La commissaire européenne en charge de la concurrence, Margrethe Vestager, considère que le modèle actuel de Twitter avec une certification payante sans vérification d’identité est complètement défectueux.

Les débuts de la certification payante sur Twitter ont été désastreux. Avec un prix d’entrée aussi faible (8 dollars par mois) et l’absence de vérification d’identité, il était certain que cela allait mal se passer. Des usurpations nombreuses ont eu lieu, que ce soit de personnalités ou de marques. En catastrophe, le réseau social désormais sous la coupe d’Elon Musk a dû tout arrêter.

En principe, la certification payante doit revenir le 29 novembre 2022. C’est ce qu’avait dit le milliardaire américain le 15, en ajoutant qu’une nouvelle consigne sera imposée pour conserver le badge bleu : tout changement dans le nom causera la perte de la coche bleue jusqu’à ce que le nom soit vérifié par Twitter. Une manière d’éviter que Toto1315 ne se transforme en JoeBiden.

Le problème fondamental de l’absence de vérification d’identité sur Twitter

De l’autre côté de l’Atlantique, en Europe, les expérimentations d’Elon Musk avec son réseau social sont observées avec circonspection. Fin octobre, la Commission avait adressé un rappel à l’ordre au chef d’entreprise et à sa nouvelle propriété. Cette fois, c’est au tour de Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission, en charge de la concurrence, de monter en première ligne.

À CNBC, l’intéressée a exprimé le 16 novembre son profond désaccord avec le modèle proposé par Twitter avec la certification des comptes. En l’état, le dispositif est complètement bancal, car il limite drastiquement la confiance que l’on peut avoir dans le réseau et dans les personnes qui s’y trouvent. Comment, en effet, s’assurer de qui est qui, si les comptes certifiés ne sont pas vérifiés ?

Margrethe Vestager
Margrethe Vestager, en septembre 2020. // Source : EC – Audiovisual Service

« Si vous avez des comptes d’imposteurs, bien sûr, je pense que votre modèle commercial est fondamentalement défectueux », a-t-elle indiqué, car tout le monde peut se faire passer pour vous. On a bien vu ce que cela a donné : des faux Elon Musk en nombre, des marques usurpées, des conséquences économiques bien réelles en bourse pour certains groupes.

D’après le Washington Post, sur la base de données provenant de Twitter, il est apparu que les comptes qui ont majoritairement acheté la certification sont des profils faisant la promotion des crypto-monnaies, de la pornographie et d’un discours politique orienté à droite.

Margrethe Vestager n’est en revanche pas opposée au principe d’une facturation de certains services spécifiques au réseau. Ce sont surtout les garde-fous qui importent à la Commission européenne, face aux risques de désinformation sous couvert de « parodie », ainsi que tous les autres risques courants, à commencer par des arnaques ou des opérations de phishing.

Et, maintenant ? La commissaire attend de voir ce que la nouvelle version de la certification donnera, lorsqu’elle sera relancée, avant d’envisager une action visant le réseau social. Les semaines et les mois à venir promettent d’être mouvementés : Elon Musk avait prévenu plus tôt que « Twitter fera beaucoup de choses stupides dans les mois à venir ».

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