoins en infrastructure qui doivent suivre, et le fait est que Nvidia vend beaucoup de composants pour le secteur de l’IA.
Le spectre du licenciement ?
Reste que l’efficacité de l’IA au travail reste un sujet débat. Dans le cas bien particulier de la programmation avec l’IA, une étude tempèrerait le gain de productivité qui y est associé. C’est ce que rapportait en juin 2025 Ars Technica : en fait, des programmeurs utilisant le chatbot Claude d’Anthropic seraient 19 % plus lents que ceux n’utilisant pas ce type d’outil.
« Les codeurs ont passé plus de temps à demander et à réviser les générations d’IA qu’ils n’en ont gagné en codage », relevaient nos confrères. Cela pourrait cependant changer à l’avenir : les développeurs pourraient gagner en expertise sur ce terrain et les outils eux-mêmes s’améliorent avec le temps, via des mises à jour en continu.
Reste, enfin, une question sensible : ces appels à basculer de plus en plus sur des outils d’automatisation ne sont-ils pas le cache-sexe d’un plan visant à alléger la masse salariale ? En clair, n’est-ce pas un moyen de faire des licenciements accrus dans la tech, si une partie du travail peut à l’avenir être délégué à l’IA ? Ou géré par du personnel assisté par IA ?
Si des vagues brutales de licenciement ont déjà touché la tech, notamment après la période covid, qui a été effervescente pour le secteur du numérique, de premiers signes apparaissent suggérant que l’IA va peut-être entraîner un nouveau séisme. En témoignent les annonces faites par HP et Amazon, et liées explicitement à l’IA.
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