Quand Samsung a annoncé que les Galaxy S24 seraient les premiers smartphones de « l’ère de l’intelligence artificielle », beaucoup ont imaginé le pire. Alors que ChatGPT est sur toutes les bouches, la probabilité que Samsung se lance dans la guerre des chatbots semblait trop importante pour être négligée. Pourtant, objectivement, personne n’a envie de parler à un Galaxy AI plutôt qu’à un ChatGPT, un Google Bard, un Microsoft Copilot ou pourquoi pas un Siri ou Alexa. Il faut aussi avoir en tête l’échec total de Samsung avec Bixby, son assistant vocal lancé en 2017. Pourquoi le Coréen réussirait cette fois-ci, dans un domaine déjà saturé où tous les acteurs ne survivront pas ?
Le 17 janvier, Samsung a dévoilé les Galaxy S24, S24+ et S24 Ultra depuis San José, à quelques mètres de son rival californien Apple (qui, de son côté, est toujours absent du monde des IA génératives). Un débarquement dans le monde de l’IA plutôt encourageant, puisque Samsung a eu la bonne idée d’intégrer une dizaine de petits services à son téléphone, plutôt que de présenter une super-IA censée tout faire à notre place. Galaxy AI n’est pas un rival de ChatGPT, puisqu’il n’existe pas vraiment en tant que tel.
Supprimer les reflets d’une photo, résumer une page web… L’IA à la Samsung
Techniquement parlant, Galaxy AI n’est pas un service. Cette appellation correspond plus à un ensemble de logiciels à la manière de la suite Office. Il est peu probable qu’un utilisateur soit amené à tous les solliciter, de la même manière qu’il est peu probable qu’un propriétaire de S24 sache que ce qu’il utilise s’appelle Galaxy AI.
Peut-on parler à Galaxy AI ? La réponse est non. Bixby et Google Assistant restent les deux assistants vocaux préinstallés sur les smartphones Samsung, avec les lacunes qu’on leur connaît. Sous son appellation « AI », Samsung compte proposer les interactions suivantes :
- Depuis l’application Samsung Browser, il est possible de résumer le contenu d’une page web (en version court ou long) ou de le traduire.
- Depuis l’application Samsung Notes, on peut synthétiser des notes, changer le style d’écriture et les trier en demandant à l’IA de les résumer.
- Une application permet de traduire une conversation en 13 langues, y compris sans réseau.
- Depuis l’application Téléphone, on peut passer un appel en français et demander à une IA de lire une traduction à son interlocuteur.
- Grâce au clavier Samsung, on peut, depuis n’importe quelle application, corriger ses fautes d’orthographe ou changer le ton employé (un « ouais tkt » peut se transformer en « Bien reçu, pas de problème je m’en occupe »).
- Depuis le dictaphone, on peut créer des résumés de conversation ou des transcriptions détaillées, avec la reconnaissance de 10 personnes simultanément.
- En appuyant sur le bouton d’accueil, on peut déclencher un menu qui permet d’entourer un bout de son écran pour faire une recherche d’image. La fonction s’appelle « Circle to Search » et a été développée par Google.
- Depuis l’application Samsung Gallery, on peut ajouter un effet portrait à une photo, supprimer une ombre, déplacer quelqu’un d’une image, agrandir une image grâce au remplissage génératif, supprimer des reflets d’une vitre ou améliorer la qualité de l’image.
Tous ces services ont la particularité d’être limités à des usages bien précis et intégrés à des applications différentes, plutôt qu’à une super-app façon ChatGPT.
Seule inconnue : sur quel modèle de langage sont-ils basés ? La fonction Circle to Search a pour mérite d’assumer son lien avec Google Gemini, le reste est plus mystérieux. Samsuns assure qu’il utilise son modèle Gauss pour certaines tâches, mais Google Cloud indique avoir conclu un accord avec Samsung pour équiper tous ses services. L’approche locale est difficile à mesurer, dans le sens où les serveurs de Google pourraient régulièrement être sollicités. Du côté des rumeurs, il se murmure qu’Apple se lancera dans l’IA générative locale avec iOS 18 au mois de juin.
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Galaxy AI est prometteur, mais sera-t-il pratique ?
À San José, Numerama a eu l’opportunité d’essayer Galaxy AI en avant-première. Nos premières impressions sont assez partagées, puisque certains services n’ont pas très bien fonctionné lors de nos essais. La traduction des appels en direct a inventé des mots plusieurs fois, tandis que le résumé de pages web a parfois synthétisé une pub plutôt que l’article que nous lui demandions d’analyser. À d’autres reprises, tout a parfaitement fonctionné. La partie photo, de son côté, est vraiment très bonne, avec des capacités inédites sur un smartphone, que même les Pixel 8 n’ont pas. Bref, il est trop tôt pour juger de l’efficacité de Galaxy AI. Nos tests des Galaxy S24 répondront à la question de son efficacité dans les prochains jours.
Quoiqu’il en soit, il nous semble que l’implémentation de Samsung a déjà un premier défaut majeur : les applications obligatoires. Pour modifier une photo avec Galaxy AI, il faut utiliser Samsung Gallery plutôt que Google Photos… Pour synthétiser une page web, il faut utiliser Samsung Internet plutôt que Google Chrome… Pour accéder à toutes les fonctions de transformation du texte, il faut renoncer au clavier Gboard et utiliser celui de Samsung…
Une des limites de Galaxy AI est qu’il ne s’agit pas d’une fonction système, à la manière de Microsoft Copilot, mais de fonctions intégrées à des logiciels, que l’on doit forcément utiliser pour profiter de ces évolutions. Le double enjeu pour Samsung est de convaincre les utilisateurs d’utiliser ses applications, tout en changeant leurs habitudes avec l’IA.
Avec iOS 18 et Android 15, la logique voudrait qu’Apple et Google intègrent beaucoup plus profondément leurs nouveaux services dans leur système d’exploitation, pour qu’ils puissent être solicités partout (notamment avec la voix). Au final, la guerre de l’IA sur smartphone semble définitivement lancée. Et les idées de Samsung vont la plupart du temps dans le bon sens.
Autre annonce majeure du jour : la Galaxy Ring, la première bague connectée de Samsung.
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