Perçu comme l’actif financier le plus sulfureux de la planète, le bitcoin rougit dans un climat d’aversion au risque, appesanti par des orages crypto et macro. Mais l’effondrement à zéro demeure irréaliste.

Il nous a déjà fait le coup le mois dernier. Quasiment jour pour jour. Le bitcoin était déjà retombé à 25.000 dollars et avait relancé le moulin à rumeurs. Rumeurs de fin du monde crypto pour les détracteurs. Rumeurs de progrès techno, loin du bruit boursier pour les partisans.

Affichant à l’heure d’écrire ces lignes une chute de 13 % en 24h, le BTC emmène avec lui les plus grosses capitalisations : le solana (SOL) dégringole de 20 %, l’ether (ETH) cède 17 %, le cardano (ADA) abandonne 15 %, le binance coin (BNB) perd 14%… Une déconvenue assez symbolique puisque le poids financier du marché crypto évolue sous le seuil des 1 000 milliards de dollars, contre trois fois plus en novembre 2021. Soit.

Les cryptos suivent la dégringolade des actions

Rien d’étonnant. Les actifs numériques poursuivent leur virée en tandem avec les actions. Ces dernières ont perdu l’équilibre en découvrant les données de l’inflation aux États-Unis vendredi, à son niveau le plus élevé ces 40 dernières années. De quoi appesantir un climat d’aversion au risque chez les investisseurs, car ces chiffres augmentent les probabilités d’interventions plus musclées des banques centrales sur les taux d’intérêts. À commencer par la Fed cette semaine.

Ni la Bourse, ni les cryptos n’apprécieront un relèvement plus soutenu que prévu des taux directeurs. « Les marchés sur-réagissent toujours », tempère le trader pro Michaël van de Poppe, rappelant que la prise de décision sous l’émotion ne constitue jamais la bonne solution. Tout comme investir au moment où tout s’envole follement ne semble pas judicieux.

Il est d’ailleurs encore possible que les conditions économiques évoluent de telle façon que la banque centrale américaine puisse prendre son temps, confirment les stratégistes de Goldman Sachs. Prenant soin d’anticiper une « pression continue sur les actifs risqués » d’ici là.

Des problèmes internes et une com’ de crise

De sérieux vents contraires soufflent depuis l’extérieur sur la sphère crypto, mais l’écosystème du bitcoin essuie aussi d’importantes secousses en interne. À commencer par tout le tremblement de Terra/UST le mois passé. Un nouveau séisme se produit justement sur Celsius. La plateforme de staking (dépôts verrouillés pour récolter des intérêts) et de lending (prêts et emprunts en cryptos), fortement touchée par l’effondrement de l’UST, est prétendue insolvable depuis plusieurs semaines.

Mais son token CEL s’est effondré (-52 % sur 24h) sur fond d’une nouvelle crise de confiance (un mouvement suspect de centaines de millions de dollars) qui a débouché sur une crise de liquidités. « En raison des conditions de marché extrêmes, nous annonçons aujourd’hui que Celsius suspend tous les retraits, échanges et transferts entre comptes », a annoncé la fintech ce lundi, assurant prendre ces mesures d’urgence pour lui permettre « d’honorer ses obligations » par après.

Une communication de crise qui contraste avec les propos du CEO de la plateforme américaine, Alex Mashinsky, qui insistait sur toute la transparence dont a toujours fait preuve Celsius.

Exercice de voyance inutile

Les experts crypto s’accordent à dire même que, dans un grand nettoyage, des milliers d’altcoins et tokens en tous genres disparaîtront, le bitcoin ne retombera pas de sitôt à zéro. Personne ne sait quand et à quel niveau le fond sera touché.

« Ne le demandez pas. Les pires moments semblent sans fin », explique Chris Burniske, le fondateur du fond de capital-rique Placeholder. « Les choses tournent si mal si vite que [des planchers] seront sérieusement testés », souligne-t-il. Selon lui, l’ETH pourrait vraisemblablement tester le seuil psychologique des 1000 dollars l’unité. Pour le bitcoin, au vu des nuages obscurcissant l’horizon, il serait difficile de ne pas le voir tester les 20 000 dollars ou moins. Une rechute à son sommet de 2017 ayant précédé le fameux crypto winter.

Les effondrements dans l’écosystème crypto constituent assurément une menace pour la confiance des consommateurs à court terme et servent de catalyseur pour une approche soupçonneuse/défensive des législateurs sur le long terme. Mais, foi d’enthousiastes et d’acteurs crypto, ces « nouvelles » technologies continueront de porter une innovation responsable. « Heureusement, grâce à la transparence des blockchains, nous pouvons apprendre de ces incidents, assurer l’éducation et continuer à renforcer la confiance dans la cryptomonnaie », assure-t-on chez Chainanalysis. la firme spécialiste des investigations forensiques sur la blockchain.

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