Dans cette édition de la newsletter ToujoursPlus, envoyée aux abonnés Numerama+ début juin 2025, nous nous intéressons à la guerre des IA par le prisme de la langue. OpenAI a-t-il une longueur d’avance qui se traduit dans les usages ? Nous vous offrons gratuitement cette réflexion, qui, peut-être, vous donnera envie de vous abonner !

Chat. Prononcez Tchate. C’est comme ça que je l’entends nommé dans la bouche des jeunes. À la terrasse d’un café à Aix-en-Provence, j’ai laissé traîner mes oreilles vers la discussion entre deux étudiantes, probablement au niveau de leur master, qui discutaient de leurs études. Le rapport aux IA est venu directement dans la conversation et j’ai été agréablement surpris d’entendre que des professeurs avaient changé leur logiciel et intégraient le fait que les IA génératives existent – notamment en exerçant l’esprit humain à leur contact. Mais dans ces discussions pleines d’intelligence, une chose a vraiment retenu mon attention : les IA sont nommées par leur nom complet, notamment Perplexity, mais un seul a le droit à un petit nom – ChatGPT. Le fameux Tchate.

Ce n’est pas la première fois que je l’entends nommé ainsi. Dans mes discussions et échanges avec la génération qui vient après la mienne, j’ai la sensation que Tchate est déjà devenu une évidence : c’est comme cela qu’on nomme le produit d’OpenAI. On lui donne son nom complet, ChatGPT, quand il faut être sérieux. Mais la phrase « J’ai demandé à Tchate » sera forcément prononcée dans votre entourage et elle ne devrait plus vous étonner en juin 2025. 

Qu’est-ce que cela dit du monde numérique qui se construit ? Premièrement, que tout va très vite. Il faut parfois rappeler, tant tout semble avoir changé si radicalement, que la version grand public de ChatGPT date du 30 novembre 2022. Cela fait donc moins de trois ans pour qu’un terme commercial s’installe dans le langage courant, peut-être un record. Et encore, il faut raccourcir cette période : la montée en puissance chez le grand public n’a pas été immédiate. Les quelque 80 étudiants à qui je donne des cours à l’École W n’utilisaient pas ou peu d’IA générative en 2024, ils étaient une minorité à ne pas en utiliser dans la promo 2025.

Ensuite, il faut reconnaître qu’OpenAI est clairement le mastodonte qu’il pense être. On a beau construire des alternatives, mettre en avant des IA spécialisées qui font mieux que ChatGPT dans leur domaine de prédilection, l’outil développé par Sam Altman et ses équipes est le grand vainqueur, au moins symboliquement, de ces quelques premières années d’existence du marché de l’IA. On pourrait faire un parallèle avec Google, qui a réussi à imposer le terme googler pour faire une recherche sur le Web ou Adobe, qui a créé bien malgré lui le terme photoshoper – qu’il combat d’ailleurs activement depuis quelques années, signe d’une mauvaise compréhension de la viralité marketing gratuite qu’apporte ce succès.

L’étape suivante, pour le petit Tchate, s’il veut vraiment entrer dans la cour des grands, ce sera d’être le mot de référence pour désigner l’ensemble des IA génératives, au moins textuelles. « J’ai demandé à Tchate ceci ou cela » pourra alors ne même plus faire référence à ChatGPT, mais à l’usage d’une IA conversationnelle pour créer quelque chose. On n’en est pas encore là, mais la team Caddie, Scotch et Kleenex aura peut-être un nouveau copain d’ici quelques années. 

Enfin, cela donne aussi en creux un indice marketing : ne mettez pas « Chat » dans votre produit si vous souhaitez être différencié de ChatGPT. Chat, Chatte, Tchate, c’est OpenAI. Je serais prêt à parier que notre LeChat national, propulsé par Mistral, ne bénéficie pas énormément de cette proximité sémantique et qu’il s’agit plutôt, in fine, d’un poids côté marketing. L’avenir nous le dira. Ou plutôt, on ira demander à Tchate dans quelques mois.

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