Le casque de réalité virtuelle PICO 4 imite complètement l’interface du Meta Quest 2, qu’il concurrence directement (429 euros contre 449 euros). Au-delà de cet aspect, est-il un bon casque de réalité virtuelle ? Numerama l’a testé.

Connaissez-vous Pico, le géant chinois de la réalité virtuelle ? Racheté en août 2021 par ByteDance, la maison mère de TikTok, Pico a lancé en octobre 2022 un casque de réalité virtuelle appelé « PICO 4 ». Commercialisé en Europe à 429 euros (128 Go) ou 499 euros (256 Go), ce casque VR autonome, livré avec des manettes sans-fils, a pour ambition de détrôner le Meta Quest 2 (ex-Oculus Quest 2), le roi des casques de réalité virtuelle abordables. À l’heure de l’explosion supposée de la VR, il est la preuve que les constructeurs chinois ne comptent pas laisser le champ libre aux géants américains comme Meta, Google et Apple.

ByteDance est-il un concurrent sérieux à Meta sur le marché de la réalité virtuelle ? Numerama a testé le PICO 4 et, vous allez voir, est extrêmement dubitatif sur la proposition du géant chinois de la tech.

Une copie hallucinante du Meta Quest 2, d’un niveau quasiment inédit

Esthétiquement, le PICO 4 ressemble au Meta Quest 2. Son coloris blanc-gris est le même, sa forme est la même, sa sangle est la même, ses manettes sont quasiment les mêmes… Dès le premier déballage, il semble évident que la filiale de ByteDance s’est inspirée du créateur de Facebook pour concevoir son produit. Le constructeur chinois ne dépasse son rival américain que sur un aspect : le casque peut être relevé, telle une visière pour vous permettre de voir sans le retirer. C’est une bonne idée, même si l’on aurait aimé un système de clic pour maintenir le casque en l’air sans avoir à le tenir.

Le Pico 4 posé sur le Meta Quest 2. Les plus attentifs remarqueront que le bouton de verrouillage est au même endroit. // Source : Thomas Ancelle pour Numerama
Le Pico 4 posé sur le Meta Quest 2. Les plus attentifs remarqueront que le bouton de verrouillage est au même endroit. // Source : Thomas Ancelle pour Numerama

La ressemblance physique du PICO 4 est une chose, mais le pire arrive lorsque l’on porte le casque. Les vidéos de configuration, la délimitation de la zone de la réalité virtuelle, les animations, le dock, le centre de contrôle, l’affichage des fenêtres, le déplacement de l’interface utilisateur… Pico a intégralement copié le travail de Meta. L’inspiration va si loin que les couleurs sont les mêmes, que la police d’écriture est parfois identique et que la plupart des fonctions sont communes aux deux casques. On se demande sérieusement comme Meta peut laisser passer ça, alors qu’il semble évident que le géant américain pourrait attaquer son rival chinois au vu de son inspiration. Quoi qu’il en soit, cela a le mérite de rendre plus simple la première utilisation du casque : il n’y a rien à apprendre si l’on a déjà porté un produit Oculus dans le passé.

L'interface du PICO 4 est un copier-coller de celui de Meta. C'est exactement la même chose. // Source : Numerama
L’interface du PICO 4 est un copier-coller de celle de Meta. C’est exactement la même chose. // Source : Numerama

Malgré son côté copier-coller, l’interface du PICO 4 est souvent très brouillonne. Elle est peu réactive et la plupart des icônes paraissent fausses. On remarque aussi la présence de raccourcis web vers Netflix, Disney+ ou Apple TV+ dans la section « Applications », sans icônes… Ce n’est pas très sérieux, et c’est aussi la preuve que le casque de Pico manque d’applications natives.

À gauche Pico. À droite Meta. Difficile de copier plus. // Source : Numerama
À gauche, Pico. À droite, Meta. Créer une zone de VR est identique d’un casque à l’autre (sauf la couleur du champ). // Source : Numerama

Pas assez d’applications, mais les jeux sauvent Pico

Pour faire un bon casque de réalité virtuelle, il faut des applications. Sur ce terrain-là, Pico part avec un train de retard. C’est simple, les applications les plus populaires dans le monde de la réalité virtuelle (VRChat, BigScreen, YouTube, Netflix…) ne sont pas au rendez-vous. Encore plus étonnant, ByteDance n’a pas adapté TikTok à la VR. Le PICO 4, même s’il dispose d’un matériel de bonne qualité, ne permet pas de faire beaucoup de choses. C’est dommage, puisque cela le rend bien moins intéressant que son rival américain.

Les manettes Pico, qui nous rappellent beaucoup celles du Meta Quest 2, sont parfaitement adaptées aux jeux. C'est le point fort du casque. // Source : Thomas Ancelle pour Numerama
Les manettes Pico, qui nous rappellent beaucoup celles du Meta Quest 2, sont parfaitement adaptées aux jeux. C’est le point fort du casque. // Source : Thomas Ancelle pour Numerama

Heureusement pour Pico, il y a les jeux. Sur cet aspect, le magasin d’applications de ByteDance est plutôt complet. Eleven Table Tennis, Superhot VR, Creed, The Room, Angry Birds, Cooking Simulator… Même l’ultra-populaire Beat Saber, qui appartient à Meta, a le droit à sa copie (Mutrix). Finalement, cela fait du PICO 4 une console de jeu portable en réalité virtuelle plutôt qu’un casque autonome. Si vous souhaitez seulement l’acheter pour jouer, alors pourquoi pas. En espérant l’arrivée d’autres titres à l’avenir.

Le PICO 4 peut être soulevé pour que son utilisateur voit le vrai monde. // Source : Thomas Ancelle pour Numerama
Le PICO 4 peut être soulevé pour permettre à son utilisateur de voir le vrai monde. C’est une bonne idée. // Source : Thomas Ancelle pour Numerama

Réalité mixte et suivi des yeux : les bonnes idées de Pico

Comme le Meta Quest 2, le PICO 4 se contente d’écrans LCD. C’est dommage pour les contenus sombres, puisque le noir apparaît bleu, mais la qualité d’affichage est globalement satisfaisante.

Sur certains aspects, la proposition de la marque chinoise apparaît même supérieure à celle de Meta :

  • Comme le Meta Quest Pro à 1 199 euros, le PICO 4 dispose de caméras capables d’afficher les couleurs. Cependant, la réalité mixte n’est que très peu utilisée. Il est impossible de superposer des éléments virtuels au réel. On remarque aussi que les caméras agrandissent la réalité. C’est assez troublant, on préfère donc basculer en réalité virtuelle totale.
  • Le PICO 4 dispose d’un moteur pour ajuster l’écartement des yeux. À chaque fois qu’un nouvel utilisateur le met, les lentilles se déplacent pour se caler en face des pupilles. C’est très marrant, et plutôt utile. Dans le futur, on peut imaginer un casque qui reconnaît le nez de son utilisateur et adapte automatiquement la vue.
Le PICO 4 est plutôt confortable sur le visage, mais son tissu se décolle un peu trop. Il n'est pas rare d'avoir de grosses marques sur le visage après une session moyenne. // Source : Thomas Ancelle pour Numerama
Le PICO 4 est plutôt confortable sur le visage, mais son tissu se décolle un peu trop. Il n’est pas rare d’avoir de grosses marques sur le visage après une session d’une durée moyenne. // Source : Thomas Ancelle pour Numerama

La qualité de fabrication matérielle du PICO 4 est bonne, à un détail près. Le tissu que l’on pose sur son visage laisse un tout petit peu de lumière passer, ce qui crée un reflet sur les côtés.

Des contenus scandaleux pour un casque vendu en Europe

Enfin, comment terminer ce test sans aborder quelque chose de très étonnant que nous avons plusieurs fois constaté avec le PICO 4 ? Dans l’application Pico Video, qui propose du contenu adapté à la réalité virtuelle, intégrée à l’onglet « Découvrir » en page d’accueil du casque, il est parfois suggéré du contenu très étonnant pour un produit vendu en Europe. No Crush Challenge, Sexy Girls Challenge… Vous l’avez compris, il s’agit de vidéos en 3D qui montrent des femmes asiatiques dénudées en train de danser. Le problème n’est pas que ce contenu existe, mais qu’il soit proposé à tous en page d’accueil d’un produit grand public.

Sur la page d'accueil du casque de Pico, on nous propose des vidéos semi-érotiques en 3D. // Source : Numerama
Sur la page d’accueil du casque de Pico, on nous propose des vidéos semi-érotiques en 3D. // Source : Numerama

Ce phénomène illustre le problème principal du PICO 4 : il s’agit d’un produit absolument pas adapté au marché occidental. Pour rivaliser avec Meta, il ne suffit pas de copier son interface. ByteDance devra faire mieux dans les prochaines mises à jour.

Le verdict

Sur le fond, le PICO 4 n’est pas un mauvais casque de réalité virtuelle. Sa qualité de fabrication, tout comme son fonctionnement (manettes, suivi de l’espace, qualité visuelle…), sont très satisfaisants pour son prix inférieur à 500 euros.

Cependant, quelque chose cloche avec ce produit. Son interface est une copie si grande de celle de Meta que l’on peut difficilement fermer les yeux sur cette pratique, qui n’est pas loin d’être scandaleuse. Aussi, le manque d’applications nuit à la qualité du produit. Comment concurrencer le Quest 2 au même prix alors que le PICO 4 n’a quasiment pas de bons logiciels natifs ? Enfin, plusieurs choses laissent penser que Pico n’est pas encore prêt pour le marché européen. Certains contenus mis en avant n’ont rien à faire là… Pour devenir un géant de la VR ailleurs qu’en Chine, il va falloir affiner sa stratégie. La bonne nouvelle est que, matériellement, Pico est tout sauf ridicule.

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